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De notre côté, le 3 janvier, dans un engagement avec l'arrière-garde anglaise, nous avions perdu le général Auguste Colbert, jeune officier de la première distinction. Il fut blessé mortellement d'une balle au front, en faisant une reconnaissance sur les tirailleurs ennemis. En tout semblable au chevalier sans peur et sans reproches, il mourut comme lui, Ayant repris ses scns, après l'évanouissement qui avait suivi sa blessure, il voulut qu'on le mât sur son séant, le visage tourné vers les Anglais; et les voyant en déroute, il proféra avant d'expirer, ces paroles héroïques : Mes amis, je suis bien jeune encore pour mourir; mais ma mort est digne d'un soldat de la grande armée, puisqu'en expirant je vois fuir les derniers et les éternels ennemis de ma patrie.

Le motif pressant qui rappelait Napoléon en France, était l'imminence d'une guerre avec l'Autriche. En six heures il parcourut à franc étrier, et escorté seulement par une trentaine de ses chasseurs les mieux montés, la route de Valadolid à Burgos, c'est-à-dire, un espace de vingt cinq lieues de poste. Le 23 janvier il était à Paris.

Le système adopté par Napoléon à l'égard de l'Angleterre, était surtout défectueux en ce que par lui-même et par ses conséquences il compromettait les intérêts des autres souverains du continent, et devait ainsi devenir pour l'empereur des Français, une source de démélês qui ne pou

vaient guère se terminer que par sa perte; mais il n'en portait pas moins un coup terrible au gouvernement britannique. En vain ce gouvernement essaya-t-il, pour le rendre dès les premiers momens, particulier à son ennemi, de balancer par la terreur de ses forces maritimes, celle qu'inspiraient les armées de terre de Napoléon son entreprise sur Constantinople, en échouant, le couvrit de ridicule aux yeux mêmes des Anglais; et le bombardement de Copenhague, et l'enlèvement de la flotte danoise, ne firent qu'aigrir les esprits au lieu de les soumettre, et assurer pour quelque temps, de la part de toute l'Europe, l'exécution franche du blocus continental. Il ne lui resta bientôt plus, pour vider ses magasins, et produire de la sorte dans le commerce national, un mouvement qui mît les Anglais en état de payer d'excessifs impôts, (1) d'autre ressource que celle de faire de côtés et d'autres des descentes inattendues, dans lesquelles il vendait de force ce que les agens de Napoléon faisaient bientôt brûler; ressource insuffisante, et qui ne pouvait à la longue que rendre généralement odieux le peuple qui l'em-ployait. Il gagna donc secrètement l'Autriche, lui

(1) Pendant l'année 1808, la dépense publique de l'Angleterre fut de cinq cent millions sterling (deux milliards cent millions). Celle de France, y compris la Belgique, ne monta qu'à sept cent trente millions.

promettant de l'aider par des diversions importantes dans une guerre, dont il ferait d'ailleurs les frais, et qu'il prétendait destinée par son succès infaillible, à réintégrer dans tous ses droits et possessions, l'ancien chef du corps germanique.

La première des diversions promises par l'Angleterre était un débarquement en Espagne. A peine ce débarquement, en insurgeant toute la péninsule, y eut-il attiré la majeure partie de l'armée française, ses corps d'élite, et Napoléon luimême, que l'Autriche, qui armait extraordinairement depuis le commencement de 1808, sous prétexte de se tenir en mesure contre les Turcs, témoigna assez clairement que c'était contre la France qu'elle voulait agir. Des proclamations semi- officielles, répandues dans les états héréditaires, appelant les peuples à reconquérir l'indépendance politique de l'Allemagne entière, et les mouvemens des troupes, découvrirent le secret. Napoléon, dans ce moment, avait besoin de vivre en paix avec l'Autriche : il fit tout pour détourner l'orage, et revenu d'Espagne à Paris, proposa même la médiation de la Russie pour redresser les griefs que mettait en avant le monarque autrichien; mais tout fit inutile. Le 6 avril, l'archiduc Charies, nommé généralissime des armées de son frère, les appela aux combats. On avait, non sans raison, remarqué que les allocutions de Napoléon animaient les soldats français, et en faisaient sur

les champs de bataille des hommes plus qu'ordinaires: on voulut se servir du même moyen pour se procurer une heureuse entrée en campagne, sans réfléchir que des avantages réels suivaient, pour les soldats français, les discours que leur adressait leur chef, et que celui-ci ne haranguait en chevaliers et en officiers, que des hommes que leur courage, leur zèle et leur aptitude, pouvaient en effet d'un moment à l'autre, élever dans les événemens de la guerre, aux honneurs de la chevalerie et des grades militaires.

« Le salut de la patrie nous appelle à de nouveaux exploits, dit l'archiduc dans sa proclamation.

» Aussi long-temps qu'il a été possible de conserver la paix par des sacrifices, et aussi long-temps que ces sacrifices ont été compatibles avec l'honneur du trône, avec la sûreté de l'état et avec la prospérité de la nation, notre monarque chéri a imposé silence à tout sentiment pénible de son cœur; mais quand tous nos efforts sont inutiles pour garantir notre heureuse indépendance contre l'ambition insatiable d'un conquérant étranger; quand d'autres nations tombent autour de nous, et que des souverains légitimes sont arrachés des cœurs de leurs sujets; quand le danger d'un assujettissement général menace aussi les états heureux de l'Autriche et ses habitans paisibles, alors la patrie demande de nous son salut, et nous sommes prêts à la protéger.

>> Sur vous, mes chers compagnons d'armes, sont fixés les yeux du monde entier et de tous ceux qui chérissent encore l'honneur national et la prospérité publique. Vous ne partagerez jamais la honte de devenir les instrumens de l'oppression; vous ne ferez jamais dans des climats lointains, des guerres sans fin, pour satisfaire à une ambition dévastatrice; vous ne verserez jumais votre sang pour un intérêt étranger et pour l'avidité d'autrui; sur vous ne tombera jamais la malédiction d'avoir exterminé des peuples innocens, et d'avoir frayé le che min à un étranger à travers les cadavres des défenseurs de leur patrie, pour atteindre un trône usurpé.

>> Un sort plus propice vous attend. La liberté de l'Europe s'est réfugiée sous vos drapeaux; vos victoires feront tomber ses chaînes, et vos frères de la Germanie (encore aujourd'hui dans les rangs ennemis) attendent de vous leur délivrance, La lutte est juste, sans quoi je ne serais pas aujour→ d'hui à votre tête.

>> Nous renouvellerons dans les environs d'Ulm et de Marengo, que l'ennemi nous rappelle si souvent avec jactance, les exploits glorieux de Wurtzbourg et d'Ostrach, de Leiptingen et de Zurich, de Vérone, de la Trébia et de Novi; vos armes donneront à notre chère patrie, une paix durable; mais nous ne pouvons atteindre ce noble but que par grandes vertus, L'obéissance absolue, la discipline

de

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