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sée entre deux montagnes boisées; le général Reynier occupait avec son corps d'armée, ces deux montagnes, et son artillerie enfilait le pont et la route. Une avant-garde ennemie, de quelques mille hommes, vint prendre position sur une colline en-deçà du pont. Le gros de l'armée anglo-portugaise ne se montra que le lendemain. Une de ses divisions, de sept mille hommes environ, arrivant par la rive droite du Rio-Mayor, se plaça entre Azambuja et Santarem. Deux régimens de cavalerie et quelques pièces de canon marchaient en tête. L'ennemi déploya en même temps de fortes masses sur les hauteurs de l'autre côté du pont. Le général Reynier, se croyant sur le point d'être attaqué, fit part au duc d'Abrantes et au prince d'Essling, des desseins qu'il soupçonnait au lord Wellington. Il mit ensuite ses blessés et ses équipages en marche sur Golega, et disposa ses troupes à recevoir les Anglo-Portugais.

Ceux-ci restèrent cependant vingt-quatre heures sans rien entreprendre. Le duc d'Abrantès profita de cet intervalle de temps, pour réunir sa première division. Le général Clausel, avec une forte troupe, se porta en avant jusqu'à Cruz de Entrada, à une demi-lieue en-deçà de Santarem. Une brigade de dragons continua de se tenir à Alcanhede, d'où elle observait les routes de Rio-Mayor et de Tremès. Le prince d'Essling étant venu en personne explorer le mouvement de l'armée ennemie,

crut ne reconnaître dans les diverses manœuvres du lord Wellington, que le dessein d'en imposer pour hâter la retraite de l'armée française. Il ne changea donc rien à la disposition générale des troupes, qui, au reste, étaient postées de manière à résister avantageusement, si les Anglo-Portugais se décidaient à tenter quelque chose de sérieux. Le 20, à trois heures de l'après-midi, quatre cents tirailleurs attaquèrent les avant-postes francais. Quelques autres mouvemens de l'ennemi firent croire un moment qu'on allait avoir une grande affaire; elle n'eut cependant pas lieu, les Anglo-Portugais ayant, après quelques coups de fusil échangés, rappelé leurs colonnes assaillantes. Il paraît que leur but avait été de s'assurer par ces tâtonnemens, si l'armée française battait définitivement en retraite, où voulait seulement changer de position. Sachant désormais à quoi s'en tenir, lord Wellington, laissant une forte arrière-garde sur le Rio-Mayor, replia toute son armée sur Cartaxo, où il assit son grand quartier-général. Les troupes se cantonnèrent sur les deux rives du Tage; les divisions commandées par les généraux Hill, Fane et Erskine sur la rive gauche; le reste sur la rive droite, distribué ainsi qu'il suit les généraux Brent, Spencer et Cameron, à Cartaxo même; le général Crawfurd, entre cette dernière ville et Santarem, ayant commission d'observer les avantpostes français; le général Picton, à Torres-Vedras;

le général Campbell à Alenquer; le général Cole, à Azambuja; le général Leith à Alcoentre; le surplus de l'armée se renferma dans les lignes.

L'armée française garda aussi ses premières positions, avec cette seule différence que le général Reynier porta sa cavalerie à son extrême droite, afin que de là elle pût observer le Rio-Mayor, et se lier, à Ponte-Calharis, avec la division Clausel. Le général Loison, occupant Golega, appuyait la gauche de sa division au Zézere. Il reçut l'ordre du général en chef, de passer cette rivière et d'aller s'établir à Punhete. On pensait que le passage de la rivière serait disputé; il en arriva néanmoins tout autrement, et l'ennemi, quoique maître de hauteurs très avantageuses, se retira, sans com→ battre, à Abrantès. Ce fut le général de brigade Ferey qui dut particulièrement s'emparer de Punhete il y réussit, et poussa même ses troupes légères jusque sous les murs d'Abrantes; mais on ne tenta rien de sérieux contre cette dernière ville, qui était gardée par quatre mille hommes de troupes portugaises, et par conséquent en état de défense. Deux ponts de bateaux, couverts des bons ouvrages, furent établis, l'un à Punhete et l'autre à Martinchel.

par

En réponse au message fait par le général Foy, Napoléon avait ordonné que toutes les troupes françaises dont on pourrait disposer dans le midi de l'Espagne, marcheraient vers la frontière de

l'Alentejo. Ce mouvement avait pour objet d'attirer sur ce point les troupes espagnoles, et d'opérer ainsi une diversion utile au prince d'Essling; mais elle n'affaiblissait pas assez le nombre de ses adversaires, pour qu'il en pût tirer un avantage réel.

Le prince, après avoir bien examiné les positions de Lisbonne, les jugeant inexpugnables, fit jeter un pont de bateaux sur le Tage, voulant, de cette façon, se mettre à même de passer sur la rive gauche, quand il aurait consommé toutes les ressources de la rive droite. L'établissement de ce pont, construit sous la direction du général Eblé, fut un véritable chef-d'œuvre. On manquait de tout ce qui était nécessaire; l'industrie des ouvriers créa les cordages, les outils mêmes qui servirent à l'abattage des premiers arbres. Ces ouvriers furent ceux des régimens, les sapeurs et le quarante-quatrième bataillon de marins. Ce pont, au reste, demeura inutile. Les Anglo-Portugais gardèrent avec trop de soin la rive gauche du Tage, pour qu'on pût essayer d'y déboucher.

La plaine de Gôléga, dont l'étendue ne va pas à moins de quatre lieues carrées, et les contrées environnantes, qu'envahit l'armée française après le passage du Zézere, fournirent de grandes ressources. Elle n'avaient point éprouvé la même dévastation que le reste du pays. Quelles qu'eussent été les instructions données par les Anglais à tous les Portugais, on y trouva les habitans et leurs récoltes.

A la fin de décembre et au commencement de janvier, le neuvième corps, ayant le général comte d'Erlon à sa tête, joignit l'armée française. La première division de ce corps dut couvrir les derrières de l'armée, en occupant Leyria. Cette opération sauvait toute attaque dangereuse aux positions de Santarem.

La seconde division du neuvième corps, commandée par le général Claparéde, prit poste à Trancoso. Il s'agissait pour elle de contenir le corps de Silveyra, le plus fameux des partisans portugais. Elle fut bientôt environnée et attaquée par plusieurs bandes de ces partisans réunies. Elle en triompha.

Dans les derniers jours de l'année 1810, le prince d'Essling avait encore quelque espoir de réussir dans sa mission, parce qu'il comptait se voir bientôt joint par une partie de l'armée du midi de l'Espagne; mais la résistance de Badajoz, dont nous parlerons plus tard, fit échouer tous ses calculs à ce sujet. Le cinquème corps fut retenu de vant cette place jusqu'au mois de mars 1811.

Le prince et lord Wellington restaient également dans l'inaction, s'observant mutuellement avec soin, et attendant l'un et l'autre des renforts pour prendre l'offensive. Quoiqu'incessamment ravitaillés par la mer, dont ils étaient maîtres, les Anglais souffraient beaucoup, à cause de la foule innombrable, rassemblée dans Lisbonne et ses environs, qu'il leur fallait nourrir; mais la situation

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