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de les séparer de leurs magasins établis à Ratisbonne, à Ingolstatd et à Donawert. Cette manœuvre amena dans les plaines d'Hochstedt une bataille, dans laquelle les Autrichiens, moins heureux qu'ils ne l'avaient été au même endroit, sous le règne de Louis XIV, perdirent 5000 prisonniers, cinq drapeaux, 20 pièces de canon et 1200 chevaux. On s'empara encore des magasins immenses qu'ils avaient à Donawert.

Pour arriver dans les plaines d'Hochstedt, il avait fallu d'abord passer le Danube. Quelques soldats de la division Gudin se distinguèrent particulièrement à ce passage. Au nombre de quatre-vingts, il se jetèrent à la nage sous la protection de l'artillerie française qui commençait à mettre le désordre dans les masses ennemies placées sur la rive gauche du fleuve. Deux nacelles suivaient ces intrépides nageurs, et portaient leurs armes et leurs habits. Parvenus à l'autre bord, les quatre-vingts Français saisirent leurs armes, et se mettant, tout

nus,

à la poursuite des Autrichiens qui abandonnaient leur poste, leur prirent deux pièces de canon. Une échelle, placée sur les débris d'un pont à moitié détruit par l'ennemi, donna aux canonniers la facilité de venir servir cette faible artillerie, et de la tourner contre les Autrichiens, tandis que les sapeurs et les pontonniers, établissant des ponts, assuraient le passage du reste des troupes françaises qui combattaient sur ce point.

Après la bataille d'Hochstedt, le général Kray, qui commandait l'armée autrichienne, se voyant toujours aussi vivement poursuivi, envoya au général Moreau, un parlementaire pour lui annoncer la conclusion de l'armistice entre les armées française et impériale en Italie; mais le général français n'ayant lui-même reçu de son gouvernement aucune dépêche officielle à se sujet, continua sa marche, ce qui devint cause, auprès de Neubourg, d'un nouveau combat, dans lequel les Autrichiens furent encore très-maltraités. Les Français eurent à regretter, dans cette affaire glorieuse, le brave La Tour d'Auvergne, le premier grenadier de France. Descendant de Turenne, et digne de lui à tous les égards, ce héros était le plus brave officier de l'armée, en même temps que l'un des plus anciens. Bonaparte lui avait donné ce beau titre de premier grenadier de France, sur un rapport du ministre de la guerre, Carnot, ainsi conçu : « Les braves l'ont nommé le plus brave; modeste autant qu'intrépide, il ne se montra jamais avide de gloire; il a refusé tous les grades. Aux Pyrénées occidentales, le général, commandant l'arinée, rassembla toutes les compagnies de grenadiers, et pendant le reste de la guerre ne leur donna point de chef; le plus ancien capitaine devait commander : c'était La Tour d'Auvergne. Il obéit, et bientôt ce corps fut nommé par l'ennemi, la colonne infernale. Un de ses amis n'avait qu'un fils dont les bras étaient nécessaires à sa

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subsistance; la réquisition l'appela : La Tour d'Auvergne vole à l'armée du Rhin pour le remplacer, et pendant deux campagnes, toujours au premier rang, il est à toutes les affaires, et anime les grenadiers par ses discours et son exemple. Pauvre, mais fier, il refusa le don d'une terre que lui offrait le duc de Bouillon, le chef de sa famille. Sa vie est sobre; il ne jouit que du traitement de capitaine à la suite, et ne se plaint pas. Plein d'instruction, parlant toutes les langues, son érudition égale sa bravoure, et on lui doit l'ouvrage intitulé: les origines gauloises. Tant de vertus appartiennent à l'histoire; mais il appartient au premier consul, de la devancer. » La Tour d'Auvergne reçut, en héros, le sabre d'honneur qui accompagna sa nomination à la qualité glorieuse de premier grenadier de France: Il n'est aucun des grenadiers que je commande, écrivait-il à un de ses amis, qui ne l'ait mérité autant que moi: allons, il faudra le montrer de près aux ennemis; à mon âge, la mort la plus désirable est celle d'un grenadier sur le champ de bataille, et je ly trouverai, je l'espère. Il fut tué dans les rangs des grenadiers de la quarante-septième demi-brigade. On lui rendit les plus grands honneurs. Pendant les trois premiers jours qui suivirent sa mort, on couvrit de crêpes les tambours des grenadiers. Sa place resta long-temps vacante dans la compagnie au milieu de laquelle il avait combattu pour la dernière fois. On le nom

mait à tous les appels, et un soldat répondait : 11 est mort au champ d'honneur. Son cœur, renfermé dans une boîte d'argent, précédait toujours ses compagnons d'armes. Son corps, enveloppé de feuilles de chêne et de laurier, a été enterré au lieu même où il a reçu le coup mortel. On l'inhumait la face contre terre; un grenadier le retourna en disant: Il faut le placer dans son tombeau, comme il était de son vivant, le visage tourné contre l'ennemi. Un mausolée, simple comme lui, mais rappelant tout son courage et toutes ses vertus, couvrit sa tombe placée à Oberhausen.

Après le combat de Neubourg, on posa aussi les armes en Allemagne.

Le retour de Bonaparte à Paris fut un triomphe. On ne vit que le résultat de la victoire de Marengo, sans songer aux circonstances qni l'avaient produite, et aux risques qu'elle avait fait courir. « L'ennemi était à nos portes, s'écriait-on, et en une seule bataille, ce guerrier invincible l'a réduit à signer une capitulation désavantageuse.» A partir de ce moment, le gouvernement consulaire fut fondé, beaucoup de personnes le regardant d'ailleurs, comme un gouvernement provisoire. Pour les républicains, encore importans, quoiqu'en petit nombre, parce que leurs richesses et leurs places les mettaient en évidence, ce gouvernement avait l'avantage de conserver les formes républicaines, d'autant plus que Bonaparte n'avait d'a

bord reçu le premier consulat que pour un temps limité, et que la magistrature de Cambacérès, second consul, et de Lebrun, troisième consul, ôtait à la sienne l'apparence de la royauté. On ne disait pas, arrêté du premier consul, mais bien, arrété des consuls. Un grand nombre de royalistes, au contraire, voulaient absolument voir un nouveau Monck dans le vainqueur de Marengo on débitait à ce sujet mille fables, toutes absurdes, mais toutes reçues avidement, car la grande majorité des Français désirait alors le rétablissement de la monarchie; et l'on sait que l'homme est naturellement porté à croire tout ce qui lui donne lieu d'espérer que ses souhaits seront satisfaits, et ses vœux accomplis:

Du reste, on ne prenait plus guère la peine de cacher ses sentimens à ce sujet. Se déclarer, dans les sociétés ordinaires partisan de la monarchie, n'était plus un crime, ni même un ridicule. Il ne restait qu'un petit nombre de simples particuliers, qui, ne mesurant pas la clémence du roi légitime sur l'énormité des fautes commises, s'effrayassent de son retour. Pour ménager les oreilles encore susceptibles, ou qui feignaient de l'être, on appelait seulement cela la concentration perpétuelle du pouvoir exécutif, et un principe politique reçu et proclamé par tous ceux qui continuaient à s'occuper honnêtement d'affaires d'état, était la concentration perpétuelle du pouvoir exécutif.

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