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nances; c'est là que se renferment nos devoirs; et c'est de vous que nous avons reçu ce double bienfait. Il vous fut donné de retrouver l'ordre social sous les débris d'un vaste empire, et de rétablir la fortune de l'état au milieu des ravages de la guerre.

» Vous avez créé, comme tout le reste, les vrais élémens du système des finances. Ce système, le plus propre aux grandes monarchies, est simple et fixe comme le principe qui le gouverne. Il n'est point soutenu par ces moyens artificiels qui ont toute l'inconstance de l'opinion et des événemens ; il est impérissable comme les richesses de notre sol. Si quelquefois des circonstances difficiles nécessitent des taxes nouvelles, ces taxes, toujours proportionnées aux besoins, n'en excèdent pas la durée ; l'avenir n'est pas dévoré d'avance. On ne verra plus, après des années de gloire, l'état succomber sous le poids de la dette publique, et la banqueroute, suivie des révolutions, entr'ouvrir un abîme où se perdent les trònes et la société toute entière. Ces malheurs sont loin de nous; les recettes couvrent les dépenses; les charges annuelles ne seront point augmentées, et vous en donnez l'assurance au moment où d'autres états épuisent toutes leurs ressources. Quand vous immolez votre propre bonheur, celui du peuple occupe seul toute votre âme. Elle s'est émue à l'aspect de la grande famille ( car c'est ainsi que vous nommez le France ); et, quoique sur de tous les dévouemens, vous offrez la

paix, à la tête d'un million de guerriers invincibles.

>> C'est dans ce généreux dessein que vous avez vu l'empereur de Russie. Jadis, quand des souverains aussi puissans se rapprochaient des bouts de l'Europe, tous les états voisins étaient en alarmes. Des présages sinistres et menaçans accompagnaient ces grandes entrevues. Epoque vraiment mémorable! les deux premiers monarques du monde réunissent leurs étendards, non pour l'envahir, mais pour le pacifier.

» Votre majesté, sire, a prononcé le mot de sacrifices, et nous osons le dire à votre majesté même, ce mot achève tous vos triomphes. Certes, la nation ne veut pas plus que vous de ces sacrifices qui blesseraient sa gloire et la vôtre; mais il n'était qu'un seul moyen d'augmenter votre grandeur, c'était d'en modérer l'usage. Vous nous avez montré le spectacle de la force qui dompte tout, et vous nous réservez un spectacle plus extraordinaire, celui de la force qui se dompte elle-même.

» Un peuple ennemi prétend, il est vrai, retarder pour vous cette dernière gloire. Il est descendu sur le continent, à la voix de la discorde et des factions. Déjà vous avez pris vos armes, pour marcher à sa rencontre; déjà vous abandonnez la France, qui depuis tant d'années vous a vu si peu de jours: vous partez, et je ne sais quelle crainte inspirée par l'amour et tempérée par l'espérance, a

troublé toutes les âmes. Nous savons bien pourtant que partout où vous êtes, vous transportez, avec vous, la fortune et la victoire. La patrie vous accompagne de ses regiets et de ses vœux: elle vous recommande à ses braves enfans qui forment vos légions fidèles. Ses vœux seront exaucés, tous vos soldats lui jurent, sur leurs épées, de veiller autour d'une tête si chère et si glorieuse, où reposent tant de destinées. Sire, la main qui vous conduit de merveille en merveille, au sommet des grandeurs humaines, n'abandonnera ni la France nil Europe, qui, si long-temps, ont besoin de vous. » Telle était la soumission avec laquelle on parlait alors à Napoléon; approuver et vanter même toutes ses entreprises, quelles qu'elles fussent, voilà le ton du jour. Des observations secrètement faites, sur l'injustice, les difficultés et l'impolitique de l'envahissement de l'Espagne eussent cependant mieux servi ses intérêts: cette expédition, si imprudemment applaudie, prépara celle de Moscou ; et la première avertit les rois de l'Europe qu'ils avaient pour allié un homme qui prétendait à être leur maître, et à devenir, dans l'occasion, leur spoliateur.

Napoléon se mit, le 29 octobre, en route pour l'Espagne, précédé de renforts considérables parmi lesquels on remarquait sa garde, devenue la troupe la plus belle et la plus redoutable qui se fût jamais vue.

Un tel secours était attendu impatiemment par

ceux des Français qui combattaient déjà en Espagne. La guerre y était générale et terrible. Alors que le sort de ce pays se décidait à Bayonne, il y avait eu un premier combat à Madrid, entre les troupes françaises commandées par le grand duc de Berg, revêtu du titre de lieutenant-général du roi Charles IV, et les Espagnols qui s'opposaient au départ de l'infant don Carlos et de la reine d'Etrurie et de son fils. On avait cru que cette tentative de résistance, malheureuse dans son issue, n'aurait point de suites; elle en avait eu néanmoins d'infiniment importantes à peine Joseph avait-il été déclaré roi, que de toutes parts des milliers d'insurgés, secondés par la majorité des troupes de ligne, avaient entrepris de défendre et de faire triompher les droits du prince des Asturies, proclamé sous le nom de Ferdinand VII.

Napoléon avait trop compté sur l'apathie, depuis long-temps citée, des Espagnols. Il n'avait pas assez de troupes dans le pays, quand on s'occupa de l'insurger. Les mécontens purent former des rassemblemens sur différens points, et alors tout fut perdu on pensa que l'on pourrait résister, et il ne s'agit plus que de s'arranger de façon à combattre avec avantage, et de s'assurer des ressources pourréparer ses pertes, à mesure qu'on en ferait.

Les premiers insurgés qui se montrèrent furent cependant battus partout, et les Français commençaient à se flatter de l'espérance qu'ils parvien

draient bientôt à pacifier l'Espagne, quand le gé-
néral Dupont, qui commandait leur armée d'An-
dalousie, se laissa engager, à Baylen, dans un
mauvais pas où ses troupes
furent forcées de mettre

bas les armes. Par suite de ce désastre, le roi don
Joseph quitta Madrid le 1er août.

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Un manifeste d'une junte nationale assemblée à Séville fera connaître, mieux que tout autre document, quels étaient à une certaine époque les avantages obtenus par les Espagnols, et par quels motifs ce peuple se croyait obligé à la guerre.

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Nations, peuples de l'Europe, princes qui les gouvernez, hommes de bien de toutes les classes et de tous les états, dit-on dans ce manifeste, la nation espagnole, et en son nom la junte suprême, à qui l'autorité a été confiée depuis l'injuste et perfide captivité de son roi, va manifester à vos yeux la série de malheurs et d'outrages qu'elle a soufferts. En vous faisant une peinture fidèle de sa situation et de ses desseins, elle réclame avec confiance et votre compassion sur son infortune, et votre intérêt sur son sort futur.

>> L'univers est témoin de l'attachement constant que l'Espagne a eu pour la France. La guerre, la paix, les alliances, les relations, tout était commun entre elles. La révolution a rompu ces liens..... A une guerre désastreuse succéda une honteuse paix, et à cette paix une alliance inégale,

Depuis ce moment l'Espagne, attachée au

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