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dédaigne les rédacteurs d'un pareil ouvrage. J'ai reçu diatement après, la note de son ministre, du 1er octobre. Elle ma donné rendez-vous le 8; en bon chevalier je lui ai tenu parole: je suis au milieu de la Saxe. Qu'elle m'en croie, j'ai des forces telles que toutes ses forces ne peuvent balancer long-temps la victoire. Mais pourquoi répandre tant de sang? à quel but? je tiendrai à V. M. le même langage que j'ai tenu à l'Empereur Alexandre deux jours avant la bataille d'Austerlitz. Fasse le Ciel que des hommes vendus ou fanatisés, plus les ennemis d'elle et de son règne, qu'ils ne le sont des miens et de ma nation, ne lui donnent pas les mêmes conseils pour la faire arriver au même résultat! >>

« SIRE, j'ai été votre ami depuis six ans. Je ne veux point profiter de cette espèce de vertige qui anime ses conseils, et qui lui ont fait commettre des erreurs politiques dont l'Europe est encore toute étonnée, et des erreurs militaires de l'énormité desquelles l'Europe ne tardera pas à retentir. Si elle m'eût demandé des choses possibles, par sa note, je les lui eusse accordées; elle a demandé mon déshonneur, elle devait être certaine de ma réponse. La guerre est donc faite entre nous, l'alliance rompue pour jamais. Mais pourquoi faire égorger nos sujets? Je ne prise point une victoire qui sera achetée par la vie d'un bon nombre des mes enfans. Si j'étais à mon début dans la carrière militaire, et si je pouvais craindre les hasards des combats, ce langage serait tout-à fait déplacé. Sire, votre majesté sera vaincue; elle aura compromis le repos de ses sujets sans l'ombre d'un prétexte. Elle est aujourd'hui intacte et peut traiter avec moi d'une manière conforme à son rang; elle traitera avant un mois dans une situation différente; elle s'est laissé aller à des irritations qu'on a calculées et préparées avec art; elle m'a dit qu'elle m'avait souvent rendu des services; eh bien! je veux lui donner la plus grande preuve du souvenir que j'en ai; elle est maîtresse de sauver à ses sujets les ravages et les malheurs de la guerre; à peine commencée, elle peut la terminer, elle fera une chose dont l'Europe lui saura gré. Si elle écoute les furibonds qui, il y a quatorze ans voulaient prendre Paris, et qui aujourd'hui l'ont embarquée dans une

guerre, et immédiatement après dans des plans offensifs également inconcevables, elle fera à son peuple un mal que le reste de sa vie ne pourra guérir. Sire, je n'ai rien à gagner contre V. M. ; je ne veux rien et n'ai rien voulu d'elle: la guerre actuelle est une guerre impolitique. Je sens que peut-être j'irrite dans cette lettre une certaine susceptibilité naturelle à tout souverain; mais les circonstances ne demandent aucun ménagement; je lui dis les choses comme je les pense. Et d'ailleurs, que V. M. me permette de le lui dire, ce n'est pas pour l'Europe une grande découverte que d'apprendre que la France est du triple plus populeuse et aussi brave et aguerrie que les Etats de V. M. Je ne lui ai donné aucun sujet réel de guerre. Qu'elle ordonne à cet essaim de malveillans et d'inconsidérés de se taire à l'aspect de son trône dans le respect qui lui est dû; et qu'elle rende la tranquillité à elle et à ses Etats. Si elle ne retrouve plus jamais en moi un allié, elle retrouvera un homme desireux de ne faire que des guerres indispensables à la politique de mes peuples et de ne point répandre le sang dans une lutte avec des souverains qui n'ont avec moi aucune opposition d'industrie, de commerce et de politique. Je prie V. M. de ne voir dans cette lettre que le desir que j'ai d'épargner le sang des hommes et d'éviter à une nation, qui géographiquement, ne saurait être ennemie de la mienne, l'amer repentir d'avoir trop écouté des sentimens éphémères qui s'excitent et se calment avec tant de facilité parmi les peuples.

