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Telle est la pure vérité. Je prie S. E. le reiss-effendi d'en être persuadée, et de croire qu'il n'y a dans ma conduite ni feinte, ni cachotterie. Je ne saurais néanmoins penser qu'il ne m'arrivera point de courrier, car il est de toute impossibilité que ma cour ne me mette pas à même de m'expliquer avec la sublime Porte sur ce qui se passe, quelqu'en puisse être la cause; ainsi je ne considère son silence du moment que comme un retard résultant de quelques circonstances que je ne peux déterminer. Je ne saurais non plus regarder comme une hostilité l'entrée de nos troupes à Choczim, d'après la manière dont elle a eu lieu. D'ailleurs, des hostilités annonceraient un état de guerre, et très-certainement si ma cour était dans l'intention de la faire à la sublime Porte, elle aurait commencé par la lui déclarer. Quant à la mort des deux Tartares, c'est un accident malheureux tel qu'il en arrive souvent au milieu des troupes, et qui ne peut provenir d'aucun ordre donné.

Je m'empresserai d'expédier, dans la journée même, un courrier extraordinaire au commandant des troupes, pour l'informer des communications que la sublime Porte vient de me faire, et les accompagner de toutes les observations sérieuses que requert l'objet.

Je profite, Monsieur, de cette occasion pour vous renouveler l'assurance, etc.

Signé, A D'ITALINSKY.

Péra, le décembre, 1806, à quatre heures après minuit.

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N°. IV.

COPIE d'une lettre écrite par M. Fonton, drogman de la légalion russe, à M. Hautzeri, drogman de la Porte.

MONSIEUR,

Le courrier ordinaire vient d'arriver; je ne sais pas si c'est celui que le tartare dit avoir vu à Carnabat; mais ce qu'il y a de certain, c'est qu'il n'a apporté à M. l'envoyé aucune dépêche de sa cour. La seule lettre relative à l'entrée

des troupes, que S. E. ait reçue, est de M. Rodophinikin. M. l'envoyé s'empresse de vous en transmettre ci-joint une traduction en français; vous y verrez que M. Rodophinikin ne doute pas que S. E. n'ait déjà reçu les instructions de la cour sur cet objet; ainsi il faut nécessairement conclure qu'il doit être survenu quelque accident qui retarde leur arrivée.

J'ai l'honneur d'être avec la plus parfaite considération, Monsieur, etc.

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COPIE de la traduction de la lettre de M. Rodophinikin, à S. Exc. M. l'envoyé de Russie, jointe à la lettre de M. Fonton, drogman de la légation russe, à M. Hautzeri, drogman de la Porte.

Yassi, le 17 novembre 1806 ( v. st.)

N'ayant aucun doute que le ministère ne vous ait déjà informé des motifs qui ont nécessité l'entrée des troupes de S. M. I. dans les Etats ottomans, je me bornerai à annoncer seulement à V. Exc. que ces troupes fortes de cent quarante mille hommes, sont entrées en Moldavie le ro de ce mois. L'avant-garde est arrivée à Yassi le 16 et s'avancera vers le Danube. On a fait proclamer ici que ces mouvemens doivent s'exécuter amicalement, que nous ne nous ingérerons en aucune manière dans l'administration du pays, et qu'encore moins nous empêcherons les envois qui se font ordinairement pour Constantinople des objets nécessaires à l'approvisionnement de cette capitale.

Le prince Ypsilanti doit arriver incessamment ici. Le prince Moruzzi, au contraire, s'étant avancé jusqu'à la dernière station d'Yassi, a changé d'idée, et s'en est retourné à Foksam. Il y a fait appeler trois boyards pour y former un divan. J'ai observé, à qui il le fallait, que l'établissement d'un divan à Foksam pourrait paraître étrange aux yeux du

public et désagréable pour la Russie; en conséquence, j'ai invité ces boyards de prier le prince Moruzzi de venir ici pour reprendre tranquillement le gouvernement de la province.

J'ai l'honneur d'être, etc.

No. V I.

COPIE d'une lettre écrite par M. Arbuthnot, ambassadeur d'Angleterre près la sublime Porte, à M. Hautzeri, drogman de la Porte.

MONSIEUR,

Par le peu de mots que j'ai eu l'honneur de vous écrire ce malin, pour vous accuser la réception de votre lettre d'hier au soir, vous aurez dû appercevoir l'effet qu'a produit sur moi la nouvelle fâcheuse de ce qui vient de se passer entre les troupes de la sublime Porte et celles de la Russie.

Depuis que je vous ai écrit, j'en ai parlé à M. le chevalier d'Italinsky.

