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toute entière, heureuse sous votre gouvernement, yous conjure d'en éterniser le bienfait.

» Ne l'oubliez pas, citoyen premier consul: en 1789, la France demandait sans doute une révolution; mais elle la demandait dans les maximes du gouvernement, et non pas dans l'unité qui constitue

son essence,

» Les Français, libres alors dans le choix de leurs députés aux états-généraux, libres dans l'ext pression de leurs sentimens et de leurs vœux, demàn- . daient expressément que tous les citoyens, égaux en droits, fussent admissibles, sans distinction de rang et de naissance, à toutes les fonctions publiques. Ils demandaient que le pouvoir d'exercer des actes arbitraires ne résidât plus nulle part, et que nul citoyen ne pût être condamné sans avoir été jugé. Ils demandaient la liberté des consciences, ou plutôt le libre exercice de tous les cultes. Ils demandaient que des représentans de la nation fussent appelés à délibérer sur les charges publiques, Ils demandaient enfin, comme garantie de tous les droits dont ils invoquaient la restitution, que le pouvoir exécutif, demeurât confié aux mains d'un seul, et que ce pouvoir fût héréditaire.

» Ce que les Français demandaient en 1789, ils le redemandent aujourd'hui. Ils le demandent avec instance. Une longue expérience les a trop convaincus que tout ce qui a été fait, ou essayé audelà de leurs premiers vœux, commandé peut-être

par des circonstances plus fortes que les hommes ne peut constituer à la fois ni la durée, ni la force, ni le bonheur d'un grand empire.

>>> Nous n'indiquerons pas, citoyen premier consul, le mode qu'il serait le plus convenable d'adopter pour l'accomplissement de notre vœu. Nous nous confions, à cet égard, 'dans la sagesse des premières autorités de l'état, et dans votre propre sagesse.

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>> Mais, craignons de nous le dissimuler, le moment presse. Nos implacables ennemis nous observent. Nous savons de quels affreux projets ils se sont montrés capables! Ils ne cesseront de méditer notre ruine que lorsque des institutions fortes, généreuses et durables les auront enfin convaincus que notre ruine est impossible. »><

Les grandes dignités de l'empire ayant été déclarées être celles de grand électeur, d'archichancelier de l'empire, d'archichancelier d'état, d'archi-trésorier, de connétable et de grand-amiral; Joseph Bonaparte, premier frère du nouvel empereur, fut nommé grand électeur; Louis Bonaparte, son second frère, connétable; le général Murat, son beau-frère, grand amiral; le second consul Cambacérès, archichancelier de l'empire, le troisième consul Lebrun, architrésorier; Eugène Beauharnais, fils de l'impératrice, archichancelier d'état.

Parmi les grands officiers de l'empire se trouvaient seize maréchaux. Les premiers militaires

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appelés à ressusciter dans leur personne, l'institution la plus honorable peut-être de l'ancienne monarchie, furent les généraux Moncey, Jourdan, Masséna, Augereau, Bernadote, Soult, Brune, Lannes, Mortier, Ney, Davoust, Bessières, Kellermann, Lefebvre, Pérignon, Serrurier.

Saisi de la puissance impériale, Bonaparte voulut préparer les Français à son couronnement par tout ce qui peut disposer un peuple à regarder l'autorité souveraine comme un bienfait. On vit l'administration s'améliorer et se perfectionner; tous les genres de vertu, de mérite et de talent, furent noblement soutenus et encouragés; de nouvelles routes et de nouveaux canaux s'ouvrirent pour le commerce; des monumens et des embellissemens projetés de tous côtés, et se rattachant à de grandes idées de morale ou de politique promirent que la capitale de l'empire, qui semblait destinée à régler le monde entier, serait bientôt, sous tous les rapports, la première ville de l'univers : à tout ce que l'on voyait, à tout ce que l'on entendait, et là et dans le reste de la France devenue immense, l'on dut croire enfin que les règnes d'Auguste et de Périclès allaient cumuler toutes leurs grandeurs, rassembler tous leurs avantages, pour verser sur notre patrie rappelée à son antique illustration, des flots de gloire et de prospérité.

Mille choses purent donner cette idée : une seule y eût suffi; nous voulons parler de l'institution de

la légion d'honneur. Cette institution pourvoyait à tout, était un encouragement universel présenté à toutes les classes, à toutes les professions, pour l'intérêt de la société qui profite de tous les efforts que provoque de la part du génie et du talent, l'appât des honneurs et des distinctions. Une simple étoile rappelant aux légionnaires comment ils sont devenus tels, et pour quels objets sacrés ils doivent, jusqu'au dernier moment de leur vie, rester prêts à s'immoler, forme la décoration affectée à la légion.. Un ruban couleur de feu sert à l'attacher; symbole heureux de l'ardeur qui doit enflammer chacun de ceux que des marques honorables appellent, en reconnaissance d'anciens services, servir d'exemple au reste des citoyens (Note 2).

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La première distribution d'étoiles de la légion se fit à Paris aux invalides, le 15 juillet. Bonaparte y présida lui-même. Les étoiles, avant qu'on les distribuât, étaient placées dans les casques de Bayard et de Duguesclin portés par de vienx militaires qui avaient long-temps honoré l'armée française. La seconde eut lieu au camp de Boulogne, et fut l'occasion d'une de ces grandes scènes morales et politiques qui se rencontrent de loin en loin dans l'histoire pour l'instruction des rois et des peuples.

L'idée d'un camp emporte naturellement celle de la guerre. Nors ne jouissions plus en effet de la paix générale, Le traité d'Amiens avait été

rompu en1803, l'Angleterre ayant refusé de remettre l'île de Malte aux chevaliers de l'ordre. Bonaparte, en conséquence de cette rupture, avait d'abord fait occuper militairement l'électorat de Hanovre, appartenant à la maison royale d'Angleterre. Il s'était ensuite conduit comme un homme persuadé que la guerre pouvait se terminer par un coup de main exécuté sur la Grande-Bretagne elle-même paraissant croire qu'une descente suffi¬ rait pour lui soumettre ce pays, et sans s'occuper du retour en cas de revers, il songeait seulement à glisser au premier temps favorable, entre les grands vaisseaux des Anglais et jusqu'à leurs côtes, une armée française sur des bateaux plats et des chaloupes canonnières. Cette expédition était plus téméraire encore que celle dont l'effet avait été de nous faire conquérir un moment l'Egypte sur des hordes indisciplinées, pour mettre ensuite nos troupes à la merci de ceux de nos ennemis qui tenaient la mer.

La flottille nécessaire au projet de Bonaparte, avait été construite çà et là, même sur les bords de la Seine, et se rassemblait alors dans le port de Boulogne. Ce port est formé par l'embouchure d'une petite rivière nommée la Liane, qui se fraye un passage à travers les dunes que les vagues et le yent ont amassées à l'ouverture d'une vallée bornée de chaque côté par de hautes falaises. Des batteries formidables, établies sur ces dunes et ces.

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