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1806. résisteraient point assez vivement à leurs tentatives, se couvriraient conséquemment d'opprobre. On répondit à ces paroles par des cris mille fois répétés de: marchons !

Il ne resta au roi de Prusse d'autre moyen d'échapper aux vainqueurs, que de fuir, pendant la nuit, à travers champs, par un intervalle qui se trouva dans le centre de l'armée française, et n'ayant pour toute escorte que son seul régiment.

Au moment où Napoléon faisait certaines dispositions, vers le milieu de la bataille, du sein de la garde à pied condamnée à rester dans l'inaction, on entendit plusieurs voix s'écrier en avant! — Qu'est-ce, dit Napoléon? Ce ne peut être qu'un jeune homme qui n'a pas de barbe, qui peut vouloir préjuger ce que je dois faire; qu'il attende qu'il ait commandé dans trente batailles rangées avant de prétendre me donner des avis. C'étaient de jeunes soldats qui avaient proféré ces cris d'impatience.

La reddition des forteresses prussiennes suivit de près la bataille de Jéna. Cette bataille avait porté un coup terrible à la Prusse. La terreur fut extrême dans la capitale. Qu'on juge du découragement par cette courte annonce de la gazette de Berlin : l'armée du roi a été battue à Auerstaedt; le roi et ses frères sont en vie,

Les Français ayant ainsi anéanti en quelque sorte un de leurs ennemis, se mirent à poursuivre dans tous les sens les débris de son armée. Le corps lé

plus considérable de cette armée, vivement pressé et presque cerné par ses adversaires, se retira en toute hâte sur Pulstuck, où il fut joint par une division russe. Ce renfort ne l'empêcha pas d'être battu, et forcé de fuir plus loin encore avec ses auxiliaires.

L'armée russe et prussienne, s'augmentant de moment en moment par les troupes russes qui lui arrivaient, eut encore à Golymin, avec les Français, un engagement où elle fut très-maltraitée. Elle y perdit quatre-vingts pièces de canon, douze cents Voitures et presque tous ses caissons, et laissa sur le champ de bataille douze mille hommes tués, blessés ou prisonniers. Si des chemins détestables n'eussent pas ralenti la marche du maréchal Soult, pendant deux jours entiers, elle eût été coupée et tellement enveloppée, qu'on l'aurait peut-être entièrement détruite.

Elle faillit, de nouveau, l'être, le 3 février, à Bergfried, où, attaquée par Napoléon en personne, elle se vit sur le point de perdre un pont, son seul point de retraite. Elle ne se déroba à ce danger qu'en se repliant précipitamment avec une perte considérable.

Ayant été jointe par des renforts beaucoup plus importans que ceux qui lui étaient parvenus jusquelà, l'armée des alliés ne tarda pas cependant à se reporter en avant, pour attaquer, à l'improviste, l'armée française qu'on avait mise en cantonnemens, Napoléon lui fit beau jeu, et son ordre était même

de battre en retraite jusqu'à Thorn, afin de l'attirer plus loin. Malheureusement l'officier par lequel le major-général envoyait cet ordre au prince de PonteCorvo (le maréchal Bernadotte ) tomba entre les mains des cosaques, sans avoir le temps de déchirer ses dépêches, et dès-lors la surprise fut manquée. Le général russe ayant appris par ce moyen, que l'armée française devait se rendre à Allenstein, s'y trouva, le 3 février, avec ses troupes rangées en bataille. Il paraît que son intention était de combattre en cet endroit; il y renonça néanmoins, et se mit bientôt en pleine retraite. On le suivit l'épée dans les reins. La colonne prussienne du général Lestocq fut coupée et défaite, le 5, par le géneral Ney. L'arrière-garde russe entreprit vainement de se maintenir dans le village d'Eylau; elle en fut chassée après un combat très-violent. On était au 7 février.

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Le 8, dès la pointe du jour, quatre-vingt mille Russes, resserrés dans un petit espace, qu'aurait pu occuper une armée de trente mille hommes s'avancèrent en colonnes hérissées d'artillerie, à une demi-portée de canon du village, et ouvrirent sur lui un feu terrible; ce fut ce qui donna lieu à la bataille d'Eylau. En peu de temps, malgré une neige épaisse qui égara une colonne commandée par le maréchal Augereau, l'infanterie russe fut culbutée, et une partie de son artillerie enlevée. Les Russes, acculés à des bois, se virent contraints de s'étendre,

Quatre à cinq mille d'entre eux, composant une colonne qui s'était aussi égarée, filèrent sur les flancs de celle du maréchal Augereau, et cherchèrent à pénétrer dans Eylau, par le côté du cimetière. Napoléon fit aussitôt avancer à leur rencontre un bataillon de sa garde sous les ordres du général Dorsenne. Ce bataillon s'avança, l'arme au bras, et en faisant si bonne contenance, que la colonne russe s'arrêta tout court. Les grenadiers ayant reçu l'ordre de tirer, répondirent : nous ne savons charger qu'à la bayonnette; et ils ne tardèrent point effectivement à faire un usage terrible de cette arme. Cette colonne fut presque en même temps chargée, d'un côté, par l'escadron de la garde qui se trouvait de service près de Napoléon, et de l'autre, par deux régimens de cavalerie ayant à leur tête le colonel Bruyères. Un très-petit nombre de ces quatre mille hommes échappèrent. Le maréchal Davoust culbuta bientôt la gauche de l'armée russe qui occupait un plateau, s'empara de ce plateau, et, à trois heures du soir, couronna ses positions. L'ennemi sentant toute l'importance du poste, essaya vainement, trois fois, de le reprendre. Le champ de bataille resta à l'armée française; elle appuya sa gauche à Eylau, et sa droite au bois et au plateau. Dès ce moment la victoire fut décidée, et les Russes ne s'occupèrent plus que de leur retraite.

Celle de l'arrière-garde, jusqu'à Konisberg, ne fut qu'une vraie déroute.

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Les Russes laissèrent sur le champ de bataille sept.mille des leurs, environ quinze cents prisonniers, autant de blessés, dix-huit drapeaux et quarante-cinq pièces de canon.

Les Français firent aussi des pertes auxquelles ils durent être sensibles: le général Corbineau, et les colonels Lacuée et Lemarois furent tués par des boulets; le colonel Bouvier, du onzième de dragons, reçut une blessure mortelle; les généraux Desjardins, Heudelet et Lochet furent dangereusement blessés.

Les officiers de tous grades rivalisèrent de zèle et de dévouement. Le maréchal Augereau, attaqué d'une maladie grave, n'eut pas plus tôt entendu le bruit du canon annoncer le commencement de la bataille, qu'il se fit attacher sur son cheval; et rejoignit son corps d'armée au grand galop. Il ne quitta le commandement qu'après avoir été blessé par une balle.

Les soldats voulaient porter à l'ambulance, le capitaine des grenadiers de la garde, Auzoni, qui, blessé mortellement, était couché sur le champ de bataille; cet officier, revenant un moment à lui, leur dit: «Laissez-moi, mes amis; je meurs content, puisque nous avons la victoire, et que je puis mourir sur le lit d'honneur, environné de canons pris à l'ennemi, et des débris de sa défaite. Dites à Napoléon, que je n'ai qu'un regret, c'est que, dans quelques instans, je ne pourrai plus rien pour

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