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d'aller plus loin. Le roi a supporté tout ce qui ne regardait que sa personne; il s'est mis au-dessus des jugemens de l'ignorance et de la calomnie, dans l'espoir qu'il pourrait conduire son peuple sans secousse à l'époque qui arrivera peut-être tard, mais qui arrivera finfailliblement, où l'usurpation trouvera son terme, l'ambition son châtiment, et l'hon

neur sa récompense. »

Cependant l'ennemi que voulait abattre le descendant du grand Fréderic était sur ses gardes. A peine le roi de Prusse avait-il commencé à mettre son armée sur le pied de guerre, que l'empereur des Français, faisant usage du pouvoir que lui donnait son titre de protecteur de la confédération du Rhin, avait écrit à tous les princes confédérés : « Que la Prūsse armait depuis un mois, sans cause et sans raison; que ces armemens lui paraissaient le résultat d'une coalition avec la Russie et l'Angleterre, dirigée principalement contre la confédération du Rhin ; que, dans ce cas, ce cas, il lui paraissait urgent de convoquer les forces que la confédération du Rhin était obligée de fournir pour la défense de ses intérêts communs ; qu'au lieu de deux cent mille hommes que, par le traité, la France devait fournir, elle en fournirait trois cent mille; et que les troupes nécessaires pour compléter ce nombre, seraient transportées en poste sur le Rhin. »

Tandis que cette dernière disposition s'exécutait effectivement avec toute la célérité possible, Napo

léon adressait à son sénat une lettre ostensible, dans laquelle il disait :

<«< Les armées prussiennes, portées au grand complet de guerre, se sont ébranlées de toutes parts, ont dépassé leurs frontières et envahi la Saxe. Notre premier devoir, à cette nouvelle, a été de passer le Rhin nous-même, de former nos camps, et de faire entendre le cri de guerre. Il a retenti au cœur de tous nos guerriers.

>> Tous nos camps sont formés; nous allons marcher contre les armées prussiennes, et repousser la force par la force. Dans une guerre aussi juste, où nous ne prenons les armes que pour nous défendre, que nous n'avons provoquée par aucun acte, par aucune prétention, et dont il nous serait impossible d'assigner la vraie cause, nous comptons entièrement sur le secours de Dieu, sur l'appui des lois, et sur l'affection de nos peuples. >>

Le 1er octobre on négociait encore; et le 4, l'auteur de cette lettre était à Wurtzbourg, à la tête de cent cinquante mille hommes, qu'il animait aux combats par cette allocution:

<< SOLDATS !

» L'ordre pour votre rentrée en France était parti; vous vous en étiez déjà rapprochés par plusieurs marches. Des fêtes triomphales vous attendaient, et les préparatifs pour vous recevoir étaient commencés dans la capitale.

>> Mais lorsque nous nous abandonnions à cette

constante sécurité, de nouvelles trames s'ourdissaient sous le masque de l'amitié et de l'alliance, Des cris de guerre se sont fait entendre à Berlin; depuis deux mois nous sommes provoqués tous les jours davantage.

>> Soldats! il n'est aucun de vous qui veuille retourner en France par un autre chemin que celui de l'honneur. Nous ne devons y rentrer que sous des arcs de triomphe.

» Marchons donc, puisque la modération n'a pu les faire sortir de cette étonnante ivresse. Que l'armée prussienne éprouve le même sort qu'elle éprouva, il y a quatorze ans, dans les plaines de la Champagne; qu'elle apprenne que, s'il est facile d'acquérir un accroissement de domaines et de puissance, avec l'amitié du grand peuple, son inimitié, qu'on ne peut provoquer que par l'aban don de l'esprit de sagesse et de raison, est plus terrible que les tempêtes de l'océan. »>

Les dernières lignes de cette proclamation avaient trait au don que Napoléon avait fait du Hanovre à la Prusse.

Les Français trouvèrent les Prussiens en position entre la Saal et la Verra le centre était à Gotha et à Erfurth; la droite à Tisenach, et la gauche à Weimar, appuyée sur les hauteurs qui couronnent la contrée, entre cette ville et Jéna. Les Prussiens avaient forcé les Saxons et les Hessois à entrer dans leurs rangs. Plusieurs combats

livrés par les Français aux troupes prussiennes les plus avancées préludèrent à l'affaire générale qui eut lieu le 14 octobre. Le prince Louis de Prusse, qu'on assurait avoir été le principal moteur de la guerre, périt dans l'un de ces combats.

Le 13, l'armée prussienne changea de direction, et se forma en bataille entre Capellendorf et Averstaedt, faisant face à la Saal. C'est dans cette position'que se livra, le lendemain, la mémorable bataille de Jéna. La victoire fut complète pour les Français, bien qu'ils eussent attaqué sans attendre leur cavalerie. Ils firent environ trente-cinq mille prisonniers dont vingt généraux, et prirent soixante drapeaux ou étendards, trois cents pièces d'artillerie et des magasins immenses. Les Prussiens eurent encore plus de vingt mille tués ou blessés, parmi lesquels le duc de Brunswick, les généraux Schmettau et Ruchel. Le prince Henri de Prusse et le maréchal Mollendorf furent blessés d'une manière grave, mais non mortellement. Les rapports des Français ne portèrent de leur côté, le nombre des morts qu'à onze cents hommes, et celui des blessés à trois mille. Parmi leurs morts ils comptèrent le général de Billi; les colonels Vergès du douzième de ligne, Lamotte du trente-sixième, Nicolas du soixante-unième, Higonet du cent huitième, Harispe du seizième d'infanterie légère, Marigny du vingtième de chasseurs, et Barbe du neuvième de hussards. Le général Conroux fut blessé. Le maréchal Lannes eut

la poitrine rasée d'un biscayen qui, fort heureusement, ne porta pas. Les habits du maréchal Dayoust furent criblés de balles.

Tous les corps de l'armée française se couvrirent de gloire. On remarqua cependant, d'une manière particulière, des charges exécutées par les premier, septième et vingtième régimens de chasseurs, et les troisième de hussards et douzième de chasseurs sous les ordres, les uns du général Durosnel, et les autres du général Colbert,

Napoléon commanda en personne, et jamais son habileté ne décida plus promptement la victoire. Avant d'engager l'action il parcourut plusieurs lignes ⚫ de son armée. Il recommanda à chaque corps la cavalerie prussienne depuis si long-temps vantée; il leur parla de l'anniversaire d'Ulm qui effaçait les souvenirs de la Champagne; il leur rappela que l'armée d'Autriche à Ulm était embarrassée dans ses positions, comme les Prussiens dans les leurs, auprès de Jéna, puisqu'ils avaient déjà perdu leurs lignes d'opérations, leurs magasins, et la majeure partie de leurs ressources, soit pour se défendre, soit pour attaquer : il leur fit sentir que, dans ce moment, les Prussiens étaient réduits, après quelques jours de campagne, à combattre, non pour vaincre, mais pour tâcher de se retirer avec honneur de toutes les fausses positions où ils s'étaient placés; qu'ils ne pouvaient obtenir de retraite qu'en faisant une trouée sur divers points, et que les corps qui ne

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