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Pendant ces événemens importans, plusieurs corps de

notre armée arrivent sur la Vistule.

La malle de Varsovie a apporté beaucoup de lettres de Russie qui ont été interceptées. On y voit que, dans ce pays, les fables des journaux anglais trouvent une grande croyance; ainsi, l'on est persuadé en Russie que le maréchal Massena a été tué, que la ville de Naples s'est soulevée, qu'elle a été occupée par les Calabrois, que le Roi s'est réfugié à Rome, et que les Anglais avec 5 ou 6,000 hommes sont maîtres de l'Italie ; il ne faudrait cependant qu'un peu de réflexion, pour rejeter de pareils bruits. La France n'a-t-elle donc plus d'armée en Italie ? Le Roi de Naples est dans sa capitale; il a 80,000 Français; il est maitre des deux Calabres, et à Pétersbourg, on croit les Calabrois à Rome. Si quelques galériens armés et endoctrinés par cet infàme Sidney Smith, la honte des braves militaires anglais, tuent des hommes isolés, égorgent des propriétaires riches et paisibles, la gendarmerie et l'échafaud en font justice. La marine anglaise ne désavouera point le titre d'infamie donné à Sidney Smith. Les généraux Stuart et Fox, tous les officiers de terre s'indignent de voir le nom anglais associé à des brigands. Le brave général Stuart s'est même élevé publiquement contre ces menées aussi impuissantes qu'atroces, et qui tendent à faire du noble métier de la guerre, un échange d'assassinats et de brigandages; mais quand Sidney Smith a été choisi pour seconder les fureurs de la reine, on n'a vu en lui qu'un de ces instrumens que les gouvernemens emploient trop souvent, et qu'ils abandonnent au mépris qu'ils sont les premiers à avoir pour eux. Les Napolitains feront connaître un jour avec détail les lettres de Sidney Smith, les missions qu'il a données, l'argent qu'il a répandu pour l'exécution des atrocités dont il est l'agent en chef.

On voit aussi dans les lettres de Pétersbourg, et même dans les dépêches officielles, qu'on croit qu'il n'y a plus de Français dans l'Italie supérieure: on doit savoir cependant qu'indépendamment de l'armée de Naples, il y a encore en

Italie

Italie 100,000 hommes prêts à punir ceux qui voudraient y porter la guerre. On attend aussi à Pétersbourg des succès de la division de Corfou; mais on ne tardera pas à apprendre que cette division à peine débarquée aux Bouches de Caltaro a été défaite par le général Marmont, qu'une partie a été prise, et l'autre rejettée dans ses vaisseaux : c'est une chose fort differente d'avoir affaire à des Français, ou à des Turcs que l'on tient dans la crainte et dans l'oppression, en fomentant avec art la discorde dans les provinces.

Mais quoiqu'il en puisse être, les Russes ne seront point embarrassés pour détourner d'eux l'opprobre de ces résultats.

Un décret du sénat dirigeant a déclaré qu'à Austerlitz, ce n'étaient point les Russes, mais leurs alliés qui avaient été battus. S'il y a sur la Vistule une nouvelle bataille d'Austerlitz, ce sera encore d'autres qu'eux qui auront été vaincus, quoiqu'aujourd'hui comme alors, leurs alliés n'aient point de troupes à joindre à leurs troupes, et que leur armée ne puisse être composée que de Russes.

Les états de mouvemens et ceux des marches de l'armée russe sont tombés dans les mains de l'état-major Français. Il n'y aurait rien de plus ridicule que les plans d'opérations des Russes, si leurs vaines espérances n'étaient plus ridicules encore.

Le général Lagrange a été déclaré gouverneur général de Cassel et des Etats de Hesse (1).

(1) Voici la proclamation publiée à Cassel à cette occasion.

« Habitans de la Hesse, vous connaissez maintenant les causes auxquelles vous pouvez attribuer les événemens qui se sont passés. Les circonstances, j'ose le croire, n'entraîneront point après elles les malheurs qui sont presque inévitables au milieu de tels changemens. La guerre et ses désastres ne ravageront pas vos campagnes. Restez tranquilles, continuez vos travaux et vos spéculations de commerce; abandonnez-vous à votre industrie et à votre activité, et soyez sans crainte pour vos lois, vos usages, votre religion, vos personnes et vos propriétés : tout sera protégé. Nommé gouverneur-général de la Hesse par S. M. T'Empereur des Français et Roi d'Italie, je ferai tout ce qui dé

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Le maréchal Mortier s'est mis en marche pour le Hanovre et pour Hambourg avec son corps d'armée.

