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mains de S. M. I. et R., il s'établit entre elle et vous, des rapports habituels de confiance, et une communication de pensées, qui vous ont fait participer aux grands desseins conçus et exécutés pour le bien de cet Empire.

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Ainsi, vous avez su de bonne heure que les premiers vœux de l'Empereur furent pour la paix, et que ce sentiment généreux ne s'est jamais altiédi.

» Ayant de paraître sur le champ de bataille, il l'a offerte à ses ennemis.

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Après la victoire, sa main triomphante la leur a toujours présentée.

» Il espérait que des traités particuliers et successifs, conciliant, les uns après les autres, tous les intérêts, appaisant par dégrés tous les ressentimens, amèneraient enfin cette pacification générale, si désirée par les peuples européens, et si nécessaire à leur félicité.

» L'attente de S. M. a été trompée.

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L'Europe, attirée vers le repos par les victoires de la France, a été sans cesse rappelée aux combats par l'influence de la Grande-Bretagne, et par les prétentions ambitieuses de la Russie.

» Des coalitions terrassées ont donné naissance à de nouvelles coalitions.

» La modération du vainqueur a encouragé les vaincus. » Les plus grands efforts du génie militaire, ainsi que les exploits d'une armée qui compte pour rien les distances, les saisons, les climats et le nombre de ses ennemis, n'ont abouti, jusqu'à présent, qu'à des trèves glorieuses, dont la paix n'a point été le fruit.

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Cependant l'Angleterre s'est emparée du commerce du Monde tous les produits de l'industrie dans les deux hémispheres, vont s'engloutir dans cette île.

»

Cependant la Russie, si long-temps inconnue dans les débats de l'Europe, fomente aujourd'hui les désordres de l'Occident, en même temps qu'elle menace l'Orient de sa vaste domination.

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gravent contre lui: les droits de sa souveraineté sont rendus, pour ainsi dire, incertains.

» Dans de telles conjonctures, au milieu de ces machinations et de ces trames, S. M. a dû abandonner une route où ne se trouvait point la paix que le vainqueur seul a cherchée.

» Il faut désormais rendre cette paix desirable à ceux qui provoquent la guerre.

Il faut rendre la guerre funeste à ceux qui s'y laissent entraîner.

« Il faut réduire les cabinets à l'heureuse impuissance d'être trompés encore une fois.

» Il faut enfin que des princes tant de fois vaincus, apprennent que la clémence a un terme et que le sceptre dont ils abusent peut se briser entre leurs mains.

» De là, un nouveau plan de conduite, et des mesures accessoires propres à en assurer le succès.

» La première et la plus importante de toutes, consiste à soutenir la puissance de la Nation, par la continuité des mêmes moyens, et par le développement de ses forces.

» Il faut ensuite qu'un peuple infracteur des lois dé la civilisation, soit privé de toutes relations avec les peuples civilisés.

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» Il faut que S. M. garde ses conquêtes, et qu'elle en écarte les fauteurs de toutes les discordes jusqu'au moment où l'Angleterre aura reconnu les principes qui, chez les peuples policés, tempèrent les désastres inséparables de leurs dissentions; jusqu'à l'époque où de justes restitutions auront accquitté nos obligations envers nos. fidèles alliés; enfin, jusqu'à une paix générale qui établira le repos de l'Europe, permettra à tous les peuples l'entier développement de leur industrie.

» Vous appréciez, Messieurs, tout ce qu'un pareil des sein a de grand et de glorieux. Ses avantages prochains, ceux qu'il offre pour l'avenir n'échappent point à votre sagesse; elle y trouve une ample compensation de la per

sévérance et des sacrifices momentanés dont il doit être le prix.

» Les garans de l'exécution seront, pour S. M., l'amour de ses peuples, la fidélité tant de fois éprouvée du Sénat, le courage des armées; mais sur-tout ce génie dont le succès n'a jamais démenti les inspirations, et cette ardeur qui ne connaît point d'obstacles, quand il s'agit de la gloire de la France et du bonheur de l'humanité. »

MESSAGE de S. M. l'Empereur et Roi au Sénat.

« Sénateurs,

» Nous voulons, dans les circonstances où se trouvent les affaires générales de l'Europe, faire connaître à vous et à la nation les principes que nous avons adoptés comme règle de notre politique.

» Notre extrême modération, après chacune des trois premières guerres, a été la cause de celle qui leur a succédé. C'est ainsi que nous avons eu à lutter contre une quatrième coalition neuf mois après que la troisième avait eté dissoute, neuf mois après ces victoires éclatantes que nous avait accordées la Providence, et qui devaient assurer un long repos au Continent.

