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et de l'hôtel de Médina Coeli. On simulait, en même temps, une fausse attaque sur un autre quartier. Les Espagnols avaient audelà de cent pièces de canon en batterie. Napoléon, cherchant seulement à amener les assiégés à composition, voulait qu'on n'avançat que peu à peu. Il ne portait cn avant qu'un petit nombre de troupes précédées de quelques compagnies de voltigeurs; A onze heures il fit cesser le feu sur tous les points, en même temps que le major général écrivait la lettre. qu'on va lire :

Au général commandant Madrid.

« Au camp français devant Madrid, le 4 décembre 1808, à onze heures du matin.

<< Monsieur le général Castellas, défendre Madrid est contraire aux principes de la guerre, et inhumain pour les habitans, Napoléon m'autorise à vous envoyer une seconde sommation. Une artillerie immense est en batterie; des mineurs sont prêts à faire sauter vos principaux édifices; des colonnes sont à l'entrée des débouchés de la ville, dont quelques compagnies de voltigeurs pourraient se rendre maîtresses: mais l'empereur, toujours généreux dons le cours de ses victoires, suspend l'attaque jusqu'à deux heures. La ville de Madrid. doit espérer protection et sûreté pour ses habitans paisibles, pour le culte, pour ses ministres; enfin l'oubli du passé. Arborez un pavillon blanc avant

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deux heures, et envoyez des commissaires pour traiter de la reddition de la ville.

» Recevez, M. le général, etc.

» Le major général,

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A cinq heures, le général Morla, membre de la junte militaire, et don Bernardo Yriarte, envoyé de la ville, furent introduits dans la tente du major général. Ces députés, faisant connaître l'em- ' barras de tous les gens honnêtes renfermés dans Madrid, demandèrent la journée du 4, pour ramener le peuple à des sentimens plus raisonnables. Le major général les présenta à Napoléon, qui leur dit:

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<< Vous employez en vain le nom du peuple; si vous ne pouvez parvenir à le calmer, c'est parce que vous-mêmes vous l'avez excité, vous l'avez égaré par des mensonges. Rassemblez les curés les chefs des couvens, les alcades, les principaux propriétaires, et que d'ici à six heures du matin la ville songe à se rendre, ou elle aura cessé d'exister; je ne veux ni ne dois retirer mes troupes. Vous avez massacré les malheureux prisonniers français qui étaient tombés entre vos mains. Vous avez, il y a peu de jours, laissé traîner et mettre à mort, dans les rues, deux domestiques de l'empereur de Russie, parce qu'ils étaient nés Français. L'inhabileté et la lâcheté d'un général avait mis en vos mains des troupes qui avaient capitulé sur le champ

de bataille, et la capitulation a été violée ( la capitulation de Baylen). Vous, M. Morla, quelle lettre avez vous écrite à ce général? Il vous convenait bien de parler de pillage, vous qui, étant entré en Roussillon, avez enlevé toutes les femmes, et les avez partagées comme un butin entre vos soldats! Quel droit aviez-vous, d'ailleurs, de tenir un pareil langage? la capitulation vous l'interdisait. Voyez quelle a été la conduite des Anglais qui sont bien loin de se piquer d'être rigides observateurs du droit des nations: ils se sont plaints de la convention du Portugal; mais ils l'ont exécutée. Violer les traités militaires, c'est renoncer à toute civilisation; c'est se mettre sur la même ligne que les Bédoins du désert. Comment donc osez-vous demander une capitulation, vous qui avez violé celle de Baylen? Voilà comme l'injustice et la mauvaise foi tournent toujours au préjudice de ceux qui s'en sont rendus coupables. J'avais une flotte à Cadix; elle était l'alliée de l'Espagne, et vous avez dirigé contre elle les mortiers de la ville où vous commandiez. J'avais une armée espagnole dans mes rangs : j'ai mieux aimé la voir passer sur les vaisseaux anglais, et être obligé de la précipiter du haut des rochers d'Espinosa, que de la désarmer; j'ai préféré avoir sept mille ennemis de plus à combattre , que de manquer à la bonne foi

et à l'honneur. Retournez à Madrid. Je vous donne jusqu'à demain, six heures du matin. Revenez

alors, si vous n'avez à me parler du peuple que pour m'apprendre qu'il s'est soumis; sinon, vous et vos troupes, vous serez tous passés par les armes.>>>

Ce discours fit beaucoup d'impression sur les deux députés, et par contre-coup sur les habitans de Madrid, Les mutins prirent la fuite, et le reste de la population consentit à se rendre. Le lendemain, à six heures du matin, cette nouvelle fut apportée au camp français par le général Morla et le général don Fernando de La Vera, gouverneur de la ville. A dix heures du matin, le général Belliard entra dans la ville et en prit le commandement. Napoléon fit proclamer un pardon général, à quelques exceptions près, qui ne portaient que sur des personnes alors absentes de Madrid. En peu d'heures on vit la plus parfaite sécurité s'établir dans la capitale de l'Espagne : les boutiques s'ouvrirent; les habitans, qui avaient crenelé le haut de leurs maisons, barricadé et dépavé les rues, se hâtèrent de remettre tout en ordre.

La prise de Madrid coûta peu de monde à l'armée française; il n'y eut que douze soldats tués, et cinquante blessés. Le général Bruyère, au moment où on cessait le feu, fut renversé mort d'un coup de fusil. Le général de brigade Maison était au nombre des blessés. L'artillerie, suivant sa coutume, rendit les plus grands services, et se distingua éminemment.

Dans le moment de l'attaque, on vit se faire

une action digne de remarque. Un vieux général espagnol, retiré du service, avait son logement dans la rue d'Alcala. Voyant la maison qu'il habitait, envahie par des soldats français, il se pré

senta

leur officier, tenant sa fille par la main : Je suis un vieux soldat, dit-il, je connais les droits et la licence de la guerre. Voilà ma fille : je lui donne neuf cent mille francs de dot; sauvez-lui l'honneur, et soyez son époux. Cette noble confiance d'un militaire envers un militaire a quelque chose qui touche l'âme, et la repose agréablement des scènes terribles de la guerre.

On trouva dans la ville deux cents milliers de poudre, dix mille boulets, deux millions de plomb, deux cents pièces de canon de campagne, et cent vingt mille fusils, la plupart de fabrique anglaise. Le désarmement des habitans fut ordonné; il s'exécuta paisiblement. Le roi don Joseph forma, de ceux des soldats espagnols qui se rendirent à lui et de quelques Allemands qui désertèrent aussi la cause des insurgés, un régiment portant le titre de Royal-Étranger. Il trouva aussi moyen de composer un régiment suisse, d'une partie des hommes de cette nation qui étaient anciennement au service du roi Charles IV.

Le 15 décembre, une députation de la municipalité et des différens corps et corporations de Madrid, était venue présenter l'adresse suivante à Napoléon :

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