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Comment sauver un cœur coupable,

Qui s'est moque de votre loi, Et dont l'orgueil insupportable, Voudroit ouïr chanter

Oui, par un dessein temeraire,
Je voulois m'eriger en Dieu;
Je voulois lancer le tonnère,

Et faire oublier en tout lieu

Déjà la Maltote inflexible

Sanctificetur

Nomen tuum.

M'admettoit dans son noir complot;

Ce qui lui sembloit impossible,

Me coutoit tout, ou plus ce mot

Le clergé, Paris, la province,

Adveniat

De leurs biens enfloient mon tresor;

Et quand je caressois mon prince,

Je disois ruinons encore

Regnum tuum;

Ce fier Monarque de la France,
De Roi devenu mon sujet,
Me prouvoit son obeissance,

En repondant à mon projet,

Fiat voluntas tua

Et puis noié dans ses delices,

Ne consultant plus la raison,
Il adorait jusqu'a mes vices,
Et se croioit dans mon Giron,

Sicut in calo

Mais quoiqu'enfin je m'imagine,

Je ne saurois tromper vos yeux; Mon regne panche à la ruine,

Et l'on me maudit dans les cieux,

Et in terra.

J'entends tout le peuple qui crie,

"Perisse ce fleau des humains,

"Vengeons nous arrachons la vie,

"Et qui nous ôte de nos mains

Panem quotidianum

"Le Roi en hero de finance,

"Immole tout à son amour;

"D'abord Machault pille la France, "Le reste dit la Pompadour

Da nobis hodie;

"Grand Dieu, c'est trop la laisser vivre; "Vos arrêts vengeurs son trop dous; "Hâtes l'instant qui nous delivre,

"Et l'abandonnes à nos coups,

Et remitte nobis

"Brisant un scepter legitime,

"Du Roi elle a fait un tyran;

"Nos travaux ont nourri son crime,

"Et nous pourrons nommer son Sang

Debita nostra

Louis, vous jadis notre père,

"Ce nom n'a pour vous plus d'appas; "La seule Etoile peut vous plaire,

"Ah! vous ne la connoissez pas

Sicut et nos

"Dieu! par un arrêt equitable,

"Rendez nous maîtres de son sort,

"Et d'un esprit inexorable,

"Nous ne dirons qu'après sa mort"

Dimittimus

C'est ainsi, qu'enflammé de rage,

Le peuple fait des voeux cruels; En vain pour dissiper l'orage,

Je cede le bien des autels

Debitoribus nostris.

Rien ne peut flechir sa colère,

Rien ne peut etancher ses pleurs,

Qu'en vengeant sur sa misère,

Grand Dieu, arrêtes les fureurs,

Et ne nos inducas

Je crains, je tremble pour ma vie,

Pour mon Machault, pour mon argent,

Et qu'une beauté moins haïe,

N'induisse mon prince inconstant

In tentationem

Rassurez mon âme effrayée,

Calmez men desespoir, Seigneur ;

C'est assez qu'on m'ait menacé,

Ne realissez pas ma peur,

Sed libera nos a malo.

Conservez-moi, Dieu, tout propice,
Mon argent et le cœur du Roi,
Mais s'il faut qu'enfin je perisse,

Perisse la France avant moi.

Amen.

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