Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

sa patrie, prit part à cette affaire. L'ennemi était posté sur des hauteurs qu'il croyait inexpugnables: le général Pacthod, à la tête des 94o et 95o de ligne, gravit ces hauteurs, culbuta les Espagnols, et les jeta dans les précipices.

Le maréchal Soult marchait de succès en succès; il ne tarda point à s'emparer de St.-Ander; Poursuivant sa marche, il laissa le commandement de cette ville au général Bonnet qui s'y conduisit avec tant de sagesse, que les habitans lui firent don ́ d'une épée d'or portant cette inscription: la ville de Saint-Ander reconnaissante, au général Bonnet, son libérateur.

Bientôt il ne resta plus que des débris des ar¬ mées insurgées d'Estramadure et de Galice. Napoléon se porta sur l'armée de Castanos, la seule qui pût opposer encore quelque résistance. Le 23 novembre, on livra bataille à l'ennemi que l'on trouva retranché à Tudéla. Castanos avait environ quarante-cinq mille hommes sous ses ordres, Quoique moins forte, l'armée française remporta sur lui une victoire complète. Sept drapeaux, trente pièces de canon avec leurs attelages et leurs caissons; douze tolonels, trois cents officiers et trois mille soldats furent faits prisonniers dans cette journée : quatre mille restèrent sur le champ de bataille, ou se noyèrent dans l'Ebre. Les Français eurent à peine soixante hommes tués et quatre cents blessés. Parmi ces derniers on compta le général Lagrange, atteint

d'une balle au bras. Ayant eu pour commission d'attaquer l'aile gauche de l'ennemi, cet officier avait formé sa division par échelons, et à la tête du premier échelon que composait le vingt-cinquième régiment d'infanterie légère, il avait, si vivement, abordé les Espagnols, que, dans la première charge, deux cents avaient été tués à coups de bayonnettes. Napoléon, après cette brillante affaire, établit son quartier général au village de Boseguillas. Il n'était plus qu'à peu de distance de Madrid; mais, pour s'en ouvrir le chemin, il fallait forcer la position de Sommo-Sierra. 15000 Espagnols la défendaient, et ils l'avaient garnie de seize pièces d'artillerie. Ils en furent néanmoins chassés avec une grande perte, le 30 novembre. Les chevau-légers polonais de la garde de Napoléon se distinguèrent dans cet engagement où le général Montbrun les commanda. Les seize pièces de canon des Espagnols, dix drapeaux, trente caissons, deux cents chariots de toute espèce, les bagages et les caisses des régimens ennemis restèrent au pouvoir des vainqueurs. Le nombre des prisonniers fut grand, et parmi eux se trouvèrent tous les colonels et lieutenans-colonels des corps de la division espagnole.

Le 2 décembre, Napoléon marcha en personne sur Madrid. Entouré de sa garde et d'une division de dragons, il s'arrêta sur les hauteurs qui dominent cette ville. Cette date du 2 décembre, célèbre dans sa vie, lui rappelait, à la fois, son couron

nement et la bataille d'Austerlitz; les troupes faisaient retentir les airs d'acclamations, et demandaient l'attaque à grands cris.

Dans Madrid commandait une junte militaire présidée par le général Castellas. La capitale de l'Espagne comptait environ soixante mille défenseurs armés, parmi lesquels six mille hommes de troupes régulières. Son artillerie se composait de cent pièces de canon. Depuis huit jours, on s'occupait à barricader les rues, et à prendre mille autres précautions pareilles contre une attaque.

Le maréchal, duc d'Istrie, fit sommer la junte, de rendre le place. On ne tarda point à voir arriver aux avant-postes un général espagnol de troupes de ligne. Il apportait la réponse de la junte. Ce général était suivi d'une trentaine d'hommes du peuple qui observaient jusqu'à ses moindres mouvemens. Emu par les représentations que lui faisaient les généraux français, il n'osait laisser paraître son émotion, de peur qu'elle ne fût remarquée de ses cavaliers d'ambassade.

Des gardes walonnes, qui désertèrent, apprirent bientôt à l'armée française, qu'une populace effrénée s'était rendue maîtresse absolue dans la ville, et y dominait les troupes et la bourgeoisie. L'aide de camp du duc d'Istrie qu'on avait fait porteur de la sommation, avait failli être massacré. La veille, le marquis de Péralès, accusé d'avoir, par trahison, fait mettre du sable dans les

cartouches, avait été étranglé, et ses membres, mis en pièces, avaient ensuite été portés, comme en triomphe, dans tous les quartiers de la ville.

Le soir, les troupes françaises attaquèrent les faubourgs. Les voltigeurs du seizième régiment se furent en peu de temps, établis dans un certain nombre de maisons et dans un cimetière. A minuit, un officier espagnol, lieutenant-colonel d'artillerie, pris à Sommo-Sierra, fut chargé de porter aux assiégés, la lettre suivante :

A Monsieur le commandant de la ville de Madrid. « devant Madrid, le 3 décembre 1808.

<«<< Les circonstances de la guerre ayant conduit l'armée française aux portes de Madrid, et toutes les dispositions étant faites pour s'emparer de la ville, de vive force, je crois convenable et conforme à l'usage de toutes les nations, de vous sommer, monsieur le général, de ne pas exposer une ville aussi importante à toutes les horreurs d'un assaut, et rendre tant d'habitans paisibles, victimes des maux de la guerre. Voulant ne rien épargner pour vous éclairer sur votre véritable situation, je vous envoie la présente sommation par l'un de vos officiers fait prisonnier, qui a été à portée de voir les moyens qu'a l'armée pour réduire la ville.

» Recevez, monsieur le général, l'assurance de ma haute considération.

» Le vice-connétable, major général,

» Signé ALEXANDRÉ, »

Le même parlementaire fut bientôt de retour au quartier général, avec la lettre ci-après :

A S. A. S. le prince de Neufchátel.

<<< Monseigneur,

» Avant de répondre cathégoriquement à votre altesse, je ne puis me dispenser de consulter les autorités constituées de cette ville, et de connaître les dispositions du peuple en lui donnant avis des circonstances présentes. A ces fins, je prie votre altesse de m'accorder cette journée de suspension pour m'acquitter de ces obligations, vous promettant que demain, de bonne heure, ou même cette nuit, j'enverrai ma réponse à votre altesse, par un officier général.

» Je prie S. A. d'agréer les assurances de toute la considération due à son rang éminent et à son mérite.

» Madrid, le 3 décembre 1808.

» Sérénissime seigneur,

>>> signé F. marquis de CASTELLAS. » Cependant l'attaque continuait. L'artillerie avait déjà fait brèche au palais du Retiro; des voltigeurs de la division Villate y pénétrèrent, et y furent suivis par leur bataillon. En moins d'une heure ce palais fut rempli de soldats français qui mirent en déroute quatre mille Espagnols retranchés dans le Retiro pour le défendre. Les troupes françaises s'emparèrent successivement de tous les postes importans, tels que ceux de l'observatoire, de la manufacture de porcelaine, de la grande caserne

« ZurückWeiter »