Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

char de la France, a été forcée d'en suivre servilement les violens et rapides mouvemens,

[ocr errors]

(Ici on avait placé la peinture de tout ce que la France gagnait à son alliance avec l'Espagne, puis celles des manœuvres par lesquelles on l'accusait d'avoir préparé l'usurpation du roi Joseph.)

>> Cependant, continuait-on ensuite, quèlle était la situation du peuple espagnol, tandis qu'on préparait et qu'on exécutait la scène honteuse et tyrannique qui entraîna l'abdication du prince Ferdinand; tandis qu'on violait les lois fondamentales de la monarchie, et que l'on contrariait les vœux les plus chers de la nation?

» Contenu dans les bornes d'une loyauté sans reproche tant qu'il eut l'espoir que son roi serait reconnu, il ne témoigna ni mécontentement, ni inquiétude aux Français disséminés dans la capitale et ses environs. Mais lorsqu'il apprit l'horrible trame qu'on ourdissait contre lui à Bayonne, alors le mécontentement général éclata en plaintes et en larmes: c'était le 2 mai.

» Les Français, qui n'attendaient que ce moment pour déployer l'étendard de la terreur, firent feu à l'improviste sur le peuple qui ne leur avait encore fait aucun mal, et leurs colonnes homicides se répandirent dans les rues tranquilles de Madrid. Les habitans coururent aux armes, et se défendirent pied à pied, corps à corps : ils affrontèrent les plus épais bataillons, y portèrent souvent le dé

sordre, lorsque des paroles de paix sorties de la bouche de leurs magistrats les arrêtèrent et les désarmèrent.

>> Le combat cessa, et une scène d'horreur lui succéda. Les Français occupèrent militairement tous les postes de Madrid, arrêtèrent tous les citoyens qu'ils trouvèrent sous les armes, et les fusillèrent la nuit suivante.

>> Ce fut sous de tels auspices qu'on nous fit connaître notre nouveau roi et notre nouvelle constitution.

» Mais la nation, outragée dans la personne de son prince, trahie dans sa confiance, et cruellement payée de l'hospitalité qu'elle avait accordée, éleva tout à coup un cri terrible, et tous les peuples

coururent aux armes.

>> Cette résolution généreuse une fois prise, les provinces proclamèrent de nouveau le roi auquel elles avaient juré d'obéir, et s'avancèrent à la rencontre des phalanges françaises qui se répandaient de tous côtés.

>> Rien ne put résister à notre première impétuosité. Vingt-trois mille hommes, commandés par un de leurs meilleurs généraux, sont mis en déroute dans les plaines de Baylen, et forcés de se rendre prisonniers. Les murs de Valence soutiennent le choc du maréchal Moncey, qui est obligé de se retirer en désordre sur Madrid. Maurella et Girone sont l'écueil des divisions envoyées pour les

2.

ΙΟ

réduire. Saragosse, ouverte de toutes parts, sans autre défense que le courage de ses habitans, résiste au courroux de Napoléon, qui, semblable à une divinité infernale, lançait de Bayonne le carnage et la désolation sur un peuple pacifique, dont tout le crime était d'avoir été fidèle à son roi.

» Telle est l'origine de la guerre atroce que les Français font en Espagne. Outragés, assaillis d'une manière aussi barbare qu'inattendue, nous restaitil d'autre parti à prendre que de nous défendre, que de vaincre ou de mourir?

>> Il faudrait que nous fussions encore plus méprisables que le tyran lui-même, si nous oubliions ce que furent nos ancêtres et ce que nous devons être. Nous n'avons pas voulu dégénérer, ni devenir la risée de l'Europe, en devenant les esclaves de Napoléon.

>> Il'ose nous qualifier de rebelles et d'insurgés: étrange abus du pouvoir! A qui fera-t-il croire que la résistance à une injuste agression soit une insurrection? A qui persuadera-t-il que notre fidélité au sang de nos rois soit une révolte? Personne en Europe ne peut être dupe de cette logomachie.

>> C'est en vain que les journaux qui lui sont dévoués nous ont représentés comme livrés aux horreurs de l'anarchie, et agités par les convulsions d'une liberté fanatique; c'est en vain qu'ils nous traitent d'esclaves vils et rampans. Ses soldats, en entrant chez nous, ont trouvé des hommes.......

des hommes résolus de mourir, plutôt que de se soumettre à sa tyrannie.

[ocr errors]

L'Espagne n'est pas le seul pays à qui il importe de soutenir cette lutte terrible.

« L'Italie, la Suisse, la Hollande, la Prusse et l'Autriche, tour à tour vaincues et tyrannisées par lui, ont le même întérêt que nous à briser les fers qu'il veut nous donner. Leur salut est lié au nôtre; et la cause que nous défendons est celle de l'univers.

[ocr errors]

Monarques et peuples du continent, sachez imiter notre constance et nos efforts; et l'univers,' menacé de devenir la proie d'un monstre, recouvrera son indépendance et sa tranquillité.

[ocr errors]

Quand les renforts qui précédaient Napoléon arrivèrent, les troupes françaises, concentrées dans la Castille, avaient été forcées d'évacuer le Portugal, occupé par une armée combinée d'Anglais et de Portugais de près de quarante mille hommes. On attaqua bientôt les Espagnols sur tous les points. Le premier mouvement porta l'armée sur Burgos, où les gardes walonnes et espagnoles furent entièrement défaites,

Au même moment, le duc de Bellune ( le général Victor), battait à Espinosa un autre corps d'armée. Le marquis espagnol de La Romana, qui commandait des troupes espagnoles auxiliaires à l'armée française en Prusse, en avait déserté avec elles, et avait été transporté par les Anglais dans

sa patrie, prit part à cette affaire. L'ennemi était posté sur des hauteurs qu'il croyait inexpugnables: le général Pacthod, à la tête des 94° et 95o de ligne, gravit ces hauteurs, culbuta les Espagnols, et les jeta dans les précipices.

Le maréchal Soult marchait de succès en succès; il ne tarda point à s'emparer de St.-Ander: Poursuivant sa marche, il laissa le commandement de cette ville au général Bonnet qui s'y conduisit avec tant de sagesse, que les habitans lui firent don' d'une épée d'or portant cette inscription: la ville de Saint-Ander reconnaissante, au général Bonnet, son libérateur.

1

Bientôt il ne resta plus que des débris des armées insurgées d'Estramadure et de Galice. Napoléon se porta sur l'armée de Castanos, la seule qui pût opposer encore quelque résistance. Le 23 novembre, on livra bataille à l'ennemi que l'on trouva retranché à Tudéla. Castanos avait environ quarante-cinq mille hommes sous ses ordres, Quoique moins forte, l'armée française remporta sur lui une victoire complète. Sept drapeaux, trente pièces de canon avec leurs attelages et leurs caissons; douze tolonels, trois cents officiers et trois mille soldats furent faits prisonniers dans cette journée : quatre mille restèrent sur le champ de bataille, ou se noyèrent dans l'Ebre. Les Français eurent à peine soixante hommes tués et quatre cents blessés. Parmi ces derniers on compta le général Lagrange, atteint

« ZurückWeiter »