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sulaire. M. de Bourmont ne céda qu'après avoir été défait à Meslay, avec perte de Labolbène, l'un de ses plus intrépides lieutenans. GeorgesCadoudal, jusqu'au dernier moment le héros des Morbihannais, ne fit sa soumission que lorsqu'il se vit entouré et pressé par des forces trois fois supérieures à celles qu'il pouvait mettre en campagne. Quant au comte de Frotté, il aima mieux périr que se rendre. Au moment où chacun mettait bas les armes, il semble qu'il conçut le projet de venir attaquer la capitale même. Dans ce dessein, espérant rallier à lui les insurgés du Maine, il se porta avec plusieurs colonnes sur Alençon. D'un autre côté, son lieutenant, Hingant de Saint-Maur, menaçait Evreux, envahissait Passy-sur--Eure, et répandait l'alarme jusqu'aux portes de Paris. Mais tous deux ne tardèrent pas à succomber. Poursuivi dans la forêt de Dreux, atteint au château de Pinçon, Hingant fut bientôt défait et mis hors de combat. Le comte de Frotté était en même temps pressé par trois colonnes ennemies. Vaincu dans trois combats sanglans qu'il leur livra à Mortagne, à Mesle-sur-Sarthe et à Chaux, il finit par rester leur prisonnier. Condamné au même genre de mort que Charette et Stofflet, comme eux, dans ses derniers momens, il étonna ses vainqueurs par sa constance et son courage : le cri de vive le voi fut étouffé sur ses lèvres par le coup mortel.

Malgré les moyens militaires que l'on put dé

ployer contre eux, les royalistes de l'Ouest n'eussent peut-être pas été aussi facilement dissipés, sans le soin que Bonaparte prenait dès lors de se faire regarder comme l'ami et le protecteur de la religion. Cela contribua beaucoup à refroidir et à paralyser une partie des paysans bretons, sur lesquels on avait compté. Effectivement les choses, de ce côté, furent poussées au point, que bientôt le premier consul de la république française ne fut rien moins que l'allié, spirituel même, du saintsiége. Le protocole du traité, signé à ce sujet, était ainsi conçu :

« Le gouvernement de la république reconnaît >> que la religion catholique, apostolique et romaine, » est la religion de la grande majorité des Français;

» Sa Sainteté reconnaît également que cette » même religion a retiré, et attend encore en ce » moment, le plus grand bien et le plus grand éclat de l'établissement du culte catholique en » France, et de la profession particulière qu'en » font les consuls de la république. »>

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Le reste du traité ou concordat était consacré à régler l'administration et l'exercice du culte en France.

On n'avait pas mieux réussi par des conspirations, que par la guerre étrangère et la guerre civile, à arrêter Bonaparte.

L'une de ces conspirations, qui parut avoir été ourdie par des républicains, devait éclater à

l'Opéra, où Bonaparte se trouvait. Les principaux conspirateurs y furent arrêtés, ayant sur eux des poignards et des mèches phosphoriques. Leur exécution suivit de près leur arrestation.

Le second complot auquel le premier consul échappa à cette époque, c'est-à-dire en 1800, fut attribué aux nommés Saint-Régent et Carbon, qui avaient servi dans les armées royalistes de la Bretagne. Ils avaient fabriqué une petite voiture, renfermant une grande quantité de poudre et de mitraille, que l'on pouvait faire sauter au moyen d'une espèce de batterie de fusil. Ayant attelé cette voiture d'un cheval, ils la postèrent dans la rue" Saint-Nicaise, où Bonaparte devait passer pour aller encore à l'Opéra. Plusieurs affidés, répandus sur la place du Carrousel, guettaient son départ des Tuileries, afin de donner le signal convenu. Néanmoins cette machine jouà quelques secondes trop tard, ce qui fit que Bonaparte en fut quitte pour avoir les glaces de sa voiture brisées, et le cheval d'un des soldats de son escorte blessé. Mais la détonation tua ou blessa une grande partie des personnes qui se trouvaient à ce moment dans la rue ou dans les maisons de la rue Saint-Nicaise; malheur vraiment déplorable.

Tous les événemens tournant ainsi de manière à favoriser les projets ambitieux de Bonaparte, voyons quelles ressources lui présentaient les finances pour l'accomplissement de ces projets. Il y a long-temps

que nous n'avons traité cet article dans notre livre; il offrira des développemens curieux.

C'était avec les assignats que la convention avait satisfait aux dépenses de son gouvernement. On a vu dans un certain passage de cette histoire de la révolution, que ce papier-monnaie n'avait été créé que pour un temps, et dans une quotité déterminée. Effectivement, les biens du clergé en étaient le gage; et pour qu'un papier-monnaie ait une valeur véritable, il faut que son émission ne surpasse pas l'hypothèque qui lui est affectée, et qu'elle reste même au-dessous. Cependant, sous ce rapport l'intention des créateurs des assignats n'avait pas été long-temps respectée. Le règne de la convention avait été celui des dilapidations et des prodigalités de toutes les espèces, et on n'avait pu y faire face qu'avec des sommes immenses. Les confiscations des biens des condamnés, quoique d'un produit considérable, n'avaient pu y suffire, jointes à la quantité émise d'assignats. Le produit des confiscations ne revenait pas, à beaucoup près, en entier, au fisc. Il n'y avait guère que les immeubles dont la convention retirât cet avantage; l'argent, les bijoux et autres effets précieux, devenaient ordinairement en grande partie, la proie des officiers publics chargés de l'apposition et de la levée des scellés. Un compte fidèle eût d'ailleurs été rendu de tous ces objets, que le trésor de la république en aurait été faiblement secouru.

Il n'y avait plus, dans l'intérieur de la France, de droits sur aucune sorte de marchandises. Les comestibles, entre autres, avaient cessé d'être frappés de ces redevances publiques qui s'acquittent d'autant plus facilement par les particuliers, qu'ils les paient sans distinction en même temps que le prix de ce que leur besoin ou leur sensualité leur fait acheter. On avait supprimé jusqu'aux loteries, qui, en amusant et en enrichissant même une partie des simples citoyens, les rendent presque tous agréablement tributaires de l'état. La seule ressource du trésor de la république était, après les assignats et les confiscations, l'impôt foncier et l'impôt personnel, mobilier et somptuaire. L'impôt purement personnel était presque nul; élevé trop haut, il eût révolté le peuple déjà privé par l'absence du luxe et du commerce extérieur, d'une forte portion de ses moyens d'existence, et auquel il importait cependant de persuader que c'était sous le gouvernement républicain qu'il pouvait le plus, et qu'il payait le moins. Le droit de présence aux assemblées de section qui était de quarante sous par jour pour chaque sansculotte, c'est-à-dire pour chaque homme du peuple qui voulait s'y rendre, dévorait presqu'entièrement à lui seul l'impôt personnel. La partie de cet impôt qui pesait sur le mobilier et sur le luxe, ne pouvait être que d'un revenu médiocre dans un temps où l'on s'était accoutumé à cacher plutôt qu'à montrer

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