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ravie; vous l'avez entendu implorer ma clémence, et me jurer une amitié éternelle. Vainqueurs dans trois guerres, l'Autriche a dû tout à notre générosité; trois fois elle a été parjure! nos succès passés nous sont un sùr garant de la victoire qui nous attend. Marchons donc, et qu'à notre aspect l'ennemi reconnaisse son vainqueur, »

Dans toute affaire il faut entendre les deux parties, quoiqu'il soit souvent impossible de prononcer entre elles, faute de renseignemens assez exacts.

Observant avec soin l'armée autrichienne, Napoléon remarqua qu'elle était divisée en deux portions presque isolées : l'aile droite, sous la direction spéciale de l'archiduc Charles, et l'aile gauche, ayant à sa tête l'archiduc Louis, ne communiquaient entre elles qu'au moyen d'un corps trop peu considérable, qui venait encore d'être affaibli par un échec que lui avaient fait essuyer les-Bavarois. Il résolut donc de séparer entièrement ces deux ailes, en faisant un premier effort sur le corps intermédiaire, et ensuite d'essayer de les battre particulièrement, en les attaquant l'une après l'autre avec des forces infiniment supérieures. Ce plan faisait perdre aux Autrichiens l'avantage immense qu'ils avaient du côté du nombre; il fut exécuté avec la plus grande habileté.

Tandis que le duc d'Averstaedt, avec vingt-six mille hommes, restait en présence de l'archiduc Charles qui en avait cent trente mille environ à sa

disposition, le chefde l'arinée française porta donc quatre-vingt mille hommes sur le centre et sur l'aile gauche, qui ne pouvaient lui en opposer qu'un peu plus de cinquante mille. Ces deux parties de l'armée autrichienne succombèrent les 20 et 21 avril dans la bataille d'Abensberg et le combat de Landshul; et l'aile gauche, entièrement séparée de l'aile droite, ne s'occupa plus que de gagner les étatshéréditaires.

Les Autrichiens, dans ces deux journées, avaient perdu plus de douze mille hommes, tués, blessés ou faits prisonniers; cinquante pièces de canon, trois équipages de pont, des munitions, des magasins considérables, et plus de six cents voitures de bagages et de munitions toutes attelées.

A Abensberg, Napoléon combattit à la tête des Bavarois et des Wurtembergeois. Avant qu'on en vînt aux mains, il réunit en cercle leurs officiers, et leur parla long-temps: le prince royal de Bavière traduisait, à mesure, son discours en allemand, et les capitaines le répétaient aux différentes compagnies. Les Bavarois et les Wurtembergeois se montrèrent, dans cette occasion, les dignes émules des Français, et firent des prodiges de valeur.

Contenu le 20, et provoqué le 21 par le due d'Averstaedt, le prince Charles dirigea une attaque sur son adversaire, le 22, comprenant enfin qu'il n'avait en tête qu'une petite partie de l'armée fran çaise, bien inférieure pour le nombre à ses propres

troupes. A une heure, il en était encore à disputer les premiers avantages, lorsque le canon se faisant entendre sur la route de Landshut, lui apprit l'arrivée sur son flanc gauche, de l'armée commandée par Napoléon en personne. Celui-ci passait ainsi à l'exécution de la seconde partie de son plan, après avoir chargé le maréchal Bessière, de suivre, avec deux divisions, le mouvement de retraite de l'aile gauche des Autrichiens sur l'Inn. Une bataille suivit cet état de choses. Les Autrichiens y déployérent en vain cent dix mille hommes : ils y furent complètement battus, et laissèrent aux mains des vainqueurs, quinze mille prisonniers, douze drapeaux et seize pièces de canon. Ayant reçu le nom d'Eckmuhl, de celui d'une ville qui fut un point important d'opérations pendant l'engagement, cette bataille le transmit au duc d'Averstaedt, en récompense de la manière dont il avait préparé le combat et contribué au succès.

Le lendemain, l'archiduc Charles, vivement poursuivi, traversa le Danube à Ratisbonne, se retirant vers la Bohême.

La prise de Ratisbonne sur l'arrière-garde autrichienne fut encore un beau fait d'armes. Le duc de Montebello (le maréchal Lannes) y entra le premier par une brêche, à la tête d'un bataillon. On eut à citer dans le combat l'intrépidité du duc d'Averstaedt et celle du duc de Rovigo, qui traversa plusieurs fois l'armée ennemie, pour aller porter

aux différens corps les ordres de Napoléon. Celuici fut légèrement blessé au talon. Ayant appris, tandis qu'on le pansait, que sa disparition répandait l'inquiétude parmi les troupes, il sauta vite à cheval pour aller se remettre à leur tête.

Les détails de la bataille d'Eckmuhl firent le plus grand honneur aux talens et à la bravoure des généraux Lauriston, Oudinot, Marulaz, de Wrède bavarois, Molitor, Saint-Hilaire, Friand, Deroi bavarois, Lacour, Bertrand et Saint-Sulpice. L'archiduc faillit être pris dans un carré que la division Saint-Sulpice enfonça: la vitesse de son cheval put seule le sauver.

Le général Cervoni fut tué à la bataille d'Eckmuhl, et le général Clément de la Roncière, commandant une brigade de cuirassiers, y eut un bras emporté. Le 21, le général de brigade Hervo avait péri dans un combat livré par le duc d'Averstaedt aux Autrichiens. Ces trois officiers jouissaient avec raison de l'estime de toute l'armée.

Vainqueur de l'aile droite des Autrichiens, qui composait la principale force de leur armée, les esprits superficiels crurent que Napoléon allait s'acharner à la poursuite de cette aile pour achever sa destruction: en grand capitaine et à la fois en homme d'état, le chef de l'armée française se reporta aussitôt sans hésiter sur les débris de l'aile gauche, comme sur le chemin qui devait tout droit

1809. le conduire à Vienne. L'occupation de cette capitale ennemie était de la dernière importance, puisqu'elle pouvait servir en même temps et à entraver la formation d'une nouvelle armée autrichienne, et à contenir le reste de l'Allemagne, dont il était permis de douter.

Le prince d'Eckmuhl reçut l'ordre de suivre l'archiduc Charles du côté de la Bohême; un des principaux objets de sa mission était de le tenir éloigné du Danube. Le duc de Rivoli ( le maréchal Masséna) se porta par Strabing sur Passau, en descendant le fleuve, pour prolonger de cette façon le flanc gauche de l'archiduc, et le tenir en considération, en même temps qu'il débloquerait la citadelle de Passau où les Bavarois se défendaient encore. Quant à Napoléon, avec le reste de l'armée, il prit la route de la capitale de l'Autriche, en s'avançant par la rive droite du Danube dans la direction de l'Inn. L'ordre de marche de l'armée était ainsi réglé : le maréchal duc de Montebello, réunissant sous ses ordres la division Saint-Hilaire, les deux du géné– ral Oudinot et une légion portugaise, devait former l'avant-garde jusqu'à Vienne : les trois divisions de grosse cavalerie, ainsi qu'une autre de cavalerie légère, composant un corps de réserve sous le commandement du duc d'Istrie (le maréchal de Bessières) viendraient après cette avant-garde : le maréchal duc de Rivoli devait marcher en seconde

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