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jour, les généraux ennemis Keith, Ott, et SaintJulien firent proposer une entrevue à Masséna tâcher de l'amener à capituler. Le général n'osait prendre un parti : le terme dans lequel Gênes avait pu espérer être délivrée, était écoulé, et on avait épuisé jusqu'aux dernières ressources; cependant, d'un moment à l'autre, le premier consul pouvait arriver au secours..... Masséna répondit évasivement; qu'il pourrait consentir à cette ouverture, quelque prématurée qu'elle fût, lorsqu'il aurait eu le temps d'y réfléchir à son aise, »>

La nuit suivante, on continua le bombardement. Des mécontentemens éclataient de toutes parts; des soldats désertèrent. Masséna, ayant convoqué les chefs de corps, afin qu'ils lui apprissent s'il pouvait compter encore sur la garnison pour une dernière tentative, il lui fut répondų, « que les officiers ne balanceraient pas à le suivre, mais qu'il n'avait plus rien à espérer du soldat abattu par la misère et la faim, et incapable de soutenir le poids de ses armes.» D'après cette déclaration, le général n'osa rien entreprendre; il essaya seulement de relever le moral des troupes par une proclamation, dans aquelle il leur rappela combien il leur importait de soutenir leur ancienne gloire jusqu'à la dernière extrémité.

Le 1er. et le 2 juin, on ne reçut aucune nouvelle du dehors: la disette et la maladie faisaient un ravage épouvantable; les rues étaient jonchées

de cadavres, et la mort se lisait dans tous les yeux. Ne pouvant plus absolument tenir, Masséna chargea l'adjudant-général Andrieux d'entrer en pourparlers avec l'ennemi. Lord Keith voulait, pour premier article de la capitulation, que les troupes françaises retournant en France, le général restât prisonnier de guerre : Vous valez seul vingt mille hommes, écrivait-il à Masséna, Celui-ci, quelle que fût la difficulté des affaires, se sentait si peu disposé à accorder ce qu'on exigeait de lui, qu'il déclara, que si le mot capitulation devait désormais figurer dans le traité, il renonçait à toute espèce d'accommodement.

Les négociations recommencèrent le 3 juin, à midi. Masséna montra un calme parfait et même de la gaieté dans les conférences. L'attitude qu'il sut prendre contribua peut-être beaucoup à lui faire obtenir de l'ennemi, des conditions honorables : à le voir, à l'entendre, qui l'eût cru réduit à la dernière extrémité? « Monsieur le général, lui disait le lord Keith, votre défense est trop héroïque pour qu'on puisse vous rien refuser, Monsieur l'arniral, répondit Masséna laissez arriver un peu de blé à Gênes, et je vous réponds que ces messieurs (montrant les généraux autrichiens) n'y mettront jamais le pied. >>

Il insistait pour emmener cinq corsaires français qui se trouvaient à Gênes, et le lord Keith s'y opposait « Monsieur l'amiral, lui dit le général en

plaisantant, quelle satisfaction la prise de quelques chétifs corsaires peut-elle ajouter pour vous à la prise de Gênes, qui est votre ouvrage? Allons milord, après nous avoir enlevé tous les gros, c'est bien le moins que vous me laissiez les petits.

Eh bien, monsieur, répliqua l'amiral Keith, n'en parlons plus. >>

Masséna, en reconnaissance des secours qu'il avait reçus du peuple ligurien pendant le siége, plaida sa cause avec chaleur auprès des puissances coalisées. Comme il insistait d'une manière pressante sur un des articles relatifs au gouvernement de cette province, le général Saint-Julien lui fit connaître les projets de l'empereur sur les changemens à y opérer. - Eh bien, monsieur, répondit Masséna, vos opérations seront aussi peu solides que votre projet a été prématuré; je vous donne ma parole d'honneur qu'avant vingt jours je serai devant Gênes. Vous verrez, monsieur le général, répliqua l'Autrichien, des hommes à qui vous avez appris à le défendre. »

Les conférences faillirent être rompues pour une seule clause. On voulait exiger du général français, que huit mille hommes de ses troupes s'en retournassent par terre il se prononça de la manière la plus décidée: Vous ne voulez pas, s'écria-t-il; eh bien, messieurs, à demain. » Les généraux ennemis, qui savaient leur chef, le général Mélas, alors aux prises avec Bonaparte, et qui craignaient sé

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rieusement encore que Gênes ne leur échappât, se désistèrent de leur prétention. Il fut donc décidé que Masséna aurait la gloire de sortir de Gênes, avec ses troupes, son artillerie et ses munitions ; l'Angleterre même paya les frais de transport, et les puissances étrangères s'engagèrent à ne poursuivre aucun des citoyens de Gênes à cause de ses opinions ou des places qu'il aurait occupées pendant le séjour de l'armée française. Masséna se montrait d'autant plus disposé à contester, que, pressentant ce qui se passait en Italie, il eût bien voulu pouvoir éviter de céder son poste. On l'entendit crier, plus d'une fois, aux Génois, pendant la durée des conférences malheureux! sauvez donc encore votre patrie! donnez-moi ou assurez-moi des vivres pour quatre à cinq jours seulement, et je déchire le traité! mais on n'avait plus la moindre ressource; il fallut signer: on se donna des ôtages, et chacun fut fidèle à ses engagemens.

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Le siége de Gênes avait duré soixante jours. Les Autrichiens ne restèrent pas long-temps en possession de cette ville: nous savons déjà que, par la convention qui suivit la bataille de Marengo, ils s'obligèrent à la remettre aux Français. Le général Suchet y entra le 24 juin.

Pendant que le premier consul, à la tête de l'armée que nous avons suivie sur le champ de bataille de Marengo, reconquérait l'Italie, le général Moreau pénétrait jusqu'au coeur de l'Allemagne

avec une armée considérable. H déboucha par Kelh, par le vieux Brisach, et entre Schaffouse et Stein. Menés battant jusqu'à l'Alb, les Autrichiens se retranchèrent sur le bord de ce torrent, mais ils furent promptement encore poussés plus loin. L'adjudant général Coëhorn marchait, dans cette occasion, en tête des Français. Il franchit l'Alb, l'un des premiers, monté sur les épaules d'un grenadier. Six jours suffirent pour réunir au-de là du Rhin toute l'armée, qui, ayant déjà pris à l'ennemi 1 500 hommes et 6 pièces de canon, marcha sur la ville de Stockak, où les Autrichiens paraissaient vouloir se défendre sérieusement. Il y eut là un engagement considérable dans lequel on prit aux Autrichiens, plus de 7000 hommes, 9 pièces de canon et 3 drapeaux.

On se battit ensuite à Moeskirck. La cinquanteseptième demi-brigade de ligne y fit des prodiges de valeur. Le général en chef, examinant, le lendemain, le terrain où cette troupe avait combattu, lui adressa ces paroles flatteuses: Si votre conduite en Italie ne vous avait pas, dès long-temps, mérité le nom de terrible, les Autrichiens vous l'auraient donné à la bataille de Moeskirck. L'ennemi, chassé de sa position, laissa un grand nombre de morts sur le champ de bataille, et emmena encore 8000 blessés.

Les Autrichiens prirent devant Ulm une position retranchée, d'où ils couvraient la Bavière. Moreau, pour les obliger à en venir aux mains, entreprit

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