» Sur ce je prie Dieu, monsieur mon frère, qu'il vous ait en sa sainte et digne garde.

»De votre majesté, le bon frère. »

Signé, NAPOLÉON.

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De mon camp impérial de Géra, le 12 octobre 1806.

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Le duc de Brunswick a envoyé son maréchal du palais à l'Empereur. Cet officier était chargé d'une lettre par laquelle le duc recommandait ses Etats à S. M.

L'Empereur lui a dit: « Si je faisais démolir la ville de Brunswick, et si je n'y laissais pas pierre sur pierre? La loi du talion ne me permet-elle pas de faire à Brunswick ce qu'il voulait faire dans ma capitale? Annoncer le projet de démolir des villes, cela peut être insensé; mais vouloir ôler l'honneur à toute une armée de braves gens, lui proposer de quitter l'Allemagne par journées d'étapes, à la seule sommation de l'armée prussienne, voilà ce que la postérité aura peine à croire. Le duc de Brunswik n'eût jamais dû se permettre un tel outrage; lorsqu'on a blanchi sous les armes, on doit respecter l'honneur militaire et ce n'est pas, d'ailleurs, dans les plaines de Champagne que ce général a pu acquérir le droit de traiter les drapeaux français avec un tel mépris. Une pareille sommation ne déshonorera que le militaire qui l'a pu faire. Ce n'est pas au Roi de Prusse que restera ce déshonneur, c'est au chef de son conseil militaire, c'est au général à qui, dans ces circonstances difficiles, il avait remis le soin des affaires, c'est enfin le duc de Brunswik que la France et la Prusse peuvent accuser seul de la guerre. La frénésie, dont ce vieux général a donné l'exemple, a autorisé une jeunesse turbulente et entraîné le Roi contre sa propre pensée et son intime conviction. Toutefois, Monsieur, dites aux habitans du pays de Brunswick qu'ils trouveront dans les français des ennemis généreux, que je desire adoucir à leur égard les rigueurs de la guerre, el que le mal que pourrait occasionner le passage des troupes, serait contre mon gré. Dites au général Brunswick qu'il sera traité avec tous les égards dis à un officier prussien, mais que je ne puis reconnaître, dans un général prussien, un souverain. S'il arrive que la maison de Brunswick perde la souveraineté de ses ancêtres, elle ne pourra s'en prendre qu'à l'auteur de deux guerres, qui dans l'une voulut saper jusques dans ses fondemens la grande capitale, qui dans l'autre prétendit déshonorer deux cents mille braves qu'on parviendrait peut-être à vaincre, mais qu'on ne surprendra jamais hors du chemin de l'honneur et de la gloire. Beaucoup de sang a été versé en peu de jours, de grands désastres pèsent sur la monarchie prussienne. Qu'il est digne de blâme

cet homme qui d'un mot pouvait les prévenir! Si comme Nestor élevant la parole au milieu des conseils, il avait dit:

« Jeunesse inconsidérée, taisez-vous: femmes, retournez à vos fuseaux et rentrez dans l'intérieur de vos ménages; et vous, Sire, croyez-en le compagnon du plus illustre de vos prédécesseurs puisque l'Empereur Napoléon ne veut pas la guerre, ne le placez pas entre la guerre et le déshonneur ; ne vous engagez pas dans une lutte dangereuse avec une armée qui s'honore de quinze ans de travaux glorieux, et que la victoire a accoutumé à tout soumettre. Au lieu de tenir ce langage qui convenait si bien à la prudence de son âge et à l'expérience de sa longue carrière, il a été le premier à crier aux armes. Il a méconnu jusqu'aux liens du sang, en armant un fils contre son père; il a menacé de planter ses drapeaux sur le palais de Stuttgard, et accompagnant ces démarches d'imprécations contre la France, il s'est déclaré l'auteur de ce manifeste insensé qu'il avait désavoué pendant quatorze ans, quoiqu'il n'osât pas nier de l'avoir revêtu de sa signature. »

On a remarqué que pendant cette conversation l'Empereur, avec cette chaleur dont il est quelquefois animé, a répété souvent: « Renverser et détruire les habitations des citoyens paisibles, c'est un crime qui se répare avec du temps et de l'argent; mais déshonorer une armée, vouloir qu'elle fuie hors de l'Allemagne devant l'aigle prussienne, c'est une bassesse que celui-là seul qui la conseille, était capable de commettre. »

M. de Lucchesini est toujours au quartier-général. L'Empereur a refusé de le voir; mais on observe qu'il a de fréquentes conférences avec le grand-maréchal du palais, Duroc.

