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de bataille aussi funeste. Quels encouragemens y trouvèrent-elles en arrivant? Des monceaux de cadavres de leur nation, et les cris de leurs compatriotes mourant vaincus? Ce spectacle, ces cris excitèrent chez elles le désir de la vengeance : ils eussent glacé et épouvanté des troupes formées d'hommes naturellement froids et réfléchis.

Vainement, afin d'étourdir sur la descente de Bonaparte en Italie, ses partisans ont-ils essayé de le comparer, dans cette action de sa vie, à Annibal traversant les Alpes, pour aller attaquer les Romains dans Rome; le véritable chemin pour arriver à Vienne, était du côté du Rhin, et cę chemin n'avait pas les mêmes dangers que celui que Bonaparte prit à revers. Annibal, en avançant dans l'Italie, poussait les armées romaines devant lui: Bonaparte, en prenant comme il le fit l'Italie par le milieu, placait une partie des Autrichiens sur ses derrières. Annibal, en cas de malheur, laissait encore la mer pour barrière entre Rome et sa patrie; Bonaparte, défait, ne laissait rien de semblable entre les Autrichiens et la république française. Il avait risqué le tout pour le tout ; et cependant quand il le fit, les républicains n'en étaient pas réduits là, puisque la retraite des Russes les mettait hors de la nécessité des partis désespérés et des mesures extrêmes.

Nous avons vu à quels dangers se trouvait exposé le midi de la France, lorsque Bonaparte songea à aller se mettre à la tête des troupes. La prudence

et toutes les règles de l'art militaire voulaient que l'on portât du monde vers Gênes, pour y former une armée qui fût bientôt en état de secourir les assiégés, et de regagner par suite pied à pied,l'Italie, où de grandes facilités devaient se présenter à mesure que l'on ferait du chemin. Cependant l'armée du Rhin, qui était dans une attitude respectable, aurait, au moyen de quelques renforts, avancé de son côté; ce qui n'eût pas tardé à mettre les Autrichiens dans un double embarras, dont ils se seraient tirés avec bien de la peine. En supposant que les armées françaises d'Italie et du Rhin, n'eussent pas opéré heureusement ce mouvement com-. biné, elles auraient encore pu, sûres de leur retraite et de leur communication avec tous les renforts qu'on leur enverrait, sauver la république française. Les échecs éprouvés par elles n'auraient été dans ce cas que des événemens ordinaires de guerre, pouvant conséquemment se réparer, et n'entraînant pas l'assujettissement nécessaire du peuple vaincu. Que serait-il, au contraire, arrivé sans la victoire de l'armée que Bonaparte avait lancée pardessus les Alpes? Cette armée n'aurait pas eu le temps de gravir une seconde fois les montagnes de la Suisse et de la Savoie. Quelques hommes isolés eussent pu seuls échapper, de cette manière, aux vainqueurs, qui maîtres de Gênes, seraient entrés par-là en France, compromettant l'autre armée française, déjà affaiblie, et la plaçant entre deux

feux, à mesure qu'ils auraient pénétré dans le cœur

du pays.

Génes s'était rendu aux Autrichiens, onze jours avant la bataille de Marengo, et avait ainsi compromis le salut de l'armée française en Italie. Ses défenseurs s'étaient cependant montrés les premiers soldats de l'Europe. Nous allons faire connaître à nos lecteurs, les principaux détails du siége; il a couvert de gloire le général Masséna et les guerriers français qui combattaient sous ses ordres.

Masséna fut envoyé à Gênes par le premier consul, dans le mois de février. Il y arriva le 18. Il s'agissait de tenir assez long-temps dans cette position, pour donner à Bonaparte le temps de descendre par les Alpes, sur les derrières de l'armée autrichienne. On avait promis au général un renfort de vingt-deux bataillons; mille hommes seulement parvinrent dans ces premiers momens jusqu'à lui. Bientôt il fut bloqué dans Gênes, avec quinze mille et quelques hommes, par une armée deux fois plus forte, et qui pouvait se renforcer encore à volonté. Il n'avait de vivres que pour vingt-quatre heures: quelques jours de plus, et il ne se serait pas trouvé dans le même embarras; trois demi-brigades d'infanterie et trois régimens de cavalerie, devaient ne pas tarder à venir le joindre; dix-huit mille quintaux de blé étaient près d'entrer dans le port. Il fallut renoncer à ces espérances, et se contenter de ce qu'on avait.

Malgré l'infériorité des forces, il était nécessaire de prendre l'offensive, afin d'éloigner l'ennemi de la ville, seule manière de la défendre avec avantage. Le 25 avril, pendant qu'une flotte anglaise, se présentant du côté de la mer, interceptait tous les arrivages, les troupes autrichiennes attaquérent du côté de la terre: les postes de Monte-Cornua, Torriglia, Scoffera, Cadibona et Monte-Mero, les virent dès le lendemain à leur portée. Maître de Monte - Facio, l'ennemi bivouaqua sur une hauteur à la vue de Gênes, affectant d'y allumer de grands feux dont la vue imposante devait, selon lui, exciter une insurrection dans la ville. Pas un habitant ne bougea cependant : mais il importait d'affermir ces bonnes dispositions par des succès; on marcha aux Autrichiens. Masséna divisa en deux.colonnes les troupes qu'il voulait faire servir à cette entreprise. Ces deux colonnes, s'avançant par deux routes différentes, opérèrent avec l'accord le plus heureux : elles attaquérent à quatre minutes de distance l'une de l'autre. L'ennemi fut complètement battu par elles, pendant que sur un troisième point, Masséna le menait non moins rudement. Les Autrichiens perdirent dans cette journée, outre leurs morts, quinze cents hommes qui furent faits prisonniers par les Français. La rentrée de Masséna dans Gênes fut un véritable triomphe. Les habitans remarquèrent avec admiration, que, quels que fussent les besoins

des soldats français, pas un seul prisonnier n'avait été dépouillé.

Ce combat glorieux préluda à vingt autres où se signalèrent également la valeur et l'habileté des assiégés..

Le général Mélas tourna, dans un certain moment, une position qu'occupait le général Gardanne en avant de Varragio; sommé de mettre bas les armes, celui-ci répondit : les Français ne capitulent point, quand ils peuvent se battre ; et effectivement il combattit, et demeura vainqueur.

A un combat près de Macarollo, le général en chef prit aux Autrichiens deux pièces de canon, leur tua et blessa beaucoup de monde, et leur fit encore six cents prisonniers.

A un autre près de la Verreria, le général Cazan leur enleva deux mille hommes et sept drapeaux. A cette affaire, les grenadiers, qui attaquaient en masse, vinrent à manquer de poudre en avant! s'écria l'un d'eux nommé Bonnot, et ce cri devint le signal de la défaite de l'ennemi qui fut chassé de son poste, à l'arme blanche.

A Varragio encore, le général autrichien Bellegarde, se croyant maître des événemens, envoya son chef d'état-major sommer le général Soult de se rendre, en lui représentant qu'à la connaissance de tout le monde, les Français manquaient de vivres et de cartouches; Soult lui répondit: avec des

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