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léon Ier. Le temps était froid, mais beau. Une foule immense remplissait les rues, les quais et les places que devait traverser le cortége. Parmi les personnes invitées et conduites en cérémonie on remarquait plusieurs princes allemans,

S.S. Pie VII officia pontificalement et avec toute la pompe de l'église romaine. Bonaparte et son épotisé reçurent l'onction sainte sur le front et sur les deux mains. Après que le pape eut béni les deux couronnes qui avaient été préparées, on remarqua que Bonaparte saisit brusquement celle qu'on lui avait destinée, et se la plaça lui-même sur la tête. Il prit ensuite l'autre, et en couronna son épouse qui était restée à genoux au pied de l'autel.

L'office divin achevé, il s'assit sur son trône; et la couronne en tête, et la main sur le livre de l'Evangile, que lui présentait le grand-maître des cérémonies, il prononça, devant les présidens du sénat, du corps législatif et du tribunat, le serment suivant qui avait été déterminé par l'Acte constitutionnel : « Je jure de maintenir l'intégrité du territoire de la république, de respecter et faire respecter les lois du concordat et la liberté des. cultes; de respecter et faire respecter l'égalité des droits, la liberté politique ou civile, l'irrévocabilité des ventes des biens: nationaux; de ne lever aucun impôt, de n'établir aucune taxe qu'en vertu de la loi; de maintenir l'institution de la Légion-d'Honneur; de gouverner dans la seule vue de l'intérêt, du bonheur et de la.

gloire du peuple français. » Le chef des hérauts d'armes s'écria ensuite d'une voix forte et élevée : le très-glorieux et très-auguste Napoléon, empereur des Français, est couronné et intronisé. Vive l'empereur ! Et cette acclamation, à laquelle on joignit celle de vive l'impératrice, fut répétée plusieurs fois par les personnes qui avaient été admises dans la basilique de Notre-Dame.

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EMPIRE.

1805.

A peine Bonaparte eut-il été sacré et couronné empereur des Français, qu'on le vit devenir roi d'Italie. Dans le récit de cet événement nous suivrons la méthode qu'on nous a déjà vu suivre lors de la présidence de la république cisalpine et de l'érection du trône impérial en France : les discours faits au nom des autorités dans de pareilles occasions ne peuvent être remplacés en aucune manière; et Bonaparte est d'ailleurs un personnage qu'il faut étudier dans ses discours, ainsi que dans ceux qu'il dicte ou qu'il suggère, lorsqu'il s'agit de quelque grande circonstance de sa vie politique.

Il était sur son trône, au palais des Tuileries,

le 17 mars 1805, lorsqu'une députation de la république italienne lui fut présentée, M. Melzi d'Eril, vice-président de la république italienne, et chef de la députation, prononça le discours suivant :

<«< Sire, la constitution de Lyon avait tous les caractères de provisoire. Ce ne fut qu'un ouvrage de circonstance, un système trop faible pour répondre aux vues de durée et de conservation. L'urgente nécessité de le changer est démontrée à lą réflexion, comme elle est généralement sentie.

» En partant de ce point, tout était simple. Le système de la monarchie nous était indiqué par le progrès des lumières et par les résultats de l'expérience, le monarque par tous les sentimens de la reconnaissance, de l'amour et de la confiance.

» Sire, dans un pays que yous ayez conquis, reconquis, créé, organisé, gouverné jusqu'ici; dans un pays où tout rappelle vos exploits, tout atteste votre génie, tout respire vos bienfaits, on ne pouvait former qu'un seul vou; et ce vœu a été exprimé, Vous avez voulu, Sire, que la république italienne existât; elle a existé. Veuillez que la monarchie italienne soit heureuse; elle le sera ». L'orateur lut ensuite un décret de la consulte, portant en substance :

« Que, vu la situation de l'Europe et celle de l'Italie,

>> 1°. Le moment était arrivé de donner la dernière main aux institutions dont les bases avaient

été posées à Lyon, et à cet effet de déclarer le gouvernement de la république italienne monarchique, héréditaire, suivant les mêmes principes que ceux qui constituaient l'empire français;

» Que l'empereur Napoléon, fondateur de la république italienne, serait déclaré roi d'Italie ; » 3°. Que le trône d'Italie serait héréditaire de mâle en mâle dans sa descendance directe et légitime;

4°. Que la couronne d'Italie ne pourrait être réunie à celle de France que sur sa tête;

» Qu'il aurait le droit de se donner de son vivant un successeur parmi ses enfans légitimes, soit naturels, soit adoptifs;

>> Qu'il serait prié de venir à Milan, pour y prendre la couronne, et donner au royaume une constitution définitive. »

Bonaparte répondit en ces termes :

«Depuis le moment où nous parûmes pour la première fois dans vos contrées, nous avons toujours eu la pensée de créer indépendante et libre la nation italienne. Nous avons poursuivi ce grand objet au milieu des incertitudes et des événemens : c'est pourquoi nous avons d'abord formé les peuples de la rive droite du Pô en république cispadane et ceux de la rive gauche en république transpadane. » De plus heureuses circonstances nous ont per mis depuis de réunir ces états et d'en former la république italienne. Les statuts de Lyon remirent

la souveraineté entre les mains de la consulte et des colléges, où nous avions réuni les différens élémens qui constituent les nations.

>> Vous crûtes alors nécessaire à vos intérêts que nous fussions le chef de votre gouvernement, et aujourd'hui, persistant dans la même pensée, vous voulez que nous soyons le premier de vos rois. J'accepte la couronne que vous m'offrez, et je la garderai tout le temps que vos intérêts l'exigeront...>>

Le lendemain les membres du sénat français, réunis aux députés italiens, tinrent une séance mémorable au palais du Luxembourg. Elle fut ouverte par la lecture du décret impérial qui donnait en toute propriété la principauté de Piombino à la princesse Elisa, sœur de Bonaparte. M. de Talleyrand, en sa qualité de ministre des relations extérieures, lut ensuite un rapport, dont nous allons donner un extrait: « Sire, y dit-il, depuis plusieurs mois l'Europe entière a les yeux fixés sur l'Italie. Les plus grands souvenirs, une longue suite de malheurs et l'immense gloire que Votre Majesté y a recueillie, attachent tous les esprits à sa destinée. On se demande si le sort de cette belle contrée, qui si long-temps gouverna le monde, et qui depuis est devenue le jouet de toutes les ambitions, sera enfin déterminé.

>> De toutes parts on entend éclater le vœu généreux que l'Italie soit indépendante. C'est par suite

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