L'Empereur a ordonné de faire présent, sur la grande quantité de draps anglais qui a été trouvée à Leipzig, d'un habillement complet à chaque officier, et d'une capotte et d'un habit à chaque soldat.

Le quartier-général est à Kropstadt. (1)

(1) Kropstadt, Château et bailliage de l'électorat de Saxe.

DIX-SEPTIEME BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE.

A Postdam (1), le 25 octobre 1806.

Le corps du maréchal Lannes est arrivé le 24 à Postdam. Le corps du maréchal Davoust a fait son entrée le 25, à dix heures du matin, à Berlin. (2)

(1) Postdam est une ville de Prusse qui n'était rien il y a un siècle, et qui est devenue très-considérable, compte 16,000 habitans, outre une garnison habituelle de 10,000 hommes; elle est située dans une île formée par le Havel, à g5 m. de Magdebourg, 28 de Berlin. Il s'y fait un grand commerce. Les Rois y ont un beau château, qu'ils habitent souvent. On ne connaît pas de ville mieux construite dans son ensemble; les dehors de la plupart des maisons figurent ceux des palais, aussi ontils été bâtis par le Roi; mais l'intérieur est distribué proportionnellement aux moyens de chaque propriétaire. On a dit de Postdam que c'était une magnifique caserne. Il y a une belle maison des orphelins militaires, une superbe manufacture d'armes, qui fournit les armées et les arsenaux du Roi, et diverses autres branches d'industrie, telles que soieries, lainages, cotonnades, toiles et tanneries.

(2) Berlin est la capitale de la Prusse, et, pour l'étendue de la ville, la beauté des rues, la magnificence des édifices, Busching n'hésite pas à la mettre au-dessus de Vienne et à côté de Paris. Sa population est de 150 à 160 mille ames, non compris la garnison, qui, en temps de paix, est communément de 24,000 hommes.

La ville renferme de belles places, des promenades agréables, un château royal, un arsenal, 25 églises, 4 colléges, 4 gymnases, plusieurs bibliothèques publiques une académie des sciences, une académie militaire, une salle d'opéra, un hôtel des invalides, etc.

Le château est grand et de belle apparence; mais, excepté les appartemens du Roi, qui sont ornés avec goût, il ne renferme rien de trèsremarquable.

L'arsenal est un grand bâtiment carré, dont l'architecture est trèsbelle. Il y a une fonderie de canons, dont on fait un profond mystèro dans le pays.

La salle d'opéra est un bâtiment isolé, dont la façade est magnifique, et offre sur le frontispice l'inscription suivante: Fredericus Apollini

et Musis.

Les étrangers sont frappés d'étonnement, lorsqu'en entrant par la porte de Halle ou celle de Postdam, ils découvrent, depuis la place dite le-Rondel jusqu'à la porte d'Oraniembourg, une rue large de 40 pieds, longue d'une demi-lieue, tirée au cordeau, et ornée des deux côtés de belles et grandes maisons, telles qu'on n'en voit pas de plus belles à Rome ou à Gênes.

La police de Berlin est très-bien faite, sur-tout pour les incendies. La société est agréable, notamment dans ce qu'on appelle la colonie française; mais tous ces avantages sont balancés en partie par de grands inconvéniens; le premier est d'être une ville de guerre, où tout est sur le pied militaire, et dont les chefs et principaux habitans ne savent parler que guerre et manoeuvres. Le second est d'être sale et mal pavée. Il est bien étonnant que le Grand Frédéric, qui a tant fait de dépenses

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