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Le 12 au matin, les vedettes françaises aperçurent l'ennemi qui débouchait de Venda-Crux ; il montrait plus de monde qu'il n'en avait encore montré jusque-là. Tandis qu'une trentaine de mille hommes s'avançait en masse dans des landes, à droite et à gauche de la route, d'autres colonnes marchaient dans des directions différentes, comme si elles avaient dessein de tourner la droite et la gauche de l'armée française. On sut en même temps que plusieurs partis de cavalerie anglaise avaient enfin traversé la Soure, et se portaient sur Condeixa, c'est-à-dire sur les derrières de l'armée française. Le prince d'Essling laissa alors la position de Redinha, pour aller chercher un autre poste plus en arrière. Le huitième corps commença le mouvement de retraite : une de ses divisions alla se placer à Condeixa même, et une autre resta échelonnée à Fonte-Cuberta, afin de se trouver à portée de soutenir le sixième corps, si besoin était. Des hauteurs forment un rideau en avant du village de Redinha situé dans une vallée. La seconde division du sixième corps resta seule en position sur ce rideau, pour donner le temps au reste de l'armée, de filer et d'enlever de vive force le pont de Coimbre défendu par une garnison ennemie. La position était périlleuse en ce que les troupes qui l'occupaient avait un défilé à dos; le duc d'Elchingen la bonifia, au reste, le plus qu'il lui fut póssible, par l'habileté avec laquelle il posta les régi

mens de la seconde division du sixième corps. Ces troupes n'avaient pour toute artillerie que six ou

huit bouches à feu.

L'ennemi commença à se déployer timidement sur les deux heures après midi; il semblait craindre quelque piége précisément à cause de la mauvaise position qu'occupaient les troupes françaises. Il tâ– tonna long-temps, mais finit cependant par attaquer avec beaucoup d'impétuosité. L'arrière-garde française riposta avec non moins de vigueur, et se maintint long-temps sans perdre un pouce de terrain, malgré l'énorme disproportion des forces. Enfin le nombre des adversaires augmentant toujours, it fallut songer à la retraite. Elle se fit avec une habileté et un ordre admirables, et du ton de la victoire; car toutes les fois que les Anglo-Portugais voulurent donner, ils furent rudement repoussés. Le troisième régiment de hussards se distingua d'une manière éclatante, guidé par son colonel Laferrière qui fut blessé griévement en faisant une belle charge à la tête de ses soldats. Les prisonniers faits par ce régiment attestèrent que l'ennemi n'avait pas fait agir moins de trente mille hommes dans son attaque la division française tint seule, et ne reçut aucun secours.

L'armée française, serrée de près sur ses derrières par l'armée de lord Wellington, avait alors devant elle la ville de Coimbre, son point de retraite, où l'ennemi l'attendait en forces: sa garni

son s'élevait à quinze ou dix-huit mille hommes. On devait naturellement penser que le général anglais affecterait de presser de plus en plus l'armée française, afin de l'acculer entièrement au Mondégo. Par cette raison le duc d'Elchingen quitta Redinha le soir même du 12, et fit sa retraite sur Fonte Cuberta, où il passa la nuit suivante au bivouac.

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L'arrière-garde française se porta, le 13, à deux heures du matin, sur Condeixa, village qui n'est distant de Coimbre, que de deux lieues seulement. La veille, les premiers corps de l'armée, dans l'ordre de la marche, avaient rejeté dans Coimbre une partie de la garnison, qu'ils avaient trouvée retranchée sur deux montagnes. On somma ensuite le gouverneur de se rendre. Sachant tous les événemens qui se préparaient en sa faveur, il répondit ironiquement qu'on lui donnát jusqu'au lendemain.

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Lord Wellington, voyant, après la journée de Redinha, que l'armée française, au lieu de se diriger vers la Deuca, poussait ses troupes sur Condeixa et Cernache, en conclut que le prince d'Ess_ ling persistait dans le dessein de passer le Mondégo et d'aller se placer à Coimbre. Dès lors il porta son armée sur la droite et sur la gauche et coupa la route de Cernache. Sa droite faisait cependant la principale manœuvre dans cette opération; elle cherchait à gagner de vitesse les Français

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sur la Deuca. Ce mouvement tendait à séparer le deuxième corps de l'armée, des autres. Acculé au Mondégo, pressé entre cette rivière et la Deuca, attaqué à la fois de front, en flanc et à dos, le gros de l'armée française fût tombé dans un danger éminent, et le prince d'Essling, s'il y eût échappé, aurait été forcé de continuer sa retraite, avec la plus grande précipitation, sans s'arrêter à Coimbre. Au reste, le prince d'Essling renonça de lui-même à forcer ce passage trop bien gardé, et prit le parti de continuer sa retraite par Miranda-de-Corvo, II envoya donc aux ducs d'Elchingen et d'Abrantes l'ordre de marcher sur-le-champ vers la Deuċa. Il n'y avait pas de temps à perdre : l'ennemi était en mouvement par sa droite depuis le point du jour, et à midi l'armée française n'avait point encore traversé Condeixa, encombrée par les équipages, l'artillerie et les caissons ramenés de la route de Coimbre sur ce point. La cavalerie anglaise commençait à se faire voir, à la fois, aux portes de Soure et de Cernache..

Le duc d'Abrantes parcourut rapidement le che min de Chao-de-Lancos à la Deuca, et se plaça sur les hauteurs, échelonnant le sixième corps, dans une plaine à la gauche de Condeixa. L'ennemi paraissait vouloir se présenter par plusieurs points à la fois, par la ville, par la grande route de Redinha, et par les montagnes de gauche. Les Français avaient amassé beaucoup de bois sur la grande route; ils y

mirent le feu à l'approche des Anglais : un peu plus en arrière ils avaient formé des abattis de gros arbres. Le duc d'Elchingen rangea ses troupes de telle sorte que les Anglo-Portugais ne pussent les surprendre d'aucun côté : la division Marchand était massée, sa droite appuyée aux dernières maisons de la ville; le général Ferey, un peu en avant, posté avantageusement, défendait la route de Redinha, par laquelle arrivait tout le reste de l'armée anglaise; à la gauche, la division du général Mermet, rangée dans la plaine, observait les troupes ennemies qui continuaient de s'avancer sur la crête des montagnes; celle du général Loison et le prince d'Essling en personne, avaient pris, dès le matin, une position à une lieue plus à gauche. Le duc d'Elchingen eut soin de faire allumer et entretenir une bien plus grande quantité de feux qu'il n'était nécessaire : cette ruse devait avoir un double avantage, celui d'augmenter aux yeux de l'ennemi le nombre de ses adversaires, et de lui cacher encore leurs mouvemens, le vent chassant la fumée sur lui.

Il fut indispensable de garder ces différentes positions une partie du jour, afin que la division Loison eût le temps de rétrogader, et que l'artillerie et les équipages prissent celui de gagner pays par la route qui mène à Miranda-de-Corvo. L'ennemi, ayant remarqué cette marche de flanc vers Miranda, dépêcha aussitôt une forte colonne par

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