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aux hommes de la révolution, ou à se venger du mépris avec lequel le prince parlait de ses talens militaires.

Ce fut le 30 avril, qu'on fit dans le tribunat la proposition formelle de donner à Bonaparte la qualité d'empereur des Français, sous le prétexte de détruire toutes les espérances des sujets fidèles de S. M. Louis XVIII, et d'ôter tout crédit aux agens secrets et publics, de ce prince. Quelque temps auparavant, le sénat avait pris l'initiative, en lui faisant porter les paroles suivantes par le second consul, Cambacérès :

par

<< Citoyen premier consul, vous êtes pressé par le temps, par les événemens, par les conspirateurs; les ambitieux; vous l'êtes, dans un autre sens, par une inquiétude qui agite, tous les Français : vous pouvez enchaîner le temps, maîtriser les événemens, mettre un frein aux conspirateurs, désarmer les ambitieux, tranquilliser la France entière, en lui donnant des institutions qui cimentent notre édifice, et prolongent, pour les enfans, ce que vous fites pour les pères. Citoyen premier consul, soyez bien assuré que le sénat vous parle ici au nom de tous les citoyens; tous vous admirent et vous aiment, mais il n'en est aucun qui ne songe souvent, avec anxiété, à ce que deviendrait le vaisseau de la république, s'il avait le malheur de perdre son pilote avant d'avoir été fixé sur des ancres inébranlables.

Dans les villes, dans les campagnes, si vous pouviez interroger tous les Français l'un après l'autre, il n'y en a aucun qui ne vous dît, ainsi que nous : « Grand homme! achevez votre ouvrage, en le rendant immortel comme votre gloire! Vous nous avez tirés du chaos du passé, vous nous faites bénir les bienfaits du présent; garantissez-nous l'avenir.

>> Dans les cours étrangères, la saine politique vous tiendrait le même langage. Le repos de la France est le gage assuré du repos de l'Europe. » Telles sont, citoyen premier consul, les observations que le sénat nous a chargés de mettre sous vos yeux, en nous donnant aussi la mission expresse de vous répéter, en son nom, et au nom du peuple français, que dans toutes les circonstances, et aujourd'hui plus que jamais, le sénat et le peuple ne font plus qu'un avec vous. » *

Voici quelle fut, un mois après, la réponse de Bonaparte à ce discours entortillé :

« Sénateurs, votre adresse du 6 germinal dernier n'a pas cessé d'être présente à ma pensée; elle a été l'objet de mes méditations les plus constantes.

» Vous avez jugé l'hérédité de la suprême magistrature, nécessaire pour mettre le peuple français à l'abri des complots de nos ennemis, et d'agitations qui naîtraient d'ambitions rivales. Plusieurs de nos institutions vous ont en même temps paru devoir être perfectionnées pour assurer, sans re

tour, le triomphe de l'égalité et de la liberté publiques, et offrir à la nation et au gouvernement, la double garantie dont ils ont besoin.

>> Nous avons été constamment guidé par cette grande vérité, que la souveraineté réside dans le peuple français, en ce sens que tout, tout sans exception, doit être fait pour son intérêt, pour son bonheur et pour sa gloire. C'est afin d'atteindre ce but, que la suprême magistrature, le sénat, le con-seil d'état, le corps législatif, les colléges électoraux et les diverses branches de l'administration sont et doivent être institués.

» A mesure que j'ai arrêté mon attention sur ces grands objets, je me suis convaincu d'avance de la vérité des sentimens que je vous ai exprimés, et j'ai senti de plus en plus que, dans une circonstance aussi nouvelle qu'importante, les conseils de votre sagesse et de votre expérience m'étaient nécessaires pour fixer toutes mes idées.

» Je vous invite donc à me faire connaître votre pensée toute entière.

» Le peuple français n'a rien à ajouter aux honneurs et à la gloire dont il m'a environné; mais le devoir le plus sacré pour moi, comme le plus cher à mon cœur, est d'assurer à ses enfans les avantages qu'il a acquis par cette révolution qui lui a tant coûté, surtout par le sacrifice de ce million de braves morts pour la défense de ses droits.

» Je désire que nous puissions lui dire, le 14 juillet de cette année : il y a quinze ans, par un mouvement spontané, vous courûtes aux armes; vous acquites la liberté, l'égalité et la gloire. Aujourd'hui ces premiers biens des nations, assurés sans retour, sont à l'abri de toutes les tempêtes; ils sont conservés à vous et à vos enfans, Des institutions conçues et commencées au sein des orages et de la guerre intérieure et extérieure, développées avec constance, viennent se terminer au bruit des attentats et des complots de nos plus mortels ennemis, par l'adoption de tout ce que l'expérience des siècles et des peuples a démontré propre à garantir les droits que la nation avait jugés nécessaires à sa dignité, à sa liberté et à son bonheur. >>>

A cette invitation, de faire connaître sa pensée toute entière, le sénat répondit par un message, dont l'objet était d'offrir à Bonaparte la couronne impériale. Cette offre ayant été acceptée, on dressa une nouvelle constitution (Note 1). Le 142°. article, ainsi conçu, devait être présenté à l'acceptation du peuple :

<< Le peuple veut l'hérédité de la dignité impériale dans la descendance directe, naturelle, Iégitime et adoptive de Napoléon Bonaparte, et dans la descendance directe, naturelle et légitime de Joseph Bonaparte et de Louis Bonaparte. »

Trois millions cinq cent soixante-douze mille trois cent vingt-neuf citoyens, votèrent pour l'article; et deux mille cinq cent soixante-neuf contre'; le reste des Français resta étranger à la délibération: l'article fut donc déclaré loi fondamentale de l'état.

Le corps municipal de Paris, parlant particuhèrement au nom du peuple, avait, dans une adresse au premier consul, exprimé les sentimens suivans dont il convient de tenir note pour des événemens plus rapprochés de nous :

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Citoyen premier consul, il y a deux ans alors que le peuple français vous conjurait d'accepter pour le cours de votre vie la première magistra ture de l'état, le corps municipal de la ville de Paris, mesurant l'intérêt de tous les Français à l'intérêt de tous les citoyens de la capitale, osa demander qu'il vous fût imposé davantage, et qu'en récompense du bien que vous aviez fait, vous fussiez obligé d'assurer à nos neveux un gouvernement fort de vos services et durable comme votre gloire.

» Le vœu du corps municipal vous fut présenté. Des motifs qu'il ne nous est pas permis de pénétrer, vous déterminèrent à le refuser, et même à en empêcher la publicité.

» Aujourd'hui, citoyen premier consul, la France toute entière exprime les mêmes vœux que nous exprimions il y a deux ans. Aujourd'hui, la Françe

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