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session du corps législatif, par un discours qui, à la fois, faisait connaître la situation brillante de la France, et annonçait que son gouvernement allait subir des changemens ou modifications.

« Messieurs les députés des départemens, messieurs les tribuns et les membres de mon conseil d'état, dit-il ce jour-là, depuis votre dernière session, de nouvelles guerres, de nouveaux triomphes, de nouveaux traités de paix, ont changé la face de l'Europe politique.

» Si la maison de Brandebourg, qui la première se conjura contre notre indépendance, règne encore, elle le doit à la sincère amitié que m'a inspirée, le puissant empereur du nord.

» Un prince français règnera sur l'Elbe. Il saura concilier les intérêts de ses nouveaux sujets avec ses premiers et ses plus sacrés devoirs.

» La maison de Saxe a recouvré, après cinquante ans, l'indépendance qu'elle avait perdue.

» Les peuples du duché de Varsovie et de la ville de Dantzick ont recouvré leur patrie et leurs droits.

>> Toutes les nations se réjouissent, d'un commun accord, de voir l'influence malfaisante que l'Angleterre exerçait sur le continent, détruite sans retour.

» La France est unie aux peuples de l'Allemagne par les lois de la confédération du Rhin, à ceux des Espagnes, de la Hollande, de la Suisse et des Italies, par les lois de notre système fédératif. Nos

nouveaux rapports avec la Russie sont cimentés par l'estime réciproque de ces deux grandes nations.

>> Je désire la paix maritime. Aucun ressentiment n'influera jamais sur mes déterminations. Je n'en saurais avoir contre une nation jouet et victime des partis qui la déchirent, et trompée sur la situation de ses affaires, comme sur celle de ses voisins.

>> Mais, quelle que soit l'issue que les décrets de la Providence aient assignée à la guerre maritime, mes peuples me trouveront toujours le même, et je trouverai toujours mes peuples dignes de moi....

» J'ai médité différentes dispositions pour simplifier et perfectionner nos institutions.....

» Messieurs les députés des départemens, votre assistance me sera nécessaire pour arriver à ce résultat; et j'ai le droit d'y compter. »

Les différentes dispositions méditées pour simplifier et perfectionner les institutions françaises, parurent être la suppression du tribunat et la créa→ tion d'une nouvelle noblesse. Cette noblesse fut instuée par trois décrets le premier créa des princes, des ducs, des comtes, des barons, des chevaliers s; le second détermina la manière dont ces titres seraient transmis par les pères aux enfans; le troisième régla les ornemens des armoiries, le mode des majorats, et quelles étaient les dignités qui anobliraient par elles-mêmes. Tous les sénateurs, tous les ministres, tous les archevêques furent déclarés comtes; et les évêques barons : les possesseurs des

175 siéges épiscopaux se virent attribuer la faculté de faire de leurs neveux des comtes ou des barons, en fondant pour eux des majorats. (Note 5.)

La création de cette noblesse fit murmurer en France. Les esprits s'y étaient faits, depuis un grand nombre d'années, à l'idée de cette égalité qui, dans . la société, confond tous les citoyens en une seule, classe, et les présente sans titres, pour toutes les places, dans la sollicitation desquelles ils ne peuvent faire valoir que des vertus, des talens et des services personnels. On cria aux priviléges et à l'abus.

La noblesse n'est pas purement un abus fondé par la barbarie des temps reculés : elle est, dans la composition actuelle de la société, une institution politique dont on peut tirer un véritable avantage. Les Romains, si jaloux de leur liberté, avaient eu des nobles du temps de leur république, et ces nobles en furent la gloire et la ressource. Il ne convient pas que les dignités et les emplois soient exclusivement réservés à la noblesse; mais la noblesse, bien fondée et bien gouvernée, fournira toujours un aliment salutaire à l'armée et à la magistrature. On sent en effet quels services l'état peut tirer d'une classe d'hommes entièrement dévoués à lui, et se faisant un crime ou une honte d'élever leurs enfans pour toute autre destination que pour des fonctions publiques quelconques. Quand l'ordre ordinaire des citoyens ne lui fournira pas des sujets d'un talent marquant, il sera toujours sûr de trouver

1807. dans cette classe privilégiée des êtres qui auront, au moins théoriquement, la triture des affaires du gouvernement et l'idée des convenances de l'autorité; qui auront appris, par l'exemple de leurs ancêtres que l'homme public ne doit jamais mettre de prix à ses services, et doit toujours être prêt à joindre, pour le salut de l'empire, son patrimoine à ses appointemens.

Dans un pays qui n'aura point de noblesse, serezvous certains de trouver des particuliers qui veuillent faire instruire leurs enfans dans la science du gouvernement ou des armes, au risque de voir ensuite cette éducation pénible et coûteuse devenir inutile, si l'occasion leur manque de produire ceux qui en auront été l'objet? et si vous en trouvez quelques-uns, en trouverez-vous assez? Ne craindrezvous pas que, chez un peuple où l'on ne parlera point des vertus et des belles actions de ses pères, on ne se vante de leurs richesses, avantage qui aura procuré celui de se faire remarquer parmi les citoyens, et d'approcher la personne du monarque? Or, quelle domination plus humiliante et plus dangereuse que celle qui vient de la fortune, qu'on peut acquérir par toutes sortes de moyens, et qui n'est quelquefois que le prix de l'astuce et de l'immoralité? Par la nature de vos lois, imposez à l'ambitieux le désir des belles actions, et non la soif de l'or. Quel appât plus puissant pouvez-vous cependant présenter à l'ambition, que l'anoblissement,

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la faculté de se créer un titre qui, devant se perpétuer de génération en génération, garantira l'immortalité à celui qui l'aura acquis par son mérite ou par sa vertu ! Inventez en même temps un encouragement qui puisse davantage sur un bon père.

Chacun a sa profession qui l'absorbe, et qui doit l'absorber; ainsi le veulent la tranquillité et la prospérité de l'état : l'homme riche a ses plaisirs, ses goûts qui l'occupent aussi. Quand le gouvernement sera attaqué par des factieux, qui l'environnera d'un rempart protecteur, si nulles familles ne sont personnellement intéressées à sa conservation? Quand une invasion imprévue s'effectuera sur son territoire, en attendant que de nouvelles levées de soldats puissent renforcer ses armées insuffisantes, s'il a des nobles bien institués et bien gouvernés, il trouvera en eux, dans le moment même, des troupes dont l'audace et la fidélité ne devront point avoir de bornes; et qui, cherchant par honneur, par esprit de corps, la victoire ou la mort, feront perdre à l'ennemi l'avantage de la surprise.

Telle que nous venons de l'indiquer, la noblesse a son utilité réelle : si vous lui donnez un droit exclusif aux dignités, aux charges et aux emplois, elle est en effet un abus monstrueux, contraire à la civilisation et à la prospérité d'un empire. Ne souffrez pas seulement qu'elle devienne une recommandation qui, dans la sollicitation d'un emploi ré

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