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manœuvrait sur ses derrières, se retira vers le Portugal, abandonnant quatre mille blessés à Tala

vera.

Le 8 août, une partie de l'armée de Cuesta fut battue par l'avant-garde d'un corps d'armée aux ordres du maréchal Mortier. Cette avant-garde, qui était cantonnée à Talavera, prit à l'ennemi presque toute son artillerie.

Le 11 du même mois, Vénegas essuya une défaite complète à Almonacid. On lui prit à cette affaire, où il laissa beaucoup de monde sur le champ de bataille, trente-cinq bouches à feu, cent caissons, deux cents voitures, quatre mille hommes et plusieurs drapeaux. Le roi don Joseph conduisait en personne les Français; le général Sébastiani commandait sous ses ordres.

Quelque temps après, un autre corps d'insurgés espagnols, ayant à sa tête le duc d'El-Parque, perdit dans un combat, que lui livra le général Kellerman à Alba de Tormès, trois mille hommes, quinze pièces de canon et six drapeaux.

Les dernières affaires importantes de la campagne furent celles d'Occana et de Sotto qui eurent, toutes deux, lieu le 22 décembre. Le résul tat de la première fut la défaite des insurgés de la troupe d'Empecinado et la dispersion totale de la junte insurrectionnelle de Molina d'Aragon dans la seconde, le général Loison, en achevant de dissiper, à Sotto, plusieurs bandes insurgées, rendit la

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tranquillité aux provinces d'Alava, de Guipuscoa, de Biscaye, de Navarre, et à une partie de l'Aragon.

En janvier 1810, les armées françaises avaient partout en Espagne l'ascendant de la victoire, quelque préjudice que leur eût porté, dès le commencement de l'année précédente, la guerre d'Autriche. Le septième corps s'était affermi dans la possession de la Catalogne par la prise de Girone; le général Suchet contenait la province d'Aragon, et se préparait à enlever à l'ennemi les places dont il était encore maître sur le Segre et sur l'Ebre; le sixième corps observait Ciudad-Rodrigo et la frontière du Portugal, où sir Arthur Wellesley, créé pair d'Angleterre, sous le titre de comte de Wellington, commandait, il est vrai, une armée considérable; le maréchal Victor, tenait l'Estramadure en échec; le général Bonnet occupait Saint-Ander et les positions principales de la Montana et des Asturies la route de Bayonne à Madrid était libre pour tout ce qui venait de la France. Débarrassé de la guerre d'Antriche, Napoléon semblait disposé à tenter de nouveaux efforts pour pacifier la péninsule au profit du nouveau roi qu'il y voulait établir.

11 pensa, avec raison, que ce qui donnait une force véritable aux nombreux ennemis de son frère, était la présence des Anglais en Portugal, et songea conséquemment, avant tout, à les en faire chasser par un corps d'armée particulier, tandis que d'autres troupes seraient employées à con

quérir l'Andalousie, et les royaumes de Murcie et de Grenade; à achever de soumettre les provinces qui avaient déja subi en partie le joug du vainqueur, et à maintenir dans la soumission celles qui reconnaissaient entièrement le nouvel ordre de choses.

Une armée de soixante mille hommes, destinée à envahir le Portugal, ne tarda donc point à se rassembler dans les environs de Salamanque. Pendant ce temps les troupes réservées à soumettre, et à occuper les Espagnols, remplissaient avec succès, sur tous les points leur mission, et s'établissaient victorieusement dans l'Andalousie.

Le commandement de l'armée qui se réunissait ainsi pour tenter une conquête de laquelle dépendait peut-être le sort de la péninsule entière, avait été donné par Napoléon au maréchal Masséna nommé depuis la campagne d'Autriche, duc d'Essling. Cet officier jouissait d'une réputation d'habileté non contestée; mais il avait des difficultés de tous genres à vaincre dans son expédition, et c'était entre autres choses une nuée d'ennemis qu'il lui fallait combattre. Pour premiers adversaires le lord Wellington avait à lui opposer trente-cinq mille anglais et cinquante mille Portugais, enrégimentés depuis plus de deux ans, bien armés, bien équipés, commandés par des officiers Anglais, et sachant déjà faire la guerre. Venaient ensuite les milices.

On en distinguait de deux espèces : la première était organisée en bataillons réguliers, armés et menés à la manière des troupes de ligne; la seconde se composait du reste de la population, distribuée et armée à peu près comme l'étaient les paysans de nos provinces de l'ouest lors de la guerre de la Vendée et des chouans. Une partie avait des fusils; mais le plus grand nombre ne pouvait combattre qu'avec des piques, des faulx et des bâtons ferrés. Pour la formation de cette milice, qui, incapable de tenir en ligne, pouvait cependant beaucoup nuire à une armée envahissante, on avait mis chaque canton sous les ordres d'un chef nommé Capitanmor. Tous les habitans lui devaient obéissance sous peine de mort. A son ordre, transmis verbalement par un messager dans chaque village, tout le monde devait prendre les armes, et se rendre au rendezvous indiqué avec des vivres pour quelques jours. On devait faire de ces miliciens inexercés, des partisans qui se jeteraient tantôt sur les flancs, tantôt sur les derrières de l'armée française, attaqueraient les convois, massacreraient les traîneurs, et couperaient toute communication avec l'Espagne. Des officiers supérieurs anglais devaient présider à leurs mouvemens. On savait déjà par expé¬ rience quelle utilité on en pouvait tirer ; ils avaient beaucoup contribué à la première expulsion des Français du Portugal, et ils venaient, tout récem

ment, d'aider puissamment à repousser le maréchal, duc de Dalmatie, qui, après ses succès à la Corogne, avait tenté une pointe en Portugal.

Le lord Wellington avait étudié le pays avec soin, et le connaissait parfaitement, avantage trèsimportant, et auquel la disposition locale, particulière au royaume dont on allait se disputer la possession, donnait encore un plus grand prix.

Le prince d'Essling employa tous les stratagêmes qu'il put imaginer pour attirer son adversaire sur un champ de bataille où les chances fussent plus égales ; mais inutilement : le lord sentit trop bien, que presque sûr de la victoire en Portugal, il risquerait de la voir passer sous les drapeaux ennemis, s'il descendait dans les plainesde la province de Salamanque. Là, le prince d'Essling n'aurait plus rien à craindre de ses milices, de ses levées en masse, réellement redoutables dans les montagnes de la Lusitanie, et le général français, supérieur en nature de troupes réglées, pourrait déployer une cavalerie incomparablement plus nombreuse que celle de l'armée anglo-portugaise.

L'armée française se détermina donc à avancer, résolue de commencer la campagne par le siége de Ciudad-Rodrigo. On pouvait encore espérer que le prudent allié des Portugais entreprendrait de troubler ce siége qui devait mettre entre les mains de son adversaire, une ville, qui,

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