Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

« La ville de Madrid, représentée par sa municipalité, par le clergé séculier et régulier, par la noblesse et par les députés des quartiers, se présente à vos pieds, pour vous offrir les plus respectueuses actions de grâces, pour la clémence avec laquelle, dans la conquête que vos armes triomphantes ont faite de cette ville, vous avez daigné songer au salut et au bonheur de ses habitans, moyennant le traitement honorable et bienfaisant que vous avez bien voulu lui accorder, et que Madrid regarde comme la garantie du pardon de tout ce qui s'est passé en l'absence de Joseph Bonaparte, frère de votre auguste personne.

>> Les différens corps composant cette assemblée, instruits de l'objet de la convocation, ont résolu et déterminé de vous supplier de daigner leur accorder la faveur de voir Joseph Bonaparte incessamment dans Madrid, afin que, sous ses lois et sous sa sage administration, notre capitale, ainsi que tous les lieux de sa juridiction immédiate, et enfin l'Espagne entière, jouissent de la tranquillité et du bonheur, qu'ils attendent de la douceur du caractère de Joseph, votre bien-aimé frère.

» Enfin Madrid. se flatte que votre puissance la protégera, en même temps que votre clémence assurera son bonheur. >>

Voici quelle fut la réponse de Napoléon :

>> J'agrée les sentimens de la ville de Madrid. Je regrette le mal qu'elle a essuyé, et je tiens à

bonheur particulier d'avoir pu, dans ces circonstances, la sauver, et lui épargner de plus grands

maux.

>> Je me suis empressé de prendre des mesures qui puissent tranquilliser toutes les classes de citoyens, sachant combien l'incertitude est pénible pour tous les peuples et pour tous les hommes. J'ai conservé les ordres religieux, en restreignant le nombre des moines. Il n'est pas un homme sensé qui ne jugeât qu'ils étaient trop nombreux. Ceux qui sont appelés par une vocation qui vient de Dieu, resteront dans leurs couvens. Quant à ceux dont la vocation était peu solide, et déterminée par des considérations mondaines, j'ai assuré leur existence dans l'ordre des ecclésiastiques séculiers. Du surplus des biens des couvens, j'ai pourvu aux besoins des curés, cette classe la plus intéressante et la plus utile parmi le clergé. (Napoléon parlait, dans cet endroit, de la constitution qu'il avait faite pour l'Espagne.)

» J'ai aboli ce tribunal, contre lequel le siècle et l'Europe réclamaient (l'inquisition). Les prêtres doivent guider les consciences, mais ne doivent exercer aucune juridiction extérieure et corporelle sur les citoyens. J'ai satisfait sur ce que je devais à moi et à ma nation; la part de la vengeance est faite; elle est tombée sur dix des principaux coupables; le pardon est entier et absolu pour tous les autres. J'ai supprimé des droits usurpés par les

1808. seigneurs dans le temps des guerres civiles, où les rois ont trop souvent été obligés d'abandonner leurs droits, pour acheter leur tranquillité et le repos des peuples. J'ai supprimé les droits féodaux, et chacun pourra établir des hôtelleries, des fours, des moulins, des madragues, des pêcheries, et donner un libre essor à son industrie, en observant les lois et les réglemens de la police. L'égoïsme, la richesse et la prospérité d'un petit nombre d'hommes, nuisaient plus à votre agriculture, que les chaleurs de la canicule.

» Comme il n'y a qu'un Dieu, il ne doit y avoir dans un état qu'une justice : toutes les justices particulières avaient été usurpées et étaient contraires aux droits de la nation; je les ai détruites. J'ai aussi fait connaître à chacun ce qu'il pouvait avoir à craindre, ce qu'il avait à espérer. Les armées anglaises, je les chasserai de la Péninsule. Saragosse, Valence, Séville seront soumises, ou par la persuasion, ou par la force de mes armes; il n'est aucun obstacle capable de retarder longtemps l'exécution de mes volontés.

>> Mais ce qui est au-dessus de mon pouvoir', c'est de constituer les Espagnes en nation, sous les ordres du roi, si elles continuent à être imbues des principes de scission et de haine envers la France, que les partisans des Anglais et les ennemis du continent ont répandus dans leur sein. Je ne puis établir une nation, un roi et l'indépen

dance des Espagnols, si ce roi n'est sûr de leur affection et de leur fidélité.

>> Les Bourbons ne peuvent plus régner en Europe. Les divisions dans la famille royale avaient été tramées par les Anglais. Ce n'était pas le roi Charles et le favori, que le duc d'Infantado, instrument de l'Angleterre, comme le prouvent les papiers récemment trouvés dans sa maison, voulait renverser du trône, c'était la prépondérance de l'Angleterre qu'on voulait établir en Espagne : projet insensé dont le résultat aurait été une guerre. de terre sans fin, et qui aurait fait couler des flots de sang. Aucune puissance ne peut exister sur le continent, influencée par l'Angleterre; s'il en est qui le désirent, leur désir est insensé, et produira tôt où tard leur ruine.

>> Il me serait facile, et je serais obligé de gouverner l'Espagne, en y établissant autant de vicerois qu'il y a de provinces. Cependant je ne me refuse point à céder mes droits de conquête à mon frère Joseph, et à l'établir dans Madrid, lorsque les trente mille citoyens que renferme cette capitale, ecclésiastiques, nobles, négocians, hommes de loi, auront manifesté leurs sentimens et leur fidélité, donné l'exemple aux provinces, éclairé le peuple, et fait connaître à la nation, que son existence et son bonheur dépendent d'un roi et d'une constitution libérale, favorable aux peuples et con

[graphic]
[ocr errors]

des peuples. J'ai supprimé les droits féodaux, et chacun pourra établir des hôtelleries, des fours, des moulins, des madragues, des pêcheries, et donner un libre essor à son industrie, en observant les lois et les réglemens de la police. L'égoïsme, la richesse et la prospérité d'un petit nombre d'hommes, nuisaient plus à votre agriculture, que les chaleurs de la canicule.

>> Comme il n'y a qu'un Dieu, il ne doit y avoir
dans un état qu'une justice : toutes les justices par-
ticulières avaient été usurpées et étaient contraires
aux droits de la nation; je les ai détruites, J
aussi fait connaître à chacun ce qu'il pouvait avo
à craindre, ce qu'il avait à espérer. Les arméeT
anglaises, je les chasserai de la Péninsule, Se
gosse, Valence, Séville seront soumises, on

la persuasion, ou par la force d
n'est aucun obstacle capable d
temps l'exécution de mes volont
>> Mais ce qui est au-dessus
c'est de constituer

ordres du roi, si

[ocr errors]

9

[ocr errors]
« ZurückWeiter »