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des Français était incomparablement plus fâcheuse. Ils ne tardèrent pas à se trouver dans la pénurie la plus complète. Des maladies, suites nécessaires des privations de toute espèce qu'ils s'imposaient forcément, reduisaient chaque jour leur nombre, et à cette même époque les Anglais recevaient un renfort considérable. Cependant le prince d'Essling paraissait peu disposé à rétrograder : Napoléon venait de lui faire parvenir l'ordre, ou de passer le Tage pour faciliter les opérations de l'armée qui agissait sur la Guadiana, ou de tenir encore long-temps lord Wellington en échec, afin de l'empêcher de détacher une partie de ses troupes au secours de Badajoz.

Enfin, après avoir pris l'avis des principaux généraux, formés en conseil de guerre, le prince, le 3 mars, se résolut à passer le Mondégo, pour se remettre en communication avec Ciudad-Rodrigo, où se trouvaient les effets d'habillement, les munitions, les ressources de l'artillerie, les magasins et le trésor de l'armée qui n'avait reçu aucune solde depuis six mois.

Le 4, on fit partir en avant tous les malades et les bagages, placés sur des mulets et des ânes. Ils gagnèrent deux marches.

Le mouvement de retraite de l'armée commença dans la soirée du 5 au 6 mars, à huit heures. Le maréchal duc d'Elchingen reçut le commandement de l'arrière-garde.

La plus grande partie du huitième corps, qui

était en position à Termès et à Alcanhède, marcha toute la nuit, et vint se placer sur la rive gauche de l'Alviella.

Le 6 au matin, l'armée française se mit en marche, le huitième corps se dirigeant sur Torrès-Novas, et le deuxième sur Thomar, après avoir rompu tous les ponts de l'Alviella; la division Loison se réunit au sixième corps. En même temps, le duc d'Elchingen rassemblait son corps d'armée et la cavalerie à Leyria, pour faire sur le flanc gauche de l'ennemi une manœuvre qui le tînt en consideration et l'empêchât de s'ébranler avant que toute l'armée française fût en ligne.

Le 7, le huitième corps et le deuxième poursuivirent leur marche. A peine nos dernières troupes eurent-elles quitté Torrès-Novas, que des piquets de cavalerie anglaise s'empressèrent d'entrer dans cette ville. Lord Wellington fit, en général, suivre ces deux corps de très-près, tandis qu'il portait cependant ses plus fortes masses sur Leyria, dans l'espérance de déborder l'armée française et d'arriver avant elle sur le Mondego. Un corps de dix mille hommes, venant d'Angleterre, débarqua en outre à Figuiera, pour remonter le Mondégo par la rive droite, et se mettre ainsi en mesure d'attaguer en front la tête de l'armée française, quand elle se présenterait devant Coimbre.

Ce fut le duc d'Elchingen, qui eut le premier affaire aux Anglo-Portugais dans une vaste plaine

en avant de Pombal. La cavalerie anglaise, ayant ses chevaux en meilleur état que la cavalerie française, y fit d'abord plusieurs charges brillantes; néanmoins elle n'y conserva pas long-temps l'avantage. Les escadrons de dragons français les plus ayancés, ne pouvant prendre l'initiative de l'attaque, s'arrêtèrent, pointèrent le sabre, et attendirent ainsi leurs ennemis de pied ferme. Cette manœuvre réussit parfaitement; les Anglais furent rompus, et eurent un grand nombre d'hommes et de chevaux tués et blessés, Les dragons français chargèrent alors à leur tour, et forcèrent leurs adversaires à prendre la fuite, après avoir été trèsmaltraités.

Pendant ces engagemens de cavalerie, les différens corps de l'armée française quittaient successivement leurs positions, et venaient prendre leur ordre de bataille. Le huitième corps s'arrêta à Venda-Crux; la cavalerie et le sixième corps se couvrirent également de la Soure, Il ne restait plus qu'un bataillon dans la petite ville de Pombal, et un autre en dehors, qui observait la route de Leyria. Ce dernier bataillon fut attaqué, vers les trois heures de l'après-midi, par l'avant-garde ennemie, battu et repoussé dans la ville, Le combat se prolongea au sein de Pombal même, dont les Anglais furent bientôt maîtres. Ils s'y étaient établis depuis quelques instans, lorsque le duc d'Elchingen, instruit de ce qui se passait, accourut au galop à la ren

contre du sixième régiment d'infanterie légère qui se retirait « Chasseurs, cria-t-il à ces soldats, vous perdez votre belle réputation, vous vous déshonorez à jamais si vous ne chassez à l'instant l'ennemi de Pombal! allons, que les braves me suivent! » et se mettant à leur tête, il les remena vivement à l'ennemi, qui ne tarda pas en effet à être forcé de sortir de la ville, après y avoir fait des grandes pertes. Ce fait d'armes ne fut pas un des moins beaux de la campagne.

Les troupes françaises n'abandonnèrent un peu plus tard Pombal, que de leur plein gré,et seulelement pour obéir au mouvement général de retraite. Les Anglo-Portugais n'osèrent pas venir s'y établir de la nuit.

Le 10, l'armée parut vouloir s'arrêter sur la Soure. Le prince d'Essling eût volontiers passé quelques jours en cet endroit, jusqu'à ce que l'on eût jeté deux ponts sur le Mondego. Il aurait alors concentré toute son armée en arrière de Pombal, pour la porter ensuite près de Coimbre. L'ennemi n'oublia rien pour le contraindre de renoncer à ce dessein. Pendant que l'on exploroit les rives du Mondégo, il rassembla ses forces, pressa l'arrivée de son artillerie, et fit toutes les dispositions nécessaires pour attaquer vivement les Français avant qu'ils pussent passer le Mondego. Plusieurs colonnes s'avançaient au même moment le long de la mer. Réunies aux troupes débarquées à Figuiera, elles allaient bien

1811. tôt compromettre la droite et les derrières de l'armée. Le prince d'Essling porta plusieurs reconnaissances sur la ville de Soure: toutes rapportérent que l'ennemi dirigeait de grandes forces de ce côté. Dans cet état de choses, le général français, comprenant qu'une position sur la Soure ne pourrait être que très-désavantageuse, si l'on en venait à une affaire générale, continua sa retraite.

Le 11 au matin, l'armée française fit halte sur les hauteurs de Redinha. Là, elle avait à dos le village de ce nom, et l'Adancos, rivière qui le traverse, formant un défilé qui opposait les plus grandes difficultés au passage de l'artillerie, des bagages et même des troupes, Ce défilé, poussant au-delà du village, occupait près d'une lieue de terrain; on ne pouvait douter que l'ennemi y attaquerait les colonnes. On employa toute la matinée à faire filer les malades, les bagages et les troupeaux; puis l'armée prit les positions suivantes : l'arrière-garde, composée du sixième corps, demeura sur les hauteurs au-delà de Redinha; le huitième plaça sa gauche dans le village même, et prolongea sa droite le long de l'Adancos; la division du neuvième corps, qui jusqu'à ce moment avait pris part à tous les mouvemens de l'armée, s'établit en arrière du village et de la rivière, sur la chaussée de Coimbre. On bivouaqua dans cette position, en s'assurant par des reconnaissances que l'ennemi était encore de l'autre côté de la Soure.

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