Il regrette cet événement malheureux autant que moi, et déjà il vous l'a témoigné dans la lettre qu'il vient de vous adresser.

Mais dans les circonstances où nous sommes tous deux, étant jusqu'ici dans l'ignorance la plus complette, même quant aux motifs de l'entrée des troupes russes, nous ne pouvons pour le moment que déplorer tout ce qui serait de nature à troubler la bonne harmonie entre la sublime Porte et ses alliés. Nous connaissons trop bien les sentimens de nos deux cours, pour ne pas être sûrs que, ni l'Angleterre, ni la Russie ne peuvent être mues par aucune vue hostile envers la Turquie; par une conséquence nécessaire, la marche des Russes ne devrait être considérée que comme une mesure de précaution ayant pour objet la sûreté de la sublime Porte; et le malheureux accident dont vous m'avez fail part dans votre lettre, ne pourrait

être attribué qu'à un de ces mal-entendus que toute la prudence humaine ne saurait pas toujours prévenir.

On peut d'un jour à l'autre s'attendre à des explications satisfaisantes; et puisque la sublime Porte m'a fait l'honneur de s'adresser à moi, je n'agirais pas d'après les sentimens dont ma cour est animée à son égard, si je ne m'empressais pas de déclarer que tous les motifs de sagesse exigent une continuation de cette conduite loyale et modérée qui, dans les derniers temps, a fait tant d'honneur au ministère Ottoman.

Je n'ai aucune difficulté d'avouer que si les faits sont tels qu'on les a présentés, il est tout naturel que la sublime Porte en soit extrêmement choquée; mais elle connaît trop bien la loyauté de l'Empereur de Russie, pour ne pas être convaincue que S. M. I. sera la première à désavouer toute démarche hostile de la part de ses officiers envers la Turquie; elle a trop de lumières pour ne pas sentir que toute apparence de mécontentement à l'égard de la Russie, ne pourrait avoir d'autre effet, vu les circonstances actuelles, que d'entraîner cet Empire dans des dangers que depuis long-temps la France, dans ses vues sinistres, a mis tant de soins à lui préparer.

L'honneur que la sublime Porte m'a fait de demander mon intervention, m'a extrêmement flatté. J'y vois une preuve frappante de la justice que ce gouvernement me rend; et ce serait un motif de plus pour me porter à faire tout ce qui pourrait lui être agréable.

Mais dans cette occasion, toute démarche semblable à celle que la sublime Porte m'a proposée, eut été inutile et même déplacée; car je n'ai entendu de la bouche de l'envoyé de Russie que les mêmes sentimens dont je suis moimême animé, et je n'ai trouvé en lui que le même desir de faire cesser tout ce qui tendrait à embrouiller les affaires des deux gouvernemens..

Il faut donc me réserver à d'autres occasions pour témoigner à la sublime Porte l'amitié qu'en qualité de son allié fidèle, je dois ressentir à son égard; et j'ose dire que rien ne peut arriver qui ne soit de nature à rendre de plus

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en plus évident que le Roi n'a d'autres vues que d'être essentiellement utile à S. H. le sultan, et que les engagemens pris réciproquement entre S. M. et l'Empereur de Russie, n'ont d'autre but que le maintien, le salut et la gloire de cet Empire.

J'ai l'honneur d'être avec la considération la plus distinguée,

Monsieur, votre, etc.

Signé, CH. ARBUTHNOT.

La lecture des pièces étant terminée, le Sénat a délibéré: 1°. Que les pièces dont il a été donné lecture au Sénat seront déposées dans ses archives;

2°. Qu'il sera fait une adresse à S. M. l'Empereur et Roi, en réponse au message de Sa Majesté, transmis aujourd'hui au Sénat.

Le Sénat a de suite nommé, pour la rédaction de cette Adresse, une commission de cinq membres, composée des sénateurs Lacépede, Démeunier, Chaptal, Sémonville et Jaucourt.

La séance a été prorogée à vendredi prochain, pour entendre le rapport de cette commission.

CINQUANTE-SIXIÈME BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE,

Arensdorf, le 5 février 1807.

Après le combat de Mohrungen, où elle avait été battue et mise en déroute, l'avant-garde de l'armée russe se retira sur Liebstadt. Mais le surlendemain, 27 janvier, plusieurs divisions russes la joignirent, et toutes étaient en marche pour porter le théâtre de la guerre sur le bas de la Vistule.

- Le corps du général Essen, accouru de la Moldavie, où il était d'abord destiné à servir contre les Turcs, et plusieurs régimens qui étaient en Russie, mis en marche depuis quelque temps des extrémités de ce vaste Empire, avaient rejoint les corps d'armée.

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