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sonnier le prince Repnin, commandant les chevaliers-gardes de l'empereur de Russie.

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Napoléon témoigna hautement sa satisfaction aux troupes «< Soldats, leur dit-il dans une proclamation, je suis content de vous ; vous avez, à la journée d'Austerlitz, justifié tout ce que j'attendais de votre intrépidité; vous avez décoré vos aigles d'une gloire immortelle.... Une armée de cent mille hommes, commandée par les empereurs de Russie et d'Autriche, a été en moins de quatre heures, ou coupée, ou dispersée ; ce qui a échappé à notre fer, s'est noyé dans les lacs.... La paix ne peut pas être éloignée.... Lorsque tout ce qui est nécessaire pour assurer le bonheur et la prospérité de la patrie sera accompli, je vous ramenerai en France; là, vous serez l'objet de mes plus tendres sollicitudes. Mon peuple vous reverra avec joie, et il vous suffira de dire : j'étais à la bataille d'Austerlitz, pour qu'on réponde: voilà un brave! »

Au moment où il donnait le signal du combat, il s'était écrié : Il faut faire finir cette campagne par un coup de tonnerre qui confonde l'orgueil de

nos ennemis !

Tout, dans ce jour, appartint à l'héroïsme. La plupart des blessés, demeurés sur le champ de bataille, s'oubliaient eux-mêmes pour ne songer qu'à la patrie. L'un demandait si la victoire était bien assurée; un autre disait avec orgueil : je souffre

depuis le commencement de la bataille, je suis abandonné; mais j'ai bien fait mon devoir. - Général, disait un troisième, vous devez être content de vos soldats.

La garde, vers le milieu de l'engagement, était aù désespoir de n'avoir encore pu donner, et demandait à faire quelque chose: «< Réjouissez-vous de ne rien faire, lui répondit Napoléon, vous devez donner en réserve; tant mieux si aujourd'hui on n'a pas besoin de vous.

La mort du général Valhubert, blessé grièvement dès le commencement de la bataille, fut d'un bel et grand exemple. Vu la grande supériorité numérique de l'ennemi, on avait défendu de dégarnir les rangs sous prétexte d'emmener les blessés. Des soldats voulurent néanmoins enlever le général que nous venons de nommer; il refusa de le souffrir: Souvenez-vous de l'ordre du jour, ditil, si vous revenez vainqueurs, on me relevera après la bataille; si vous êtes vaincus, je n'attache plus de prix à la vie. Cet officier écrivit les mots suivans à Napoléon, avant de mourir : « Sire, j'aurais voulu plus faire pour vous; je meurs dans une heure. Je ne regrette pas la vie, puisque j'ai participé à une victoire qui vous assure un règne heureux, Quand vous penserez aux braves qui vous étaient dévoués, pensez à ma mémoire. Il me suffit de vous dire que j'ai une famille; je n'ai pas besoin de vous

t

la recommander. » Les colonels Morland, Lacuée et Mas, qui succombèrent aussi, ne pensaient pas différemment.

Du côté des Français on perdit une seule aigle, encore fut-ce par accident; nous allons en donner la preuve. Cette aigle appartenait au quatrième régiment de ligne. Quelques jours après la bataille, Napoléon passa ce régiment en revue. Arrivé au premier bataillon, il dit : « Soldats, qu'avez-vous fait de l'aigle que je vous ai donnée? Vous aviez juré qu'elle vous servirait de point de ralliement, et que vous la défendriez au péril de votre vie; comment avez-vous tenu votre promesse? » Le major répondit, que le porte-drapeau ayant été tué dans une charge au milieu de la plus forte mêlée, la fumée avait empêché qu'on s'en aperçût; que cependant la division ayant fait un mouvement à droite, le bataillon avait appuyé ce mouvement; que ce n'était que long-temps après, qu'on s'était aperçu de la perte de son aigle; que la preuve qu'il avait été réuni, c'est qu'un moment après, il avait culbuté deux bataillons russes, et pris deux drapeaux, dont il faisait hommage, espérant que cela lui vaudrait qu'on lui rendît une autre aigle. Napoléon parut hésiter; puis il dit : « Officiers et soldats, jurez-vous qu'aucun de vous ne s'est aperçu de la perte de son aigle, et que si vous vous en étiez aperçus, vous vous seriez précipités pour la reprendre, ou que vous auriez péri sur le champ de

bataille ? car, un soldat qui a perdu son aigle, a tout perdu. >> Mille bras se levèrent à la fois : « Nous le jurons, cria-t-on de toutes parts, nous jurons de défendre l'aigle que vous nous donnerez, avec la même intrépidité que nous avons mise à prendre les deux drapeaux que nous vous présentons! - En ce cas, dit en souriant Napoléon, je vous rendrai done votre aigle. »

Les alliés s'étaient vaill amment battus, officiers et soldats. Le commandant de l'artillerie russe ; était emmené prisonnier, après s'être vu enlever toute son artillerie. Il rencontra Napoléon : Sire, lui dit-il, dans son désespoir, faites-moi fusiller, je viens de perdre toutes mes pièces.-Jeune homme, lui répondit Napoléon, j'apprécie vos larmes, mais on peut être battu par mon armée, et avoir encore des titres à la gloire.

Ce fut l'empereur d'Allemagne qui, le premier, fit demander, par l'intermédiaire du prince Jean de Lichtenstein, une entrevue à Napoléon. La conférence eut lieu, le 4 décembre, au bivouac de ce dernier. » Je vous reçois dans le seul palais que j'habite depuis deux mois, dit Napoléon à l'empereur d'Allemagne. » Le monarque allemand répondit en souriant: «< vous tirez si bon parti de votre habitation, qu'elle doit vous plaire. » On convint d'un armistice, et l'on arrêta les premières conditions de la paix. L'empereur d'Allemagne demanda une trève pour les restes de l'armée russe. Napoléon lui

objecta qué cette armée était cernée; « mais, ajoutat-il, je désire faire une chose agréable à l'empereur Alexandre : je laisserai passer son armée, j'arrêterai la marche de mes colonnes; mais Votre Majesté me promet-elle que l'armée russse retournera en Russie, et évacuera l'Allemagne et la Pologne autrichienne et prussienne? - C'est l'intention de l'empereur Alexandre, je puis vous en assurer; d'ailleurs, vous pourrez vous en convaincre par vos propres officiers. » Le général Savary fut chargé de suivre l'empereur d'Allemagne, pour recevoir la parole de l'empereur Alexandre. Quand l'empereur d'Allemagne se fut éloigné, Napoléon dit

ses officiers : «< cet homme me fait faire une faute, car j'aurais pu suivre ma victoire, et prendre l'armée russe et autrichienne; mais enfin quelques larmes de moins seront versées. >>

*

Le général Savary arriva, vers minuit, à l'armée russe. Elle était dans le plus grand désordre et cernée par le général Davoust. «< Dites à votre maître, lui cria l'empereur de Russie aussitôt qu'il l'aperçut, qu'il a fait des miracles; que la journée d'hier a accru mon admiration pour lui; que c'est un prédestiné du ciel; qu'il faut à mon armée cent ans pour égaler la sienne. Mais puis-je me retirer en sûreté? Oui, Sire, si Votre Majesté ratifie ce que

les deux empereurs de France et d'Allemagne ont arrêté dans leur entrevue. - Et qu'est-ce?

Que Votre Majesté feraretirer son armée par les journées

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