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ceau de ruines. Il fallait, pour porter ses instructions au gouverneur, traverser l'armée anglo-portugaise, et faire deux lieues entières au milieu des plus grands périls: quatre hommes de bonne volonté s'offrirent. Le nommé André Tillet, du sixième régiment d'infanterie légère, arriva seul; les deux autres, dont le nom n'est pas venu jusqu'à nous, furent découvert et tués sur la route. L'ordre qu'il transmit au général Brennier, commandant à Alméida, était de détruire le matériel de la place et ses ouvrages, et de s'ouvrir ensuite un passage l'épée à la main, jusqu'à Barba-del-Puerco.

Les 8, 9 et 10 mai, l'armée française eut soin d'occuper l'ennemi, en le menaçant d'une nouvelle attaque. Enfin, le 10, à minuit, on entendit une grande explosion, et le 11, au matin, on sut que ce bruit avait été produit par la destruction des fortifications d'Alméida. Le général Brennier avait exécuté l'ordre du prince d'Essling avec la plus grande habileté. Il était dix heures et demie du soir, quand la garnison, forte de onze cents hommes, quitta la ville, en observant le plus profond silence. L'explosion des mines eut lieu au moment où elle atteignait les postes anglais. Elle se fit jour malgré la disproportion du nombre. Au point du jour elle arriva entre Villar-de-Ciervos et Barba-del-Puereo. Elle marcha vivement sur San-Felicès. Là, ayant à sa tête son brave commandant, elle passa l'Aguéda, et opéra sa jonction avec le général Rey

nier, aú moment où les Anglo-Portugais allaient écraser ses derniers pelotons.

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Depuis le 7, le maréchal duc de Raguse avait pris le commandement de l'armée française à la place du prince d'Essling; il la dispersa, le 11, dans ses divers cantonnemens.

Cette entreprise sur le Portugal, jointe au mauvais succès du siége de Cadix qui fut formé en même temps, fit un tort infini aux armes de Napoléon dans la péninsule jusque-là elles avaient passé pour invincibles, malgré l'échaufourée de Baylen; on s'habitua à l'idée de leur résister avec l'espoir de la réussite. Devant des hommes instruits elle nuisit aussi à la réputation militaire du savant vainqueur des campagnes de 1805 et de 1809: on se dit que les moyens qu'il avait déployés en Espagne et en Portugal, étaient évidemment insuffisans, et que les obstacles qui firent échouer ses projets, dans l'un comme dans l'autre de ces deux royaumes, devaient être facilement prévus. L'événement prouva en effet que l'armée de Portugal, portée à cent vingt ou cent trente mille hommes, eût entièrement chassé l'étranger, et soumis le pays soixante ou quatre-vingt mille soldats de plus, employés en Espagne, auraient, de même, achevé de désarmer les Espagnols opposés à la révolution que l'on voulait faire chez eux. Avec des desseins moins gigantesques sur l'Europe entière, on ne sait pas pourquoi Napoléon n'aurait pas pu envoyer ce renfort

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tout puissant, qui pût de mome. en moment, par des dispositions soudaines, changer sa physionomie politique entière, ou celle de certaines de ses provinces; il lui fallait aussi un généralissime qui réglát journellement les mouvemens particuliers des différentes armées destinées à l'assujettir, afin de les faire concourir à un résultat général. Un nom aussi étourdissant que l'était à cette époque celui du fondateur de l'empire français n'eût pas été non plus inutile sur ce sol devenu si tristement célèbre; il aurait intimidé une partie des habitans, et aurait pu encore servir à en rallier quelques-uns autour du gouvernement imposé.

L'armée de Portugal et celle qui devait la seconder, en opérant dans l'Andalousie, avaient été composées de la plus grande partie des troupes françaises stationnées en Espagne. Les provinces intérieures se trouvèrent, pour un temps, presque abandonnées à elles-mêmes. Cette circonstance ne contribua pas peu à y enraciner la résistance. Elle donna la facilité d'organiser d'une manière durable les guérillas, ces bandes insurgées propres à pro

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356 tenir partout l'incendie, et qui nuinier, au maux armées françaises. Il s'agissait là écraseres de milices organisées à peu près comme

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Des du Portugal, que nous avons, avec raison, Comparées à ces troupes mouvantes de royalistes qui, si long-temps, empêchèrent dans notre Bretagne, l'établissement fixe du gouvernement républicain. Atteintes et dispersées aujourd'hui dans tel lieu, elles reparaissaient demain plus nombreuses et non moins ardentes dans tel autre endroit. Elles interceptaient les routes, attaquaient à l'improviste et écrasaient les détachemens isolés. Les convois de munitions de guerre et de bouche, de blessés et de malades, devenaient à chaque instant leur proie. Essayer de les détruire, en les combattant avec avantage, n'était pas chose facile. Ces partisans, défendant la cause nationale, avaient des intelligences partout, et n'étaient jamais trahis nulle part. Souvent, sans que les Français pussent s'en douter, ils restaient des journées entières cachés aux portes des villes où ceux-ci se trouvaient en forces, attendant que le nombre de leurs ennemis diminuất, ou que le leur propre s'augmentât suffisamment. Mina fut leur chef le plus célèbre : divisés en une infinité de corps, il en avaient un grand nombre, au signal desquels ils se réunissaient et se séparaient alternativement, comme l'occasion le demandait. On attribue leur création au marquis de la Romana, que nous avons vu se joindre à l'armée anglo-por

tugaise dans ses lignes de Torrès - Vedras, et qui mourut presque subitement au milieu de cette armée, le 23 janvier.

Les événemens principaux de la guerre en Espagne avaient été, pendant l'année 1810, l'envahissement de l'Andalousie et le commencement du siége de Cadix. L'armée qui opérait de ce côté, voyant à sa tête le roi d'Espagne créé par Napoléon, était commandée par le duc de Dalmatie ayant sous ses ordres les maréchaux Victor et Mortier. Elle devait, après cela, concourir à la conquête du Portugal, et ce fut elle, en grande partie, que le duc d'Essling attendit si longuement; mais elle ne put assez tôt terminer ses opérations en Espagne, pour faire ensuite ce qu'on espérait d'elle. Elle s'était mise trop lentement en mouvement, retardée par l'attente des instructions définitives de Napoléon.

Elle entra, vers le milieu de janvier, dans la province qu'elle devait conquérir. Avant la fin du mois, elle avait déjà battu et jeté, partie sur Grenade, partie sur le royaume de Murcie, l'armée espagnole qui lui disputait le terrain. Le 28, un de ses corps entra dans Grenade. Le même jour, la réserve, que commandait le gcnéral Dessolles, prit possession de Cordoue. Le roi Joseph établit son quartier-général dans cette dernière ville, tandis que le duc de Bellune (le maréchal Victor) arri

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