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» sera gravée sur des tables de marbre qui seront placées dans la salle des séances du Sénat.

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» 2. A la suite de cette lettre sera pareillement gravé ce qui >> suit:

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» Les quarante drapeaux, et quatorze autres ajoutés aux premiers par S. M., ont été apportés au Sénat par le Tri» bunat en corps, et déposés dans cette salle le mercredi 1er janvier 1806.

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M. François (de Neufchâteau) obtient ensuite la parole, et exprime de nouveau les sentimens qui animent l'assemblée; mais la fin de son discours provoque un tel mouvement d'enthousiasme qu'elle doit être rapportée :

« Mes chers collègues, dit-il, permettez que j'exprime un dernier sentiment relatif à cette séance. Si l'objet en est mémorable, son époque précise n'est pas moins digne de remarque. Sénateurs, ce jour même est celui où votre senatus-consulte du 22 fructidor an 13 fait recommencer pour la France le calendrier des Romains. Puisque vous reprenez leur mode de mesurer le temps, imitez aussi un usage qui signalait chez eux le commencement de l'année. Dans le sein du Sénat romain c'était le consul de l'année qui, aux calendes de janvier, ouvrait l'année nouvelle par des vœux solennels pour l'éternité de l'Empire, pour la santé de l'empereur, et pour celle des citoyens. Les acclamations de tous les sénateurs terminaient la cérémonie, et la formule même en était consignée dans les registres du Sénat. Il y a ce me semble, dans cet usage antique un esprit analogue au nôtre, et qui nous détermine à nous approprier une telle solennité. Et nous aussi, Français, dans ce premier jour de l'année nous prions l'arbitre suprême des destinées humaines de veiller sur les jours du héros qu'il nous a donné dans sa faveur ! Nous le prions de faire entrer Napoléon le Grand sous un auspice heureux dans ce siècle nouveau qui doit porter son nom! Puisse une guerre glorieuse amener une paix générale et solide, qui remplisse le seul désir, la seul ambition du cœur de l'empereur, en lui assurant le loisir d'appliquer désormais aux soins de son gouvernement toutes les forces d'un génie immense comme son Empire! Sénateurs, ce vou comprend tout faire des vœux pour l'empereur c'est en faire pour le salut et le bonheur de tout son peuple. Oui, demander à Dieu qu'il conserve Napoléon c'est demander qu'il affermisse toutes nos institutions, et qu'il daigne perpétuer la gloire de la France! Joignez vos voix, mes

chers collègues, aux acclamations qui partent de mon cœur, et qu'un cri unanime élève vers le ciel ce vœu national: vive NA POLÉON LE GRAND! vive l'empereur des Français, sauveur de son pays, libérateur de l'Allemagne, et vengeur de l'Europe!

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A ces mots toutes les voix se joignent à celle de l'orateur, et la séance est levée aux cris redoublés de vive l'empereur, vive Napoléon le Grand; et la musique, répétant ce vœu d'acclamation de toute l'assemblée, exécute le vivat in æternum.

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LETTRE de l'empereur au Sénat pour l'informer de la paix (1) et du mariage du prince Eugène. — Lue par l'archi-chancelier dans la séance du 14 janvier 1806.

« Sénateurs, la paix a été conclue à Presbourg, et ratifiée à Vienne entre moi et l'empereur d'Autriche. Je voulais dans une séance solennelle vous en faire connaître moi-même les conditions; mais, ayant depuis longtemps arrêté avec le roi de Bavière le mariage de mon fils le prince Eugène avec la princesse Auguste sa fille, et me trouvant à Munich au moment où la célébration dudit mariage devait avoir lieu, je n'ai pu résister au plaisir d'unir moi-même les jeunes époux, qui sont tous deux le modèle de leur sexe. Je suis d'ailleurs bien aise de donner à la maison royale de Bavière, et à ce brave peuple bavarois, qui dans cette circonstance m'a rendu tant de services et montré tant d'amitié, et dont les ancêtres furent constamment unis de politique et de cœur à la France, cette preuve de ma considération et de mon estime particulière.

» Le mariage aura lieu le 15 janvier. Mon arrivée au milieu de mon peuple sera donc retardée de quelques jours : ces jours paraîtront longs à mon cœur ; mais après avoir été sans cesse livré aux devoirs d'un soldat, j'éprouve un tendre délassement à m'occuper des détails et des devoirs d'un père de famille. Mais, ne voulant point retarder davantage la publication du traité de paix, j'ai ordonné, en conséquence de nos statuts constitutionnels, qu'il vous fût communiqué sans délai pour être ensuite publié comme loi de l'Empire.

» Donné à Munich, le 8 janvier 1806. Signé NAPOLÉON. »

(1) Voyez, à la fin du no VI, les principaux articles du traité de paix.

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(1) LETTRE de l'empereur au Sénat, relative à l'adoption du prince Eugène et à l'hérédité de la couronne d'Italie. Lue dans la séance du 22 janvier 1806.

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Sénateurs, le senatus-consulte organique du 18 floréal an 12 a pourvu à tout ce qui était relatif à l'hérédité de la couronne impériale en France.

» Le premier statut constitutionnel de notre royaume d'Italie, en date du 19 mars 1805, a fixé l'hérédité de cette couronne dans notre descendance directe et légitime, soit naturelle, soit adoptive.

» Les dangers que nous avons courus au milieu de la guerre, et que se sont encore exagérés nos peuples d'Italie; ceux que nous pouvons courir en combattant les ennemis qui restent encore à la France, leur font concevoir de vives inquiétudes; ils ne jouissent pas de la sécurité que leur offre la modération et la libéralité de nos lois, parce que leur avenir est encore incertain.

