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par sa position et sa force, deviendrait pour luit une excellente place d'armés. On savait même que le lord avait promis au gouverneur de le secourir lorsque le moment en serait venu : il n'en fit cependant rien.

Ciudad - Rodrigo avait une garnison de sept mille hommes, il était, de plus, défendu par un grand nombre de paysans des environs, qui s'y étaient, à dessein, renfermés; approvisionné en vivres pour un an, il possédait une quantité immense d'armes et de munitions de guerre. Le voisinage de l'armée espagnole aux ordres du marquis de la Romana, et tle celle de lord Wellington, donnait à ses défenseurs de l'ardeur et même de l'audace.

Le duc d'Elchingen (le maréchal Ney) chargé de faire le siége, avec le sixième corps, composé de trois divisions d'infanterie, eut rassemblé, dans les premiers jours de juin, l'artillerie et les munitions nécessaires. Le deuxième corps, commandé par le général Reynier, et le huitième aux ordres du duc d'Abrantès (le général Junot), eurent commission de couvrir le siége, en se postant de manière à pouvoir se réunir facilement pour faire tête à l'armée anglo-portugaise, dans le cas où elle se présenterait. Le gros de cette armée était alors dans les environs d'Alméida; son avant-garde se trouvait à Carpio, et son quartier-général à Visen.

La place fut investie le 6 juin, et dans la nuit du

15 au 16 on ouvrit la tranchée. Vers la fin du mois, Ciudad - Rodrigo était extrêmement pressé; mais, ne voulait pas entendre parler de se rendre. Les Anglais montraient leur avant-garde à deux petites. lieues des ouvrages. Le prince d'Essling fit pousser une grande reconnaissance sur la route d'Alméida par le duc d'Abrantès. L'avant-garde anglaise, quoique postée avantageusement sur l'Avara, près du village de Marialva, fut culbutée, et forcée de battre en retraite jusque sous le canon d'Alméida. Une compagnie de grenadiers du vingt-deuxième régiment, commandée par le capitaine Gouache, mérita d'être citée dans cette rencontre. Entourée par deux escadrons de la garde anglaise, elle se forma en carré, et dans cet ordre de bataille repoussa victorieusement toutes les charges qui furent exécutées sur elle. Elle rentra au camp, sans laisser aucun blessé entre les mains de l'ennemi.

Le 9 juillet au matin, on fit jouer avec le plus grand succès, contre la place, une nouvelle batterie. Au bout de trente-six heures, on reconnut que la brèche était praticable dans une largeur de quinze à dix-huit toises. Bientôt une mine renversa la contrescarpe dans le fossé, qui se trouva ainsi comblé. Le duc d'Elchingen disposait, dans la tranchée des troupes d'élite pour l'assaut. La pente de la brèche semblait à l'œil, douce et commode. Le général demanda trois soldats de bonne volonté pour en faire l'épreuve plus de cent se présen

tèrent à l'envi les uns des autres; on choisit les nommés Thirion, caporal de grenadiers au cinquantième régiment; Bombois, carabinier, et Billeret, chasseur, tous deux du sixième d'infanterie légère. Ces trois braves partirent sans hésiter. Arrivés sur le second rempart dont on avait enceint la place, ils firent leur décharge sur l'ennemi aux cris de vive l'Empereur! puis revinrent vers le reste des troupes avec le même calme que s'ils n'eussent rien fait d'extraordinaire. Celles-ci, animées par un si bel exemple, hâtèrent le pas. Parvenues au pied de la brèche, elles allaient livrer l'assaut, lorsque les assiégés, arborant le drapeau blanc, offrirent de se rendre à discrétion.

Le 10 juillet au soir, l'armée de siége fit son entrée dans Ciudad-Rodrigo. Le lendemain, la garnison réduite à six mille hommes, sortit pour être conduite prisonnière en France. On voyait à sa tête le gouverneur don André Herasti, un brigadier commandant l'artillerie, et deux officiers supérieurs du génie. L'ineendie de l'arsenal avait détruit une quantité prodigieuse de munitions : l'armée française trouva néanmoins encore dans la place deux cents milliers de poudre, et près d'un million de cartouches d'infanterie. Le nombre des bouches à feu de tout calibre était de cent vingtcinq.

Le général en chef crut devoir remarquer dans ses rapports, comme s'étant éminemment distin

gués pendant le siége, les généraux d'artillerie Eblé et Ruty, le général de division Loison, les généraux de brigade Simon et Ferey, le colonel du génie Valazé et le major Couche de la même

arme.

Le prince d'Essling, la ville prise, s'arrêta dans ses environs. Il avait donné au général Reynier, l'ordre de se porter vers Castello-Branco, pour - prendre ainsi à revers l'armée anglaise, sur sa droite.

Cette armée était alors partagée en trois corps` principaux le plus fort, montant à vingt-cinq mille hommes, et sous les ordres directs de lord Wellington, occupait les villes de Visen, Guarda, etc.; une division de quatre mille hommes de troupes légères se tenait en avant d'Alméida : le second corps, de treize mille hommes, commandé par le lieutenant-général Hill, vint prendre' poste sur la droite de la frontière, pour observer le général Reynier le troisième corps, composant une réserve de douze mille hommes, et ayant à sa tête le major général Leist, était placé à Thomar.

Alméida ne tarda pas à être investie. Avant d'arriver jusqu'à cette ville, l'armée française eut à combattre l'avant-garde anglaise qui fut trèsmaltraitée, et laissa entre les mains des vainqueurs, un drapeau et deux pièces de canon.

Alinéida passe pour la première place du Portugal; elle est en effet très-bien située et très-forte. Le général anglais Cox y commandait trois régimens portugais forts de cinq mille hommes, et qui montraient la plus grande résolution. On s'attendait à un siége long et meurtrier, lorsque l'effet d'une bombe vint tout d'un coup abréger la défense, en la rendant impossible. Cette bombe, ayant fait sauter la grande poudrière, qui conte- nait cent cinquante milliers de poudre, mit un désordre affreux dans la ville. Les fortifications, la cathédrale, et une grande partie de la population furent anéanties par l'explosion. On vit voler des éclats de rochers jusque dans la tranchée ; des pièces de gros calibre furent lancées à plus de deux cents toises, brisées en plusieurs morceaux. Les soldats qui faisaient le service sur les remparts, ce jour-là, furent tués ou horriblement mutilés. Dans cet état de choses, le prince d'Essling crut d'avoir arrêter le feu des assiégeans; il envoya en même temps sommer la place. Le gouverneur refusa d'abord de se rendre vers la fin de la journée il y fut cependant contraint par la garnison. Le 28 août les Français prirent possession d'Alméida. Ils y trouvèrent une grande quantité de munitions de bouche, six drapeaux et cent quinze pièces d'artillerie. La garnison, forte de trois mille cinq cents hommes de troupes portu

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