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que ces deux maréchaux ne vivaient plus en bonne intelligence. Le prince d'Essling avait de Napoléon, des instructions particulières qui lui faisaient mettre dans la retraite le plus de lenteur possible, et le duc d'Elchingen, ne décidant de l'opération que par son urgence, se plaignait tout haut de cette lenteur sa présence à l'armée ne pouvait donc plus être qu'embarrassante et même nuisible. Il avait, comme nous l'avons vu, rendu de grands services dans la conduite de l'arrière-garde,

Toujours menacés d'être coupés par l'ennemi, de Celorico on songea à gagner Guarda. Cette ville, située sur la sommité la plus élevée de la Sierrad'Estrella, domine tout le domine tout le pays des environs. En l'occupant les Français devenaient maîtres de plusieurs passages qui mènent à la frontière d'Espagne. Le prince d'Essling résolut de s'y établir pour quelques jours, attendant encore ainsi dans une dernière position, les secours et l'effet des mouvemens que Napoléon voulait le voir attendre, et donnant en même temps le loisir de préparer Alméida et Ciudad-Rodrigo à soutenir un siége.

Le sixième corps se logea à Guarda même; les deuxième et huitième furent chargés de garder les gorges du Zezère et du Montcul. Pendant quelques jours, les Anglo-Portugais se contentèrent de faire des mouvemens sur la gauche; ils avaient poussé un corps nombreux sur Pinhel, leur intention étant d'essayer de couper les communications avec Al

méida, Le général Mermet, qui s'était porté jusqu'à Freineda, fut contraint de battre en retraite sur Guarda, que l'ennemi pressait fort. La plus grande partie des forces alliées tâchait de pénétrer par Ponte-de-Ladrado, tandis que d'autres corps cherchaient à couper l'armée française sur la Coa. Le général Loison fit échouer, pendant quelques jours, tous ces projets; mais enfin, les troupes françaises ayant été repoussées sous les murs mêmes de la ville, et l'ennemi s'étant rendu maître de la vieilleredoute dite d'Alorna, le prince d'Essling donna aussitôt le signal de la retraite, et passa la Coa. Le 20 mars, toute l'armée française était en position sur la rive droite de cette rivière; le deuxième corps, formant l'aile gauche, à Sabugal; le sixième, en aile droite, se prolongeant jusqu'à la Nava et à deux lieues d'Alméida; le huitième à Alfayates.

Au bout de trois jours, les Anglo-Portugais se montrèrent, Lord Wellington, avec une forte colonne, se porta sur Sabugal par Pega et Velmorisco; une autre colonne se mit en observation devant le sixième corps de l'armée française. Dans toute cette retraite, plus prudent et plus tâtonnier qu'il ne convenait à ses intérêts, le lord passa deux jours entiers à explorer les positions de ses adversaires, et à préparer son attaque. Le général Reynier fit avertir le prince d'Essling. Celui-ci ordonna à son lieutenant de maintenir son poste jusqu'à la dernière extrémité. Le 3 avril, les alliés attaqué

rent. Ils dirigeaient sur le front et sur la gauche du général Reynier, des forces triples des siennes. Pendant qu'une colonne nombreuse, après s'être rendue maîtresse des hauteurs en face de Sabugal, passait le pont, une autre, toute aussi formidable, qui avait traversé la Coa à un gué, tournait les Français. Mais cette dernière colonne exécutait mal son mouvement: n'ayant pas mis assez de temps dans sa marche, et ne s'étant pas suffisamment déployée, elle donna sur le flanc du corps d'armée qu'elle devait prendre en queue, et cela avant que lės masses anglo- portugaises, qui attaquaient en front, pussent la soutenir. La cavalerie française tailla en pièces le premier régiment ennemi qui s'engagea; il était portugais. La position du général Reynier n'en devenait pas moins très-critique. Cet officier fit alors un changement de front, l'aile gauche en arrière, afin d'arrêter l'ennemi, qui s'efforçait de l'envelopper entièrement et de l'acculer sur la Coa, entre deux feux. A ce moment on se mêla, et le combat fut terrible. Le premier régiment de hussards et le quinzième de chasseurs firent des prodiges de valeur; l'infanterie chargea à l'arme blanche. L'ennemi avait démonté un obusier; cette pièce d'artillerie fut plusieurs fois prise et reprise avant qu'on l'abandonnât sur le champ de bataille : Le capitaine Lamorinière, commandant la batterie, se fit tuer glorieusement dans cette occasion. Ce ne fut qu'après plusieurs heures d'une mêlée

horrible, que le général Reynier, n'étant pas secouru, et se voyant sur le point de perdre tout moyen de retraite, se replia sur Alfayates, sans que les Anglo-Portugais pussent l'entamer, bien qu'ils se fussent déjà formés sur les routes qu'il devait parcourir.

Le lendemain 4, le prince d'Essling fit retirer toute son armée sous les murs d'Alméida et de Ciudad-Rodrigo.

Le pays ne pouvait nourrir les armées belligérantes; il était totalement ruiné. Les troupes françaises quittèrent donc les environs de Ciudad-Rodrigo dès le 8, ne laissant qu'une seule division du sixième corps sous les murs de cette ville. Le neuvième corps, qui campait sous Alméida, s'en éloigna par Felices-el-Grande; mais la majeure partie des troupes de l'armée fila sur Salamanque, Toro et Zamora. Les Anglo- Portugais se retirèrent de leur côté, et ayant repassé les montagnes, allèrent s'établir dans les environs de Celorico, se mettant ainsi plus à portée de leurs magasins qui étaient à Visen et à Coimbre. Quelques-uns de leurs régimens de cavalerie furent envoyés du côté de Badajoz. Un corps de vingt mille hommes, commandé par le général Spencer, resta chargé de bloquer étroitement Alméida.

Cependant le prince d'Essling, après avoir, le 15, reporté la division Marchand, du sixième corps, vers Ciudad - Rodrigo, pour en soutenir la

garnison, songea bientôt aussi à ravitailler Alméida, que l'ennemi pressait vivement, et qui n'avait plus de vivres que pour un mois. Le duc d'Istrie (le maréchal Bessières) qui avait sous son gouvernement la Castille et le royaume de Léon, l'aida à rassembler le convoi nécessaire, et joignit à son armée un détachement de cavalerie et d'artillerie de la garde impériale, de mille à douze cents hommes. Cette armée avait été beaucoup affaiblie par les pertes qu'elle avait souffertes dans sa retraite; on la renforça encore de deux divisions d'infanterie et d'une de cavalerie. Il était probable que le ravitaillement d'Alméida amènerait une bataille; ne pouvant opposer à l'ennemi des forces égales aux siennes, il fallait du moins diminuer le plus possible la disproportion du nombre.

Le 30, cette armée, entièrement réunie à Ciudad-Rodrigo, offrit un effectif de trente mille fantassins et cinq mille chevaux, Les Anglo-Portugais comptaient dans leurs rangs plus de cinquante mille hommes, composés en grande partie de troupes anglaises, et auxquels il fallait encore ajouter un rassemblement considérable de milices et de bandes espagnoles.

A la nouvelle de ces préparatifs, les alliés se concentrèrent dans les environs d'Alméida, appuyant leur gauche à l'Aguéda, leur droite à la Coa, et poussant une forte avant-garde vers l'Azava. L'armée française passa le pont de Ciudad-Ro

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