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d'étape qui seront marquées par l'empereur, et qu'elle évacuera l'Allemagne et la Pologne autrichienne. A cette condition j'ai ordre de me porter à nos avant-postes, et d'y donner des ordres pour protéger votre retraite, l'empereur voulant respecter l'ami du premier consul. — Quelle garantie vous faut-il pour cela? Sire, votre parole. - Je vous la donne. » Cet officier alla aussitôt pourvoir à tout. L'empereur de Russie lui avait demandé quelques détails sur la bataille : « vous étiez inférieurs à moi, et cependant vous étiez supérieurs sur tous les points d'attaque. Sire, c'est l'art de la guerre, et le fruit de quinze ans de gloire; c'est la quarantième bataille que l'empereur donne. Cela est vrai; c'est un grand homme de guerre. Pour moi c'est la première fois que je vois le feu je n'ai jamais eu la prétention de me mesurer avec lui. — Sire, quand vous aurez de l'expérience, vous le surpasserez peutêtre. Je m'en vais donc dans ma capitale. L'empereur d'Autriche m'a fait dire qu'il est content; je le suis aussi. » Dès le lendemain, ce prince donna à son armée, l'ordre de retourner en Russie. Il reprit lui-même, en poste, la route de Saint-Pétersbourg. Napoléon lui renvoya sa garde-noble et ses chevaliers-gardes, sans rançon,

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Le 6 un armistice fut signé entre la France et l'Autriche. Le 26 on conclut un traité de paix à Presbourg. Par ce traité, la souveraineté de la Bavière et du Wurtemberg fut reconnue; Venise se

trouva réunie au royaume d'Italie, et la constitution germanique fut abolie; le chef de la maison d'Autriche, ensuite des concessions qu'il faisait, ne fut plus, à bien parler, qu'empereur d'Autriche, et non pas d'Allemagne. (Note 3.)

Le roi de Naples s'était engagé, par un traité formel, à garder la neutralité la plus exacte pendant la guerre de 1805; il ne devait surtout confier le commandement de ses armées ou de ses places à aucun officier russe, autrichien, anglais, ou émigré français. Cependant, le 20 novembre, des Russes, des Anglais et des Esclavons débarquèrent amicalement à Naples, et les troupes napolitaines recurent l'ordre d'obéir au général Lasci qui commandait les Russes. Délivré des ennemis qu'il avait eu à combattre, Napoléon songea à tirer vengeance de la cour de Naples. Une armée française et italienne marcha bientôt contre elle, ayant à sa tête l'aîné des frères de l'empereur des Français. La proclamation suivante, en date du 27 décembre, avait appris à cette armée, où elle allait, et quels griefs elle était appelée à redresser. « Soldats, était-il dit dans cette proclamation, depuis dix ans j'ai tout fait pour sauver le roi de Naples : il a tout fait pour se perdre. Après les batailles de Dégo, de Mondovi, de Lodi, il ne pouvait m'opposer qu'une faible résistance : je me fiai aux paroles de ce prince et fus généreux envers lui. Lorsque la seconde coalition fut dissoute à Marengo, le roi de Naples, qui, le

premier, avait commencé cette injuste guerre, abandonné à Lunéville par ses alliés, resta seul sans défense: il m'implora; je lui pardonnai une seconde fois. II y a peu de mois que vous étiez aux portes de Naples. J'avais d'assez légitimes raisons de pressentir la trahison qui se méditait, et de venger les outrages qui m'étaient faits. Je fus encore généreux: je reconnus la neutralité de Naples; je vous ordonnai d'évacuer ce royaume'; et pour la troisième fois, la maison de Naples fut affermie et sauvée. Pardonnerons-nous une quatrième fois? Nous fierons-nous, une quatrième fois, à une cour sans honneur, sans raison? Non! non! la dynastie de Naples a cessé de régner; son existence est incompatible avec le repos de l'Europe et l'honneur de ma couronne. Soldats, marchez, précipitez dans les flots, si tant est qu'ils vous attendent, ces débiles bataillons des tyrans des mers. Montrez au monde de quelle manière nous punissons les parjures. Ne tardez pas à m'apprendre que l'Italie entière est soumise à mes lois ou à celles de mes alliés; que le plus beau pays de la terre est enfin affranchi du joug des hommes les plus perfides; que la sainteté des traités est vengée, et que les mânes de mes braves soldats, égorgés dans les ports de la Sicile à leur retour d'Égypte, après avoir échappé à tous les périls des naufrages de la mer, des déserts et de cent combats, sont enfin apaisés. Soldats ! mon frère marche à votre tête; il connaît mes projets ;

il est dépositaire de toute mon autorité; il a toute ma confiance, honorez-le de la vôtre. »

En vain le roi de Naples voulut-il détourner la tempête prête à fondre sur lui; ses envoyés ne furent pas même écoutés. A l'approche de Joseph Napoléon les troupes de la coalition disparurent. Les Russes allèrent joindre les vaisseaux qui les attendaient à Baies pour les transporter à Corfou; les Anglais s'embarquèrent à Castellamare : le roi Ferdinand se vit réduit aux seules forces napolitaines qui furent bientôt dissoutes. Lui et sa famille ne tardèrent pas à être forcés de se réfugier en Sicile, et Joseph Napoléon fut, par son frère, proclamé roi du pays qu'il venait de conquérir.

En revenant à Paris, Napoléon s'arrêta quelques jours à Munich, pour y être témoin du mariage du vice-roi d'Italie, son beau-fils, avec une fille du roi de Bavière. Il adopta en même temps ce jeune prince, afin de le rendre habile à porter plus tard la couronne italienne, qui ne devait rester sur la tête de l'empereur des Français que jusqu'à la paix générale.

La victoire avait consacré les empiètemens auxquels les empereurs de Russie et d'Autriche avaient voulu vainement s'opposer: de nouvelles entreprises ne tardèrent pas à amener de nouveaux combats.

La première fut la création d'un royaume de Hollande en faveur de celui des frères de Napoléon

dont le prénom était Louis. Elle se fit de la manière suivante.

Le jeudi 5 juin 1806, une députation extraordinaire des états-généraux de Hollande ayant été présentée à l'audience de l'empereur des Français, le vice-amiral Verhuel, président, parla en ces

termes :

« SIRE,

» Les représentans d'un peuple connu par sa patience courageuse dans les temps difficiles, célèbre par la solidité de son jugement et par sa fidélité à remplir ses engagemens, nous ont donné l'honorable mission de nous présenter devant le trône de Votre Majesté. Ce peuple a beaucoup souffert des agitations de l'Europe et des siennes. Témoin des catastrophes qui ont renversé quelques états, victime des désordres qui les ont tous ébranlés, il a senti la nécessité de se placer sous la première des sauvegardes politiques de l'Europe. Nous sommes chargés, Sire, d'exprimer à Votre Majesté le vœu de nos représentans; nous la supplions de nous accorder comme chef suprême de notre république, comme roi de Hollande, le prince Louis Napoléon, frère de Votre Majesté, auquel nous remettons, avec une entière et respectueuse confiance, la garde de nos lois, la défense de nos droits politiques, et tous les intérêts de notre patrie.

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L'empereur des Français répondit :

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