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draient bientôt à pacifier l'Espagne, quand le général Dupont, qui commandait leur armée d'Andalousie, se laissa engager, à Baylen, dans un mauvais pas ой ses troupes furent forcées de mettre bas les armes. Par suite de ce désastre, le roi don Joseph quitta Madrid le 1er août.

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Un manifeste d'une junte nationale assemblée à Séville fera connaître, mieux que tout autre document, quels étaient à une certaine époque les avantages obtenus par les Espagnols, et par quels motifs ce peuple se croyait obligé à la guerre.

Nations, peuples de l'Europe, princes qui les gouvernez, hommes de bien de toutes les classes et de tous les états, dit-on dans ce manifeste, la nation espagnole, et en son nom la junte suprême, à qui l'autorité a été confiée depuis l'injuste et perfide captivité de son roi, va manifester à vos yeux la série de malheurs et d'outrages qu'elle a soufferts. En vous faisant une peinture fidèle de sa situation et de ses desseins, elle réclame avec confiance et votre compassion sur son infortune, et votre intérêt sur son sort futur.

>> L'univers est témoin de l'attachement constant que l'Espagne a eu pour la France. La guerre, la paix, les alliances, les relations, tout était commun entre elles. La révolution a rompu ces liens... A une guerre désastreuse succéda une honteuse paix, et à cette paix une alliance inégale,

» Depuis ce moment l'Espagne, attachée au

char de la France, a été forcée d'en suivre servilement les violens et rapides mouvemens.

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(Ici on avait placé la peinture de tout ce que la France gagnait à son alliance avec l'Espagne puis celles des manœuvres par lesquelles on l'accusait d'avoir préparé l'usurpation du roi Joseph.)

>> Cependant, continuait-on ensuite, quèlle était la situation du peuple espagnol, tandis qu'on préparait et qu'on exécutait la scène honteuse et tyrannique qui entraîna l'abdication du prince Ferdinand; tandis qu'on violait les lois fondamentales de la monarchie, et que l'on contrariait les vœux les plus chers de la nation?

reconnu,

>> Contenu dans les bornes d'une loyauté sans reproche tant qu'il eut l'espoir que son roi serait il ne témoigna ni mécontentement, ni inquiétude aux Français disséminés dans la capitale et ses environs. Mais lorsqu'il apprit l'horrible trame qu'on ourdissait contre lui à Bayonne, alors le mécontentement général éclata en plaintes et en larmes: c'était le 2 mai.

» Les Français, qui n'attendaient que ce moment pour déployer l'étendard de la terreur, firent feu à l'improviste sur le peuple qui ne leur avait encore fait aucun mal, et leurs colonnes homicides se répandirent dans les rues tranquilles de Madrid. Les habitans coururent aux armes et se défendirent pied à pied, corps à corps : ils affrontèrent les plus épais bataillons, y portèrent souvent le dé

sordre, lorsque des paroles de paix sorties de la bouche de leurs magistrats les arrêtèrent et les désarmèrent.

,

>> Le combat cessa et une scène d'horreur lui succéda. Les Français occupèrent militairement tous les postes de Madrid, arrêtèrent tous les citoyens qu'ils trouvèrent sous les armes, et les fusillèrent la nuit suivante.

>> Ce fut sous de tels auspices qu'on nous fit connaître notre nouveau roi et notre nouvelle constitution.

» Mais la nation, outragée dans la personne de son prince, trahie dans sa confiance, et cruellement payée de l'hospitalité qu'elle avait accordée, éleva tout à coup un cri terrible, et tous les peuples

coururent aux armes.

>> Cette résolution généreuse une fois prise, les provinces proclamèrent de nouveau le roi auquel elles avaient juré d'obéir, et s'avancèrent à la rencontre des phalanges françaises qui se répandaient de tous côtés.

>> Rien ne put résister à notre première impétuosité. Vingt- trois mille hommes, commandés par un de leurs meilleurs généraux, sont mis en déroute dans les plaines de Baylen, et forcés de se rendre prisonniers. Les murs de Valence soutiennent le choc du maréchal Moncey, qui est obligé de se retirer en désordre sur Madrid. Maurella et Girone sont l'écueil des divisions envoyées pour les

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réduire. Saragosse, ouverte de toutes parts, sans autre défense que le courage de ses habitans, résiste au courroux de Napoléon, qui, semblable à une divinité infernale, lançait de Bayonne le carnage et la désolation sur un peuple pacifique, dont tout le crime était d'avoir été fidèle à son roi,

» Telle est l'origine de la guerre atroce que les Français font en Espagne. Outragés, assaillis d'une manière aussi barbare qu'inattendue, nous restaitil d'autre parti à prendre que de nous défendre, que de vaincre ou de mourir?

» Il faudrait que nous fussions encore plus méprisables que le tyran lui-même, si nous oublions ce que furent nos ancêtres et ce que nous devons être. Nous n'avons pas voulu dégénérer, ni devenir la risée de l'Europe, en devenant les esclaves de Napoléon.

>> II ose nous qualifier de rebelles et d'insurgés: étrange abus du pouvoir! A qui fera-t-il croire que la résistance à une injuste agression soit une insurrection? A qui persuadera-t-il que notre fidélité au sang de nos rois soit une révolte? Personne en Europe ne peut être dupe de cette logomachie.

>> C'est en vain que les journaux qui lui sont dévoués nous ont représentés comme livrés aux horreurs de l'anarchie, et agités par les convulsions d'une liberté fanatique; c'est en vain qu'ils nous traitent d'esclaves vils et rampans. Ses soldats, en entrant chez nous, ont trouvé des hommes........

des hommes résolus de mourir, plutôt que de se soumettre à sa tyrannie.

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L'Espagne n'est pas le seul pays à qui il im

porte de soutenir cette lutte terrible.

***« L'Italie, la Suisse, la Hollande, la Prusse et l'Autriche, tour à tour vaincues et tyrannisées par lui, ont le même intérêt que nous à briser les fers qu'il veut nous donner. Leur salut est lié au nôtre; et la cause que nous défendons est celle de l'univers,

>> Monarques et peuples du continent, sachez imiter notre constance et nos efforts; et l'univers,' menacé de devenir la proie d'un monstre, recouvrera son indépendance et sa tranquillité.

>>

Quand les renforts qui précédaient Napoléon arrivèrent, les troupes françaises, concentrées dans la Castille, avaient été forcées d'évacuer le Portugal, occupé par une armée combinée d'Anglais et de Portugais de près de quarante mille hommes. On attaqua bientôt les Espagnols sur tous les points. Le premier mouvement porta l'armée sur Burgos, où les gardes walonnes et espagnoles furent entièrement défaites.

Au même moment, le duc de Bellune ( le général Victor), battait à Espinosa un autre corps d'armée. Le marquis espagnol de La Romana, qui commandait des troupes espagnoles auxiliaires à l'armée française en Prusse, en avait déserté avec elles, et avait été transporté par les Anglais dans

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