Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

deux heures, et envoyez des commissaires pour traiter de la reddition de la ville.

>> Recevez, M. le général, etc.

» Le major général,

[blocks in formation]

A cinq heures, le général Morla, membre de la junte militaire, et don Bernardo Yriarte, envoyé de la ville, furent introduits dans la tente du major général. Ces députés, faisant connaître l'embarras de tous les gens honnêtes renfermés dans Madrid, demandèrent la journée du 4, pour ramener le peuple à des sentimens plus raisonnables. Le major général les présenta à Napoléon, qui leur dit:

[ocr errors]

<< Vous employez en vain le nom du peuple; si vous ne pouvez parvenir à le calmer, c'est parce que vous-mêmes vous l'avez excité, vous l'avez égaré par des mensonges. Rassemblez les curés les chefs des couvens, les alcades, les principaux propriétaires, et que d'ici à six heures du matin la ville songe à se rendre, ou elle aura cessé d'exister; je ne veux ni ne dois retirer mes troupes. Vous avez massacré les malheureux prisonniers français qui étaient tombés entre vos mains. Vous avez, il y a peu de jours, laissé traîner et mettre à mort , dans les rues, deux domestiques de l'empereur de Russie, parce qu'ils étaient nés Français. L'inhabileté et la lâcheté d'un général avait mis en vos mains des troupes qui avaient capitulé sur le champ

de bataille, et la capitulation a été violée ( la capitulation de Baylen). Vous, M. Morla, quelle lettre avez vous écrite à ce général? Il vous convenait bien de parler de pillage, vous qui, étant entré en Roussillon, avez enlevé toutes les femmes, et les avez partagées comme un butin entre vos soldats! Quel droit aviez-vous, d'ailleurs, de tenir un pareil langage? la capitulation vous l'interdisait. Voyez quelle a été la conduite des Anglais qui sont bien loin de se piquer d'être rigides observateurs du droit des nations : ils se sont plaints de la convention du Portugal; mais ils l'ont exécutée. Violer les traités militaires, c'est renoncer à toute civilisation; c'est se mettre sur la même ligne que les Bédoins du désert. Comment donc osez-vous demander une capitulation, vous qui avez violé celle de Baylen? Voilà comme l'injustice et la mauvaise foi tournent toujours au préjudice de ceux qui s'en sont rendus coupables. J'avais une flotte à Cadix; elle était l'alliée de l'Espagne, et vous avez dirigé contre elle les mortiers de la ville où vous commandiez. J'avais une armée espagnole dans mes rangs: j'ai mieux aimé la voir passer sur les vaisseaux anglais, et être obligé de la précipiter du haut des rochers d'Espinosa, que de la désarmer; j'ai préféré avoir sept mille ennemis de plus à combattre, que de manquer à la bonne foi et à l'honneur. Retournez à Madrid. Je vous donne jusqu'à demain, six heures du matin, Revenez

alors, si vous n'avez à me parler du peuple que pour m'apprendre qu'il s'est soumis; sinon, vous et vos troupes, vous serez tous passés par les armes.>>

Ce discours fit beaucoup d'impression sur les deux députés, et par contre-coup sur les habitans de Madrid, Les mutins prirent la fuite, et le reste de la population consentit à se rendre. Le lendemain, à six heures du matin, cette nouvelle fut apportée au camp français par le général Morla et le général don Fernando de La Vera, gouverneur de la ville. A dix heures du matin, le général Belliard entra dans la ville et en prit le commandement. Napoléon fit proclamer un pardon général, à quelques exceptions près, qui ne portaient que sur des personnes alors absentes de Madrid, En peu d'heures on vit la plus parfaite sécurité s'établir dans la capitale de l'Espagne : les boutiques s'ouvrirent; les habitans, qui avaient crenelé le haut de leurs maisons, barricadé et dépavé les se hâtèrent de remettre tout en ordre.

rues,

La prise de Madrid coûta peu de monde à l'armée française; il n'y eut que douze soldats tués et cinquante blessés. Le général Bruyère, au moment où on cessait le feu, fut renversé mort d'un coup de fusil. Le général de brigade Maison était au nombre des blessés. L'artillerie, suivant sa coutume, rendit les plus grands services, et se distingua éminemment.

Dans le moment de l'attaque, on vit se faire

une action digne de remarque. Un vieux général espagnol, retiré du service, avait son logement dans la rue d'Alcala. Voyant la maison qu'il habitait, envahie par des soldats français, il se présenta à leur officier, tenant sa fille par la main : Je suis un vieux soldat, dit-il, je connais les droits et la licence de la guerre. Voilà ma fille : je lui donne neuf cent mille francs de dot; sauvez-lui l'honneur, et soyez son époux. Cette noble confiance d'un militaire envers un militaire a quelque chose qui touche l'âme, et la repose agréablement des scènes terribles de la guerre.

On trouva dans la ville deux cents milliers de poudre, dix mille boulets, deux millions de plomb, deux cents pièces de canon de campagne, et cent vingt mille fusils, la plupart de fabrique anglaise. Le désarmement des habitans fut ordonné; il s'exécuta paisiblement. Le roi don Joseph forma, de ceux des soldats espagnols qui se rendirent à lui et de quelques Allemands qui désertèrent aussi la cause des insurgés, un régiment portant le titre de Royal-Étranger. Il trouva aussi moyen de composer un régiment suisse, d'une partie des hommes de cette nation qui étaient anciennement au service du roi Charles IV.

Le 15 décembre, une députation de la municipalité et des différens corps et corporations de Madrid, était venue présenter l'adresse suivante à Napoléon :

ceux des Français qui combattaient déjà en Espagne. La guerre y était générale et terrible. Alors que le sort de ce pays se décidait à Bayonne, il y avait eu un premier combat à Madrid, entre les troupes françaises commandées par le grand duc de Berg, revêtu du titre de lieutenant-général du roi Charles IV, et les Espagnols qui s'opposaient au départ de l'infant don Carlos et de la reine d'Etrurie et de son fils. On avait cru que cette tentative de résistance, malheureuse dans son issue, n'aurait point de suites; elle en avait eu néanmoins d'infiniment importantes : à peine Joseph avait-il été déclaré roi, que de toutes parts des milliers d'insurgés, secondés par la majorité des troupes de ligne, avaient entrepris de défendre et de faire triompher les droits du prince des Asturies, proclamé sous le nom de Ferdinand VII.

Napoléon avait trop compté sur l'apathie, depuis long-temps citée, des Espagnols. Il n'avait pas assez de troupes dans le pays, quand on s'occupa de l'insurger. Les mécontens purent former des rassemblemens sur différens points, et alors tout fut perdu : on pensa que l'on pourrait résister, et il ne s'agit plus que de s'arranger de façon à combattre avec avantage, et de s'assurer des ressources pourréparer ses pertes, à mesure qu'on en ferait.

Les premiers insurgés qui se montrèrent furent cependant battus partout, et les Français commençaient à se flatter de l'espérance qu'ils parvien

« ZurückWeiter »