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le service et la gloire de notre belle France. A elle mon dernier soupir..... » à ces mots il expira.

Le lendemain, 9 février, le grand duc de Berg (le prince Murat) se mit, dès la pointe du jour, à la poursuite de l'ennemi, à la tête de l'avantgarde française.

Napoléon monta à cheval vers le midi, pour aller visiter le champ de bataille. Après avoir passé en revue plusieurs divisions, il parcourut toutes les positions que les Français et les Russes avaient occupées la veille. Des traces sanglantes sur la neige et de longues lignes de cadavres russes, de blessés et de débris d'armes marquaient la place de chabataillon, de chaque escadron. Napoléon voulut qu'on eût autant soin des blessés russes que des blessés français. Les chasseurs de la garde les transportaient sur leurs chevaux; exemple honorable de la générosité française qui ne connaît d'ennemis que sur le champ de bataille !

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Les alliés s'étaient ralliés derrière la Prégel et sous les murs de Keenisberg: Napoléon ne jugea pas propos de les y poursuivre ; il avait besoin d'attendre des vivres et des provisions de toute espèce. Le dégel avait, d'ailleurs, rendu les chemins affreux. La proclamation que nous allons donner à nos lecteurs, fit connaître sa satisfaction aux troupes, en même temps que le dessein où il était de les faire rentrer dans leurs cantonnemens. Cette proclamation était ainsi conçue :

<< Soldats, nous commencions à prendre un peu de repos dans nos quartiers d'hiver, lorsque l'ennemi a attaqué le premier corps, et s'est présenté sur la Basse Vistule. Nous avons marché à lui, nous l'avons vaincu, et nous l'avons poursuivi l'épée dans les reins, l'espace de quatre-vingts lieues. Il s'est réfugié sous les remparts de ses places, et a repassé la Prégel. Nous avons enlevé, aux combats de Bergfried, de Deppen, de Hoff, à la bataille d'Eylau, soixante-cinq pièces de canon, seize drapeaux, et tué, blessé et pris plus de quarante mille hommes. Les braves qui, de notre côté, sont restés sur le champ de bataille, sont morts d'une mort glorieuse; c'est la mort des vrais soldats! Leurs familles auront des droits constans à notre sollicitude, bienfaits. Ayant ainsi déjoué tous les projets de l'ennemi, nous allons nous rapprocher de la Vistule et rentrer dans nos cantonnemens. Qui osera en troubler le repos s'en repentira; car au-delà de la Vistule comme au-delà du Danube, au milieu des frimas de l'hiver, comme au commencement de l'automne, nous serons toujours les soldats français, et les soldats de la grande armée! »

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On reprit les armes au printemps de 1807. Napoléon se porta, le 9 juin, sur Gusttadt, avec une partie de son armée, et entra dans cette ville, après avoir culbuté un corps de quinze mille Russes qui entreprit de lui disputer le passage.

Le lendemain, l'armée française se dirigea sur

Heilsberg. Toute l'armée russe était concentrée dans cette ville. Elle fit tous ses efforts pour se maintenir dans les positions qu'elle occupait en avants mais elle en fut débusquée, avec une perte considérable. Plusieurs corps français combattirent, dans cette occasion, avec un acharnement qui tenait de la fureur. Le grand duc de Berg passant après l'affaire,devant le sixième régiment de cuirassiers, le colonel nommé d'Avenay, lui montra son sabre teint de sang, et lui dit, en même temps, avec fierté : Prince, faites la revue de mon régiment, et vous verrez qu'il n'est aucun soldat dont le sabre ne soit comme le mien. Le jour suivant on présenta la bataille aux Russes, mais ils reculèrent jusqu'à Friedland, avant de vouloir engager une affaire générale.

Napoléon, après la prise d'Heilsberg, se portą sur cette ville, avec les maréchaux Lannes, Ney, Mortier et le premier corps de la grande armée, aux ordres du général Victor, pendant que, par son ordre, les maréchaux Soult et Davoust manœu vraient sur Kœnisberg.

Le 13 juin, le neuvième régiment de hussards entra dans Friedland; mais il en fut presque aussi tôt repoussé par trois mille Russes. Le lendemain, l'ennemi déboucha par le pont de cette ville, et, dès trois heures du matin, le canon se fit entendre. C'est un jour de bonheur, s'écria Napoléon; c'est Panniversaire de Marengo! et il rangea ses troupes en bataille, et marcha à l'ennemi. La bataille ne

1807. commença cependant qu'à cinq heures et demie du soir. L'armée russe s'était déployée, appuyant sa gauche sur Friedland, et étendant sa droite à une lieue et demie. Napoléon jugea le moment favorable pour attaquer Friedland; il fit brusquement un changement de front à sa droite, et confia à l'extrémité. de cette aile, le soin de commencer l'attaque. Les autres divisions de l'armée prirent successivement part au combat. Malgré la plus opiniâtre résistance de la part des Russes, Friedland fut emporté. L'ennemi échoua ensuite avec une grande perte, dans un effort qu'il fitcontre le centre de l'armée française. A onze heures du soir il était en pleine retraite, laissant sur le champ de bataille quinze à dix-huit mille morts, quatre-vingts pièces de canon et un grand nombre de caissons. Vingt-cinq de ses généraux avaient été tués, blessés ou faits prisonniers. Les Français n'avaient pas plus de trois mille cinq cents hommes hors de combat.

Aussitôt que la nouvelle de cette bataille fut parvenue à Kœnisberg, la garnison évacua la place. Le maréchal Soult, qui en prit possession, trouva, dans les hôpitaux, vingt mille Russes ou Prussiens blessés. D'immenses magasins tombèrent encore en son pouvoir.

Le Russes avaient eu soixante mille hommes mis hors de combat en dix jours, et ils se voyaient réduits à fuir, sans savoir quand ils pourraient ressaisir la victoire : ils demandèrent la paix ; le général

en chef Béningsen en fit les propositions dans une lettre adressée au général Bagration, chargé de traiter avec les Français. Il s'exprimait ainsi dans cette lettre : «< Après les flots de sang qui ont coulé, ces jours derniers, dans des combats aussi meurtriers que souvent répétés, je désirerais soulager les maux de cette guerre destructive, en proposant un armistice, avant que d'entrer dans une lutte et dans une guerre nouvelle, peut-être plus terrible que la première. Je vous prie de vouloir bien faire connaître au chef de l'armée française cette intention, dont les suites pourraient avoir un effet d'autant plus salutaire, qu'on parle déjà d'un congrès général qui pourrait prévenir une effusion inutile de sang humain. »

L'armée française, mettant sa victoire à profit, avançait, à pas de géant, sur le territoire ennemi. On la vit bientôt établir son quartier général à Tilsitt, ville frontière de la Prusse, au nord-est de Kœnisberg, où l'empereur de Russie et le roi de Prusse résidaient, quelques jours auparavant.

En vain essayait-on de ralentir la marche de l'avant-garde française, en lançant sur elle des nuées de cosaques : les soldats français en étaient déjà venus à rire de cette milice indisciplinée, redoutable dans une déroute, mais qui ne saurait tenir en ligne..

Les propositions d'armistice du prince Bagration ayant été accueillies, on s'arrêta cependant, et l'on

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