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les motifs qui lui font regarder la guerre comme un devoir.

» La politique française a été depuis quinze ans le fléau de l'humanité. Que les dominateurs mal affermis qui, depuis 1792, se sont succédés dans le gouvernement de la France n'aient espéré maintenir leur puissance chancelante qu'en entraînant la nation dans une suite de guerres non interrompues; qu'ils aient cru garantir leur existence politique, en plongeant les autres peuples dans un abîme de malheurs, rien d'étonnant.

» Mais lorsqu'on vit s'établir dans ce pays un gouvernement plus stable, auquel on ne pouvait pas supposer le même besoin, les amis de la paix concurent des espérances; et certes, Napoléon, revêtu d'un pouvoir absolu, couvert des lauriers de la victoire, entouré d'états faibles ou d'adversaires terrassés, était appelé à jouer un plus beau rôle. Il ne lui restait plus rien à faire pour la gloire de la France; il pouvait tout pour sa prospérité.

>> Nous le disons à regret : le gouvernement français avait changé; la politique française resta la même. Une ambition insatiable fut toujours son caractère prédominant. Pour arriver à ses fins, elle abusa tour à tour de la force des armes et des transactions de la paix. A peine celle d'Amiens fut-elle conclue, que le signal des premières usurpations fut donné. Deux états indépendans, la Hollande et la Suisse, furent forcés d'accepter des

constitutions qui en firent des provinces françaises. Le renouvellement de la guerre avec l'Angleterre fut une suite de ces actes arbitraires.

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Cependant la paix ne fut pas interrompue sur le continent; l'empire germanique l'avait achetée par des sacrifices énormes. Ce fut au milieu de cette paix que les troupes françaises envahirent l'électorat d'Hanovre, auquel la guerre entre la France et la Grande-Bretagne devait être étrangère. Ce fut au milieu de cette paix que les mêmes troupes violèrent l'indépendance du territoire allemand d'une manière plus outrageante encore : les Allemands n'ont pas vengé la mort du duc d'Enghien; mais jamais le souvenir de ce forfait ne s'effacera parmi eux.

>> Le traité de Lunéville garantissait l'indépendance des républiques d'Italie. En dépit des promesses les plus solennelles, Napoléon plaça sur sa tête la couronne de fer; Gênes fut réuni à la France; Lucques eut le même sort. Le Portugal n'obtint la permission de garder la neutralité qu'au poids de l'or. Ces faits étaient toujours accompagnés d'un système d'injures et d'outrages.

» La Prusse ne pouvait voir avec indifférence ces vexations. On sait trop ce que la Prusse a fait pour obliger Napoléon. Ce fut la première puissance qui reconnut ce prince. Tout ce que le devoir d'un bon voisin peut commander, la Prusse l'avait

accompli pendant six années consécutives. Il y a plus la Prusse avait conservé une haute estime pour une nation vaillante qui avait appris à son tour à estimer la Prusse. Le roi se plaisait à rendre justice au génie du chef des Français. Il ne voulait pas rompre des liens que la nature des choses et une certaine communauté d'intérêts avaient formés. Le souvenir de ce temps n'existe plus pour Napoléon.

>> La Prusse permit l'invasion de l'électorat d'Hanovre ; c'est une faute qu'elle se reproche. La Prusse refusa d'entrer dans la quatrième coalition, qui fut si funeste à l'Autriche. La Prusse ferma les yeux sur la violation que les Français firent de son territoire de Bayreuth, le 3 octobre de l'année dernière.... C'est ainsi que se prolongea, pendant plusieurs années, un combat remarquable entre la modération et la bonne foi d'une part, l'insolence et l'abus du pouvoir de l'autre.

>> Le roi avait enfin appris à connaître l'empereur des Français; il déclara qu'il se regardait comme dégagé de toutes les obligations contractées avec lui; il mit ses armées sur pied; mais, se tenant sur la défensive, on sait les désagrémens que son inaction lui attira de la part de l'Angleterre.

» La France n'y gagna rien; mais elle triomphait en secret de l'idée d'avoir brouillé deux cours, dont l'accord pouvait lui devenir funeste.

» De nouveaux griefs ont mis le comble à l'inso

lence des Français et poussé à bout la patience du roi.

» La base du traité de Presbourg était le statu quo du moment de la signature, et par conséquent la garantie de l'empire germanique constitué comme il était. Le traité garantissait à François II les rapports dans lesquels la paix le plaçait, et par conséquent la couronne d'Allemagne, et les prérogatives qui y étaient attachées. La même garantie . commune confirmait et resserrait le lien, qui, depuis tant de siècles, attachait la Bavière et le Wurtemberg à l'empire. Trois mois après, la confédération du Rhin renversa la constitution de l'empire germanique, ravit à l'empereur le plus beau joyau de sa couronne, et plaça la Bavière, le Wurtemberg, etc.... sous la tutelle de la France.

>> Mais, pour juger cet événement mémorable, est-il nécessaire d'avoir recours aux traités? Les nations ont des droits avant les conventions diplomatiques : et quand la France ne se serait pas jouée de la sainteté des sermens, cet acte d'un despotisme sans exemple n'en aurait pas moins révolté tous les esprits.

>> Priver de leur souveraineté des princes qui n'avaient jamais offensé la France; les transformer en vassaux de quelques vassaux du gouvernement français; anéantir d'un coup de plume une constitution qui date depuis plus de mille ans, qu'une longue habitude et des rapports réciproques avaient rendue

chère à tant de princes, que toutes les puissances de l'Europe et la France elle-même avaient si souvent garantie; l'anéantir malgré le désespoir des victimes, et les remords des complices; l'anéantir sans en prévenir l'empereur d'Allemagne, auquel on ravissait une couronne; sans consulter la Russie, qui, naguère encore, avait garanti la ligue germanique, ni la Prusse, si essentiellement intéressée à l'existence de cette ligue ! certes ! on a vu de grandes catastrophes produites par le fléau de la guerre; mais jamais, au milieu de la paix, on n'avait osé donner à l'univers un pareil spectacle ! »

Après avoir ici précisé quelques-unes des suites désastreuses de cet attentat à la liberté germanique, le roi de Prusse continuait en ces termes :

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Le dernier doute sur les intentions de Napoléon avait disparu; des troupes de l'intérieur de la France marchaient vers le Rhin ; il était évident que la Prusse allait être attaquée; un temps précieux se perdait. Le roi fit présenter par le général Knobelsdorff une note renfermant les conditions auxquelles il consentait à s'arranger. La note resta sans réponse.

» Désormais le roi ne peut confier qu'aux armes l'honneur et la sûreté de sa personne. Il les prend avec un sentiment pénible, parce qu'une gloire qui coûtera des larmes à son peuple n'a jamais pu le tenter: il les prend avec confiance, parce que sa cause est juste. Le roi a poussé la condescendance jusqu'au dernier point : l'honneur ne lui permet pas

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