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falaises, commandent la mer à une certaine distance. Au fond du port, sur la rive droite de la Liane, s'élève la ville: elle est disposée en amphithéâtre, et couronnée par des remparts et un ancien château fort. Du côté de la mer, à gauche, on aperçoit les forts du Musoir et de l'Heurt; à droite, le fort en bois et celui de la Crêche : ces trois derniers sont situés à trois cent cinquante, cinq cents et deux cents toises de la côte, et entourés d'eau à pleine mer.

L'armée de terre était partagée en plusieurs camps assis sur les hauteurs qui se trouvent derrière, à droite et à gauche de Boulogne, composés de baraques; et portant les noms d'Outrau, de Boulogne, de Wimille et d'Ambleteuse. La Baraque de l'empereur était en avant du camp de droite.

Ce fut non loin de cette baraque, que le nouveau souverain fit, le 15 août, jour anniversaire de sa naissance, une seconde distribution solennelle d'étoiles de la légion, non-seulement à des militaires de l'armée, mais encore à un grand nombre de fonctionnaires civils appelés à Boulogne pour cet objet. Cette cérémonie imposante eut un caractère tout particulier pour être plus certain d'en offrir un tableau fidèle à nos lecteurs, nous ferons ingénuement, passer sous leurs yeux celui qu'en a fourni le livre des victoires et conquêtes; ce tableau plein de force et de grandeur, est d'ailleurs circonstancié de manière à donner lieu de croire

qu'il a été tracé par un témoin de l'événement.

<«< La nature, dit ce livre, semblait avoir indiqué le lieu de la fête, en présentant la forme d'un sinus propre à rapprocher la vue de cent mille hommes, qui devaient à la fois former le spectacle le plus extraordinaire, et en jouir.

» Le plan général était celui d'un théâtre antique, dont les gradins demi-circulaires, étaient figurés par les mouvemens naturels du terrain. Vingt colonnes d'infanterie de soixante hommes de front, sur une hauteur indéterminée, devaient figurer les spectateurs; les intervalles des colonnes représenter les vomitoires ou issues, et la totalité, couronnée par la cavalerie, les loges des théâtres anciens. La platée, ou espace conservé vide pour la cérémonie, ne devait contenir que les états-majors généraux, les drapeaux des corps placés en avant des légionnaires qui devaient prêter le serment. Un rayon de cinquante toises donnait à ce théâtre une scène de cent pieds; au centre était élevé le trône de l'empereur; à ses côtés étaient placées la garde impériale et sa musique.

» ‘Le trône était formé d'un tertre dans le goût antique, tel que dans les camps romains on en élevait aux Césars, lorsque ceux-ci voulaient haranguer l'armée, et tel que les médailles nous les ont transmis sous la dénomination d'allocutions.

>> Cette plate-forme carrée, de seize pieds sur huit de hauteur, était entourée d'étendards et de

drapeaux surmontés d'aigles d'or; au centre était posé, sur deux gradins, le siége antique du roi Dagobert; au-dessus, en forme de baldaquin, on avait placé un trophée d'armes composé des drapeaux, étendards et guidons pris dans les batailles de Montenotte, de Lodi, d'Arcole, de Rivoli, de Castiglione, des Pyramides, du mont Thabor, d'Aboukir, de Marengo. Au milieu de ce groupe était l'armure en pied des électeurs de Hanovre, conquise depuis quelque temps, et le tout était surmonté d'une immense couronne de lauriers en or, sur laquelle s'agitaient les queues pourprées des guidons des beys d'Egypte.

>> Les décorations qui devaient être distribuées aux légionnaires avaient été placées dans le casque de Duguesclin, et dans le bouclier de Bayard, portés par des adjudans-généraux ou colonels d'état-majors.

» Le 15 août, le soleil, que d'épais nuages avaient tenu caché la veille, parut dans tout son éclat sur l'horizon, et fut salué par les cris de joie de l'armée, heureuse de voir que la journée allait être en harmonie avec la plus imposante des fêtes. A neuf heures, la générale se fit entendre dans tous les camps, et les troupes, s'avançant majestueusement en colonnes, vinrent occuper l'espace qui leur était destiné. Ce mouvement fut exécuté avec une admirable précision. A midi, l'empereur sortit de sa baraque; une salve générale des batteries de la côte annonça son arrivée au lieu de la cérémonie.

» Lorsque Napoléon parut, deux mille tambours battirent aux champs, et ne purent couvrir les bruyantes acclamations de la masse des soldats et des citoyens qui exprimaient l'enthousiasme excité par la présence du monarque; mais un roulement ayant annoncé que la solennité allait commencer, un silence respectueux régna de toutes parts. L'empereur prit place sur son trône ; à ses côtés vinrent se ranger ses deux frères Joseph et Louis, le grandamiral Murat, les ministres, les maréchaux de l'empire, les grands officiers de la couronne, les colonels-généraux, les sénateurs présens à Boulogne ; derrière, un capitaine de chaque corps de l'armée tenait un drapeau déployé; les aides-de-camp de Napoléon, disposés sur les seize marches du trône, étaient la pour recevoir et transmettre ses ordres; et plus bas, on remarquait des légionnaires déjà décorés, et dont les têtes étaient ombragées par deux trophées formés, ainsi que celui qui surmontait le fauteuil du roi Dagobert, de drapeaux et d'étendards conquis sur l'ennemi.

>> Les colonels d'état-major, qui portaient les décorations que l'empereur allait décerner, s'étaient déjà rendus à la place qui leur était assignée, et l'on avait vu, à leur passage, des officiers et des soldats s'incliner respectueusement, et baiser, avec une émotion religieuse, le cimier du casque du héros breton, et le pavois du chevalier sans peur et sans reproche. Le grand chancelier de la légion d'hon

neur, ayant pris les ordres de l'empereur, prononça 'un discours, dans lequel il s'attacha principalement à relever le mérite de cette institution toute nationale, et à faire connaître l'étendue des devoirs qu'elle imposait aux légionnaires. Après que le grand chancelier eut cessé de parler, un second roulement de tambours appela de nouveau l'attention générale, et Napoléon, se levant alors de dessus son siége royal, prononça la formule du serment que devaient prêter les membres de la légion; ceux-ci s'écriérent unaniment: nous le jurons, et, par un mouvement spontané, toute l'armée répéta ce serment de fidélité et de dévouement. Les cris de vive l'empereur Napoléon, retentirent dans tous les rangs ; les soldats élevèrent leurs armes en l'air?

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>> Les grands officiers, les commandans, les officiers et les simples légionnaires s'approchèrent successivement du trône, et reçurent individuellement, des mains de l'empereur, la décoration de la légion.

>> L'aspect de cette brillante armée, des camps, des forts, des falaises retentissant du bruit des vagues et du canon; des côtes blanchâtres de l'Angleterre; la vue du soleil, vainqueur des nuages, éclairant de ses rayons cette scène auguste; de la mer sillonnée au loin par des vaisseaux britanniques; du vainqueur de l'Italie et de l'Egypte distribuant ainsi des marquês d'honneur à ses anciens compagnons d'armes, aux fonctionnaires publics, aux hommes distingués par leur savoir et par leurs ta

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