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sa richesse. Les percepteurs jugent d'ailleurs du mobilier d'une personne par le prix du loyer des lieux qu'elle occupe, et dans ce cas le propriétaire et le locataire s'entendent souvent pour tromper les percepteurs: ils y ont un égal intérêt, les maisons ne payant elles-mêmes foncièrement que suivant ce qu'elles sont supposées rapporter.

Indépendamment de cette fraude, les confiscations mêmes avaient beaucoup diminué l'impôt foncier. Ces confiscations, vu la qualité de la plupart des victimes que faisaient les tribunaux révolutionnaires, tombaient plus souvent sur des hôtels, des châteaux, des jardins et des maisons de plaisance, que sur des fermes et sur des terres en abour. Un certain nombre, de ces immeubles restaient un temps plus ou moins long au compte de la république, faute d'acheteurs, et conséquemment ne lui rapportaient rien; d'autres, étant vendus, ne lui rapportaient guère plus, parce qu'ils tombaient entre les mains de gens en crédit qui, par la terreur qu'ils inspiraient, obtenaient facilement le privilége d'être imposés avec ménagement,

Présenter ce tableau, exact, c'est dire que le seul moyen de finance qui soutint le régime conventionnel, fut celui des assignats. Il en arriva donc, qu'à mesure que l'on brûla, comme on était convenu à l'époque de la création, de ces effets publics, on en fit d'autres en beaucoup plus grande quantité encore. Cela se poussa jusqu'à l'infini, quand,

après la révolution du 27 juillet 1794, la crainte de la mort ne donna plus crédit aux assignats. On fut bientôt obligé de reconnaître leur dépréciation dans le service public, comme dans les transactions particulières. Leur valeur représentative ne fut plus celle qu'on leur attribua relativement à l'argent.

A dater de ce moment, ce papier-monnaie tomba' tout-à-fait. On ne tarda point à voir une pièce d'or de vingt-quatre livres valoir plusieurs milliers de francs en assignats.

De véritables financiers, changeant l'impôt et l'augmentant, eussent alors laissé les assignats s'éteindre d'eux-mêmes, en attendant, pour les bannir tout-à-fait de la circulation, qu'il se fût écoulé assez de temps dans leur dépréciation, pour que personne n'en pût être trop cruellement victime : le nouveau gouvernement républicain crut mieux faire, en leur substituant un autre papier-monnaie qu'il décora du nom de mandats. Ces mandats, ayant le cours de l'or et de l'argent, devaient être employés à retirer peu à peu les assignats de la circulation; leur échange était fixé à trente capitaux pour un. Par cette création d'un nouveau papier-monnaie, le gouvernement ne fit que prolonger un peu le désordre, et augmenter le nombre des dupes et sa propre pauvreté. On n'eut même pas le temps de fabriquer les mandats, dont le directoire avait fait décréter une émission de deux millards et demi. Les rescriptions qui les annon

qui

1802. çaient, perdirent 9 pour 100 le jour même où elles parurent. Des débiteurs de mauvaise foi remboursèrent, avec ce nouveau papier-monnaie, alla toujours en perdant, des créanciers à qui ils devaient des sommes en argent. D'autres hommes, punissant le gouvernement par sa sottise même, se servirent des promesses de mandats pour acheter les biens nationaux, qui leur servaient de gages. Alors le gouvernement, pris lui-même dans le piége que son ignorance avait tendu aux simples particuliers, supprima les assignats et les mandats. Il y avait, à cette époque, encore en circulation vingt-un milliards d'assignats. Vingt-sept ou vingthuit mille livres en assignats était le prix que' valait un louis d'or de vingt-quatre livres. Cependant le directoire remplissait encore l'obligation que s'était imposée la convention, dans la journée du 31 mai 1793, de fournir, à chaque individu de la capitale, une livre de pain par jour, au prix de trois sous en papier,

Il restait encore à vendre des biens du clergé et des biens d'émigrés; mais il était plus difficile de trouver des acheteurs pour de l'argent, qu'il ne l'avait été d'en trouver pour des assignats et des mandats. On ne tarda pas à s'en apercevoir à l'insuffisance de cette ressource, appuyée de quelques autres, telles qu'un impôt sur le tabacétranger, sur le sel, sur les ouvrages d'or et d'argent, le rétablissement des droits d'entrée, de la loterie, etc., etc.

On s'avisa de faire banqueroute des deux tiers de la dette publique, c'est-à-dire que, consolidant un tiers des rentes et pensions portées sur le grand livre, on remboursa les deux autres tiers en bons sur le trésor, reçus pour certains usages dans les caisses publiques, mais qui, dès le moment de leur émission, n'eurent presque aucune valeur à la Bourse (1).

Cependant, cette diminution dans les paiemens annuels du gouvernement ne mit pas encore la recette au niveau de la dépense. Le directoire exécutif avoua, le 27 avril 1799, qu'il existait un déficit de soixante-sept millions pour l'an 7 de la république, qui était alors à son huitième mois; et le 28 juin, il faisait décréter un emprunt forcé de cent millions sur les citoyens aisés.

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Voilà à peu près l'état dans lequel Bonaparte en sa qualité de premier consul, prit les finances de la France, le io novembre de cette même année 1799.

On avait fait la révolution, sous le prétexte d'éviter une banqueroute qui n'entra jamais dans les vues du roi Louis XVI; et après dix ans de cette même révolution, au lieu d'une banqueroute, on se

(1) Une circonstance bien remarquable de cette banqueroute, qui eût dû armer toute la nation contre ses prétendus représen c'est que le gouvernement l'accompagna d'une proclamation dans laquelle il entreprit de prouver que les rentiers étaient des intrigans et des voleurs.

tans,

trouvait en avoir fait trois bien positives et bien incontestables; celle des assignats, celle des mandats, et enfin celle des deux tiers de la dette publique.

Il n'y avait plus d'emprunts volontaires à espérer, un second M. Necker parût-il au milieu de nous : il ne fallait donc désormais penser à égaler la recette à la dépense qu'au moyen des impôts. C'est au reste là le moyen le plus sûr dans tous les temps, et celui qui ne prépare aucun regret, aucun embarras; mais le gouvernement qui s'y trouve réduit, ou qui a la sagesse de s'y réduire, ne peut ensuite se permettre que peu d'entreprises extraordinaires, à moins qu'il ne se fasse imprudemment un jeu de fouler, d'écraser le peuple. Malheureusement ce fut là le défaut de Bonaparte: pendant tout le temps de sa domination, l'impôt s'éleva en France à un taux excessif; il en faut chercher la raison dans l'agitation continuelle où il a toujours régné, s'occupant sans cesse de faire de tous côtés des empiétemens considérables, et ne restant pas une seule année dans un état fixe.

L'agrandissement du pouvoir qu'il devait à la révolution du 18 brumaire (gnovembre 1799) commença, le 26 janvier 1802, par sa reconnaissance en qualité de président de la république cisalpine, qui changea sa dénomination en celle de république i alienne. L'acte en fut fait à Lyon par une assemblée nommée Consulta, et composée de quatre -cent cinquante personnes choisies dans toutes les

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