» Nous avons considéré comme un de nos premiers devoirs de faire cesser ces inquiétudes.

>> Nous nous sommes en conséquence déterminé à adopter comme notre fils le prince Eugène, archi-chancelier d'état de notre Empire, et vice-roi de notre royaume d'Italie. Nous l'avons appelé, après nous et nos enfans naturels et légitimes, au trône d'Italie, et nous avons statué qu'à défaut soit de notre descendance directe, légitime et naturelle, soit de la descendance du prince Eugène, notre fils, la couronne d'Italie sera dévolue au fils ou au parent le plus proche de celui des princes de notre sang qui, le cas arrivant, se trouvera alors régner en France.

Nous avons jugé de notre dignité que le prince Eugene jouisse de tous les honneurs attachés à notre adoption, quoiqu'elle ne lui donne des droits que sur la couronne d'Italie; entendant que dans aucun cas, ni dans aucune circonstance, notre adoption ne puisse autoriser ni lui ni ses descendans à élever des prétentions sur la couronne de France, dont la succession est irrévocablement réglée par les Constitutions de l'Empire.

» L'histoire de tous les siècles nous apprend que l'unifor

(1) Cette lettre et la précédente n'ont donné lieu, de la part du Sénat, qu'à des discours et adresses d'éloges, de félicitations, de remercimens, etc.

mité des lois nuit essentiellement à la force et à la bonne organisation des empires lorsqu'elle s'étend au-delà de ce que permettent soit les mœurs des nations, soit les considérations géographiques.

des

» Nous nous réservons d'ailleurs de faire connaître par dispositions ultérieures les liaisons que nous entendons qu'il existe après nous entre tous les états fédératifs de l'Empire français. Les différentes parties, indépendantes entre elles, ayant un intérêt commun, doivent avoir un lien commun.

» Nos peuples d'Italie accueilleront avec des transports de joie les nouveaux témoignages de notre sollicitude. Ils verront un garant de la félicité dont ils jouissent dans la permanence du gouvernement de ce jeune prince, qui, dans des circonstances si orageuses, et surtout dans ces premiers momens, si difficiles pour les hommes mêmes expérimentés, a su gouverner par l'amour et faire chérir nos lois.

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Il nous a offert un spectacle dont tous les instans nous ont vivement intéressé. Nous l'avons vu mettre en pratique, dans des circonstances nouvelles, les principes que nous nous étions étudié à inculquer dans son esprit et dans son cœur pendant tout le temps où il a été sous nos yeux. Lorsqu'il s'agira de défendre nos peuples, d'Italie, il se montrera également digne d'imiter et de renouveler ce que nous pouvons avoir fait de bien dans l'art si difficile des batailles.

>> Au même moment où nous avons ordonné que notre quatrième statut constitutionnel fût communiqué aux trois colléges d'Italie, il nous a paru indispensable de ne pas différer un instant à vous instruire des dispositions qui assoient la prospérité et la durée de l'Empire sur l'amour et l'intérêt de toutes les nations qui le composent. Nous avons aussi été persuadé que tout ce qui est pour nous un sujet de bonheur et de joie ne saurait être indifférent ni à vous ni à mon peuple.

» Donné à Munich, le 12 janvier 1806. Signé NAPOLÉON.

AUDIENCE solennelle donnée par l'empereur lors de son retour de la campagne d'Austerlitz. Au palais des Tuileries, le 28 janvier 1806, (1)

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Discovas du Sénat, prononcé par M. François (de Neufchâteau), président.

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Sire, quel beau jour pour la France entière que celui qui semble lui rendre la lumière et la vie en lui restituant l'aspect de Votre Majesté! Quel beau moment pour le Sénat, honoré comme il l'est de votre confiance auguste, que l'instant où il est admis à contempler, dans tout l'éclat de la victoire et de la paix, ce trône impérial que six ceut mille hommes armés s'étaient flattés de renverser! Sire, que nous aimons à vous y voir assis après une absence si longue, et qui sous un autre que vous eût été si inquiétante!

» Nous pouvons dire justement une absence si longue, quoiqu'elle n'ait duré qu'environ quatre mois. Par le nombre de vas triomphes, ces mois sont devenus des siècles; mais ils n'ont pas été moius lents pour notre impatience de revoir et de posséder le héros de notre âge, le libérateur de l'Europe et le père de la patrie!

>>

Cependant, nous devons le dire à Votre Majesté impériale et royale, vous n'avez pas cessé d'être présent dans le sein du Sénat, Sire, non seulement par cette renommée qui remplit l'univers, mais par ce sentiment qui nous attache tous à Votre Majesté, et lie nos destinées et nos affections à ses affections et à ses destinées. A dater du moment où Votre Majesté impériale et royale vint nous annoncer ce départ, qu'elle n'avait pu prévoir, tous nos cœurs l'ont suivie au delà des frontières. La rapidité de sa marche, devançant toujours notre espoir, redoublait toujours notre zèle. Ses dangers, ses fatigues, nous les partagions sans relâche. Ses paroles sublimes et ses actions étonnantes nous tenaient sur ses pas dans un enchantement qui, pendant quatre mois, n'a pas été interrompu. Oui, Sire, sans reprendre haleine, nous étions avec vous à Wertingen, à Ulm, à Vienne, à Austerlitz, et, d'une manière plus douce, à Carlsruhe, à Stuttgard, et en dernier lieu à Munich. Avec le soldat, nous allions de victoire en victoire; avec le père de famille, nous avons célébré une noce heureuse et brillante.

» Mais, après toutes ces merveilles, combien votre retour

(1) Napoléon était arrivé à Paris dans la nuit du 26 au 27.

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