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que vous me procuriez bientôt l'occasion de vous témoigner personnellement l'estime et la considération avec laquelle je suis, etc.

» Au quartier-général de Conegliano, le 17 avril 1809.

Signé JEAN, archiduc d'Autriche. >>

Pour toute réponse à cette lettre, d'une contexture assez singulière, le duc de Raguse mit à l'ordre du jour la proclamation que l'on va lire : « SOLDATS!

>> Depuis trois ans nous gémissions dans le repos; depuis trois ans, malgré nos vœux, nous sommés étrangers aux prodiges qui étonnent l'Europe nos désirs sont enfin comblés; un vaste champ s'ouvre devant nous.

>> Une puissance, tant de fois vaincue, ose reprendre les armes ! de nouvelles victoires répondront à cette folle audace.

>> Soldats! nous éprouverons de grandes fatigues, de grandes privations, mais vous les supporterez avec courage, car la constance qui les fait surmonter n'est pas moins nécessaire pour vaincre, que la valeur sur le champ de bataille. Vous serez dignes de vous-mêmes; vous serez les dignes soldats du plus grand des empereurs.

>> Soldats! Napoléon-le-Grand vous regarde, et les récompenses dont il aime à combler ses armées, seront aussi votre partage, car vous les mériterez. » Soldats! nous marcherons bientôt, et si nous

1809. nous élevons à la hauteur de notre destinée, nous formerons dans peu la droite de la grande armée. » Préparez-vous au combat!

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» Demon quartier-général d'Ostrovizza, 23 avril 1809. >>

Napoléon salua, en ces termes, les soldats de l'armée d'Italie au moment de leur jonction avec la grande armée :

«Soldats de l'armée d'Italie,

» Vous avez glorieusement atteint le but que je vous avais marqué : le Sommering a été témoin de votre jonction avec la grande armée.

» Soyez les bien venus, je suis content de vous!

» Surpris par un ennemi perfide avant que vos colonnes fussent réunies, vous avez dû rétrograder jusqu'à l'Adige. Mais lorsque vous reçûtes l'ordre de marcher en avant, vous étiez sur le champ mémorable d'Arcole, et là, vous jurâtes sur les mânes de nos héros, de triompher. Vous avez tenu parole à la bataille de la Piave, aux combats de SaintDaniel, de Tarvis, de Goritz; vous avez pris d'assaut les forts de Malborghetto, de Pradel, et fait capituler la division ennemie retranchée dans Preweld et Laybach. Vous n'aviez pas encore passé la Drave, et déjà vingt-cinq mille prisonniers, soixante pièces de bataille, dix drapeaux avaient signalé votre valeur. Depuis, la Drave, la Save, la Muer n'ont pu retarder votre marche. La colonne autrichienne de Jallachich, qui, la première, entra

265 dans Munich, qui donna le signal des massacres dans le Tyrol, environnée à Saint-Michel, est tombée sous vos bayonnettes. Vous avez fait une prompte justice de ces débris dérobés à la colère de la grande armée. Soldats! cette armée autrichienne d'Italie qui, un moment, souilla par sa présence mes provinces, qui avait la prétention de briser ma couronne de fer, battue, dispersée, anéantie, grâce à vous, sera un exemple de la vérité de cette devise: Dio me la diede, guai a chi la tocca. ( Dieu me l'a donnée, malheur à qui osera y porter la main!)

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Nous avons laissé l'armée française se préparant dans l'ile Lobau, à un nouveau passage du Danube. L'ennemi s'était extrêmement fortifié dans toutes les positions que les suites de la bataille d'Essling lui avaient permis de reprendre; il se croyait et paraissait en effet inexpugnable.

Napoléon, le rer. juillet, à quatre heures du matin, porta son quartier général à l'île Lobau. Le général du génie, Bertrand, avait joint cette île à la rive droite du Danube par un pont formé de soixante arches, où trois voitures pouvaient passer de front. Le Danube, qui est considéré comme le fleuve le plus rapide du monde, a dans eet endroit une largeur de quatre cents toises; ce qui faisait de ce pont un véritable chef-d'œuvre de l'art: il avait cependant été construit en quinze jours,

On avait armé, de dix mortiers et de vingt pièces de dix-huit, une petite île qui avait reçu son nom de celui du duc de Montebello, et qui battait Enzersdorf; une autre île, à laquelle on avait donné le nom du général Espagne, fut armée de six pièces de position de douze, et de quatre mortiers.

Entre ces deux îles on établit encore une batterie, de même force que celle de l'île de Montebello, et qui battait aussi Enzersdorf. Tous ces ouvrages devaient, en deux heures, écraser cette petite ville, et forcer l'ennemi d'en sortir.

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De File Alexandre, arinée de quatre mortiers de dix pièces de douze, et de douze pièces de six, on devait battre la plaine pour y faciliter le déploiement de l'armée, lorsqu'elle aurait traversé le Danube.

Le 2, un des aides de camp du duc de Rivoli passa, à la tête de cinq cents voltigeurs, dans l'île du Moulin, et s'en empara. Il fit armer cette nouvelle ile, et la joignit au continent par un petit pont qui communiquait à la rive gauche, et qu'il couvrit d'une petite flèche qu'on appela RedoutePetit. Le soir, les redoutes ennemies d'Essling, inquiétées par ce poste, tirèrent dessus avec la dernière activité : c'était précisément ce que Napoléon voulait; il n'avait eu pour but, en se rendant maître de l'île du Moulin, que d'y fixer toute l'attention des Autrichiens, afin de la détour

ner du véritable point sur lequel il comptait opérer.

Le 4, à dix heures du soir, quinze cents voltigeurs, commandés par le général Conroux, s'embarquèrent sur le grand bras du Danube, et convoyés par le colonel Baste, avec dix chaloupes canonnières, allèrent aborder au-delà du petit bras de l'île Lobau. L'ennemi tenta vainement de contrarier ce mouvement; on écrasa ses batteries, et il fut chassé des bois jusqu'au village de Múhllenten.

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A onze heures, les batteries françaises braquées, sur Enzersdorf ouvrirent leur feu, et réduisirent en cendres cette petite ville, si malheureusement victime des chances et des nécessités cruelles de la guerre; en moins d'une demi-heure on eut éteint les batteries ennemies.

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Cependant, le chef de bataillon Dessoles, directeur des équipages des ponts, et un ingénieur de marine avaient établi sur le bras de l'île Alexandre, un pont de quatre-vingts toises d'une seule pièce, et cinq gros bacs. Une partie de l'infanterie se mit à défiler, au pas accéléré, sur ce pont, pendant que deux mille cinq cents hommes, commandés par le colonel Sainte-Croix, aide de camp du duc de Rivoli, passaient dans les bacs. Le capitaine Bazelle faisait, en même temps, jeter un pont de bateaux. A deux heures après minuit,

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