» Mais un grand nombre de cabinets de l'Europe est plus tôt ou plus tard influencé par l'Angleterre; et sans une solide paix avec cette puissance, notre peuple ne saurait jouir des bienfaits qui sont le premier but de nos travaux, l'unique objet de notre vie. Aussi, malgré notre situation triomphante, nous n'avons été arrêtés, dans nos dernières négociations avec Angleterre, ni par l'arrogance de son langage, ni par les sacrifices qu'elle a voulu nous imposer. L'ile de Malthe, à laquelle s'attachait pour ainsi dire l'honneur de cette guerre, et qui retenue par l'Angleterre au mépris des traités, en était la première cause, nous l'avions cédée; nous avions consenti à ce qu'à la possession de Ceylan et de l'Empire du Myssoure, l'Angleterre joignît celle du Cap-de-Bonne Espérance.

» Mais tous nos efforts ont dû échouer lorsque les con

seils

seils de nos ennemis ont cessé d'être animés de la noble ambition de concilier le bien du Monde avec la prosperité présente de leur patrie, et la prospérité présente de leur patrie avec une prospérité durable; et aucune prospérité ne peut être durable pour l'Angleterre, lorsqu'elle sera fondée sur une politique exagérée et injuste qui dépouillerait soixante millions d'habitans, leurs voisins, riches et braves, de tout commerce et de toute navigation.

Immédiatement après la mort du principal ministre de l'Angleterre, il nous fut facile de nous appercevoir que la continuation des négociations n'avait plus d'autre objet que de couvrir les trames de celle quatrième coalition étouffée dès sa naissance.

» Dans cette nouvelle position, nous avons pris pour principes invariables de notre conduite de ne point évacuer ni Berlin, ni Varsovie, ni les provinces que la force des armes a fait tomber en nos mains, avant que la paix générale ne soit conclue, que les colonies espagnoles, hollandaises et françaises ne soient rendues, que les fondemens de la puissance ottomane ne soient raffermis, et l'indépendance absolue de ce vaste Empire, premier intérêt de notre peuple, irrévocablement consacrée.

» Nous avons mis les Isles-Britanniques en état de blocus, et nous avons ordonné contre elles des dispositions qui répugnaient à notre cœur. Il nous en a coûté de faire dépendre les intérêts des particuliers de la querelle des rois, et de revenir, après tant d'années de civilisation, aux principes qui caractérisent la barbarie des premiers âges des nations. Mais nous avons été contraints, pour le bien de nos peuples et de nos alliés, à opposer à l'ennemi commun les mêmes armes dont il se servait contre nous. Ces déterminations, commandées par un juste sentiment de réciprocilé, n'ont été inspirées ni par la passion, ni par la haîne. Ce que nous avons offert après avoir dissipé les trois coalitions qui avaient tant contribué à la gloire de nos peuples, nous l'offrons encore aujourd'hui que nos armes ont obtenu de nouveaux triomphes. Nous sommes prêts à faire la paix avec l'Angleterre ; nous sommes prêts à la faire avec la

Russie, avec la Prússe; mais elle ne peut être conclue que sur des bases telles qu'elle ne permette à qui que ce soit de s'arroger aucun droit de suprématie à notre égard, qu'elle rende les colonies à leur métropole, et qu'elle garantisse à notre commerce et à notre industrie la prospérité à laquelle ils doivent atteindre.

» Et si l'ensemble de ces dispositions éloigne de quelque temps encore le rétablissement de la paix générale, quelque court que soit ce retard, il paraîtra long à notre cœur. Mais nous sommes certains que nos peuples apprécieront la sagesse de nos motifs politiques, qu'ils jugeront avec nous qu'une paix partielle n'est qu'une trêve qui nous fait perdre tous nos avantages acquis pour donner lieu à une nouvelle guerre, et qu'enfin ce n'est que dans une paix générale que la France peut trouver le bonheur.

>> Nous sommes dans un de ces instans importans pour la destinée des nations; et le Peuple français se montrera digne de celle qui l'attend. Le sénatus-consulte que nous avons ordonné de vous proposer, et qui mettra à notre disposition, dans les premiers jours de l'année, la conscription de 1807, qui, dans les circonstances ordinaires, ne devrait être levée qu'au mois de septembre, sera exécuté avec empressement par les pères comme par les enfans. Et dans quel plus beau moment pourrions-nous appeler aux armes les jeunes Français? ils auront à traverser, pour se rendre à leurs drapeaux, les capitales de nos ennemis et les champs de bataille illustrés par les victoires de leurs aînés.

» Donné à Berlin, le 21 novembre 1806. »

Signé, NAPOLÉON.

Par l'Empereur,

Le Ministre Secrétaire d'État, H. B. MARET.

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