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traité de paix signé le 6 juin; cette fois il y succomba: on ne tarda point à apprendre que la cour de Lisbonne, regardant sa situation comme désespérée, s'était embarquée pour aller régner dans ses possessions d'Amérique.

Cependant on ne remettait pas au prince de la Paix la part qu'il s'était fait adjuger dans la dépouille du roi de Portugal, et des troupes françaises stationnaient en Espagne même, où elles s'étaient établies par surprise dans plusieurs places fortes. Quelques personnes disaient en France, qu'en compensation du Portugal que Napoléon réunissait à l'Espagne, cette dernière puissance était convenue en secret que l'empire français s'étendrait désormais jusqu'au delà des Pyrénées, et que les troupes françaises n'évacueraient le Portugal et la partie de l'Espagne qu'elles occupaient pour assurer leurs communications, qu'après que cette convention aurait été publiée et exécutée. On alla plus loin en Espagne on y dit que le roi Charles IV et sa famille allaient, à l'imitation de la cour de Lisbonne, se retirer en Amérique, abandonnant leur royaume d'Europe à l'ambitieux régulateur des destins de la France. Ce projet supposé, que l'on attribua à la coupable connivence du prince de la Paix avec Napoléon, monta les têtes espagnoles contre le ministre du roi Charles IV et contre ce souverain lui-même. Une persécution exercée, pendant quelques jours sur l'héritier du trône, le prince des

:

Asturies, que l'on savait être l'ennemi de Godoi, et que le gouvernement accusait de conspiration, acheva de porter l'exaltation à son comble, et le 18 mars 1808, Aranjuez, lieu de la résidence royale, fut le théâtre de la plus terrible émeute. Le prince de la Paix y courut d'horribles dangers, et le roi Charles IV ne se sauva qu'en abdiquant la couronne, que prit aussitôt le prince des Asturies. Après le danger, le vieux roi protesta contre son abdication, et appela Napoléon à son secours.

La querelle du père avec le fils, malgré les représentations d'un ministre français, regardé comme le plus grand homme d'état de son temps, (Note 6.) donna à Napoléon, l'idée de s'emparer de l'Espagne, comme il s'était emparé du royaume de Naples, en plaçant la couronne sur la tête d'un de ses frères. Ce moyen était encore plus propre que la possession des Pyrénées à soumettre exactement les côtes d'Espagne et de Portugal au fameux système anti-britannique. Napoléon intervint donc perfidement, comme médiateur, dans les démêlés des deux princes espagnols, et les invita à se rendre à Bayonne, où il deviendrait le juge de leur différend. Le nouveau roi d'Espagne se fia à Napoléon, dont il se croyait alors sur le point d'épouser une parente, et vint à Bayonne; mais là il fut traité comme un fils rebelle, et placé dans l'alternative d'abdiquer, ou d'être attaqué par les troupes françaises aussitôt qu'il aurait été reconduit aux

avant-postes espagnols. Il abdiqua entre les mains. de son père, qui, ressaisi du trône, le rétrocéda lui-même à Napoléon. L'Espagne apprit bientôt de ce dernier, qu'elle obéirait désormais au roi Joseph, celui des frères de l'empereur des Français qui régnait depuis quelque temps à Naples, et qu'on fit demander, pour la forme, par une junte de gouvernement établie à Madrid pendant l'absence du roi, par le conseil de Castille et les autorités de la capitale. Pour la forme de l'administration publique, les Espagnols surent aussi de Napoléon, qu'elle serait réglée par une junte extraordinaire des notables du royaume, dont la session devait s'ouvrir le 15 juin, à Bayonne.

L'empereur des Français fut - il ou ne fut il pas l'instigateur des troubles d'Aranjuez, qui préparèrent l'usurpation du tròne d'Espagne? c'est ce qu'on ne peut encore décider! aucune preuve n'a été fournie à cet égard. Cependant on sait qu'il avait une vieille rancune contre le roi Charles IV et son ministre.

Depuis le traité de paix conclu à Saint-Ildephonse, le 18 août 1796, l'Espagne se trouvait porter un fardeau beaucoup trop au-dessus de ses forces. Privée, par son état de guerre avec la GrandeBretagne, de tout commerce extérieur, et de toute communication avec ses possessions d'outre-mer, source véritable de sa richesse, il n'en fallait pas moins qu'en cas d'attaque elle nous secourût,

au

minimum, d'une escadre de cinq vaisseaux, six fré– gates et quatre corvettes, et d'une armée de terre de vingt-quatre mille hommes avec une artillerie correspondante. Depuis le gouvernement de Napoléon, ce secours avait été converti en un subside de six millions de francs, qu'il fallait payer chaque année, car nous n'étions ni souvent, ni long-temps, en paix. L'Espagne supportait cependant ce fardeau, sans murmurer, lorsque la campagne s'ouvrit contre la Prusse et la Russie en 1806. De fortes apparences pouvaient faire penser que bientôt nous aurions aussi à combattre l'Autriche. Tout à coup on vit paraître de la part du prince de la Paix, cet appel aux Espagnols:

«Dans des circonstances moins dangereuses que celles où nous nous trouvons aujourd'hui, les bons et loyaux sujets se sont empressés d'aider leur souverain par des dons volontaires et des secours proportionnés aux besoins de l'état; c'est donc dans la situation actuelle qu'il est urgent de se montrer généreux envers la patrie.

» Le royaume d'Andalousie, favorisé par la nature dans la reproduction des chevaux propres à la cavalerie légère, la province de l'Estramadure, qui rendit en ce genre des services si importans au roi Philippe V, verraient-ils avec indifférence la cavalerie du roi d'Espagne réduite et incomplète faute de chevaux? Non, je ne le crois pas. J'espère, au contraire, qu'à l'exemple des illustres.

aïeux de la génération présente, qui servirent l'aïeul de notre roi actuel par des levées d'hommes et de chevaux, les petits-enfans de ces braves s'empresseront aussi de fournir des régimens ou des compagnies d'hommes habiles dans le maniement du cheval, pour être employés au service et à la défense de la patrie, tant que durera le danger actuel. Une fois passé, ils rentreront, pleins de gloire, au sein de leurs familles. Chacun se disputera l'honneur de la victoire : l'un attribuera à son bras le salut de sa famille, l'autre celui de son chef, de son parent ou de son ami; tous enfin s'attribueront le salut de la patrie.

Venez, mes chers compatriotes, venez, vous ranger sous les bannières du meilleur des souverains; venez, je vous accueillerai avec reconnaissance. Je vous en offre dès aujourd'hui l'hommage, si le Dieu des victoires nous accorde une paix heureuse et durable, unique objet de nos vœux. Non, vous ne céderez ni à la crainte, ni à la perfidie; vos cœurs se fermeront à toute espèce de séduction étrangère. Venez ; et si nous ne sommes pas forcés de croiser nos armes avec celles de nos ennemis, vous n'encourrez pas le danger d'être notés comme suspects, et d'avoir donné une fausse idée de votre loyauté, de votre honneur, en refusant de vous rendre à l'appel que je vous fais.

>> Mais si ma voix ne peut réveiller en vous les sentimens de votre gloire, soyez vos propres insti

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