Le Roi de Hollande a fait bloquer Hameln.

pendra de moi pour maintenir l'ordre et faire prospérer le pays; tel est le but que je me suis proposé. Heureux si je puis l'atteindre Votre devoir, habitans de la Hesse, est l'obéissance aux ordres et aux dispositions du gouvernement, et l'exécution ponctuelle et absolue de tout ce qu'il vous prescrira. C'est tout ce que j'exige de vous pour atteindre ce but, qui doit nous être commun, et dont votre bonheur et votre tranquillité sont inséparables. Le gouverneur-général arrête ce qui suit:

Art. I. La perception de tous les revenus de l'électorat de Hesse, et l'administration de la justice auront lieu à l'avenir, au nom de S. M. l'Empereur et Roi.

II. Tout le pays sera désarmé. Quiconque retiendrait encore des armes après l'ordre donné pour le désarmement, se met dans le cas d'être fusillé. Sont toutefois exceptés de cette mesure, tous les officiers à qui il est permis de conserver leurs armes, ainsi que les personnes qui ont le droit de porter l'épée.

III. La justice continuera d'être administrée à l'avenir par les mêmes juges, et il n'y sera fait aucun changement, pourvu que ces derniers ne fassent rien de contraire à leurs devoirs.

IV. Il en sera de même des autres branches de l'administration et de tout ce qui concerne les finances et la police. Les employés actuels conserveront leurs places, tant qu'ils ne cesseront pas de mériter la confiance qu'on a mise en eux.

V. Il n'y aura aucune interruption dans la perception des impôts. Les recettes qui se trouvent déjà dans les caisses, et celles qui rentreront à l'avenir, devront être envoyées, comme auparavant, à Cassel; il en sera de même de celles de la chambre des finances de Hanau.

VI. Tout administrateur, créancier ou receveur qui oserait soustraire une partie des recettes publiques, sera aussitôt arrêté et remis à une commisson militaire, pour être jugé par celle-ci d'après toute la rigueur des lois.

VII. Quiconque recélera des sommes ou autres objets appartenant à l'Etat, et n'en fera pas la déclaration dans les 24 heures après la proclamation de la présente, sera également arrêté, et puni conformément à la teneur de l'article précédent.

VIII. Le gouverneur se réserve seul le droit d'ordonner les dépenses et les paiemens pour les différens objets qui lui se

ront soumis.

IX. Le présent arrêté sera publié dans toute l'étendue de la

Il faut que cette guerre soit la dernière et que ses au teurs soient si sévérement punis, que quiconque voudra désormais prendre les armes contre le Peuple Français, sache bien avant de s'engager dans une telle entreprise, quelles peuvent en être les conséquences.

ÉTAT MAJOR GÉNÉRAL.

Au quartier-général impérial à Berlin, le 8 novembre 1806.

ORDRES DU JOUR

L'Empereur témoigne sa satisfaction au général Savary, ainsi qu'au 1er régiment de hussards et au 7o de chasseurs sous ses ordres, qui ont pris à Wismar le général Husdunne avec deux régimens de hussards forts de mille chevaux, deux bataillons de grenadiers et deux pièces de canon. Le prince de Neufchatel et Vallengin, major-général de la Grande-Armée ;

Signé, maréchal ALEX. BERTHIER.

Berlin, le 9 novembre 1806.

L'Empereur témoigne sa satisfaction au grand-duc de Berg, au prince de Ponte-Corvo, au maréchal Soult, et aux corps de troupes d'infanterie, cavalerie, artillerie et génie à leurs ordres, pour leur conduite brillante à Lubeck, et pour l'activité qu'ils ont mise dans leur marche à la poursuite de l'ennemi.

Vivement pressé, constamment débordé sur tous les points où il cherchait une retraite; enfin, accablé de toute manière, le corps du général Blucher, fort de 16,000 hommes d'infanterie, 4000 de cavalerie, 80 pièces de ca

Hesse, et il est enjoint aux ministres de veiller à son exécution, chacun dans ce qui le concerne.

Fait et arrêté au palais du gouvernement à Cassel, le 4 novembre 1806.

Signé, le général et gouverneur LAGRANGE.

*

non, a été obligé de capituler, et de se rendre prisonnier de guerre, pour être conduit en France. Il avait perdu tous ses bagages et ses magasins.

Il ne reste aucune troupe ennemie en campagne en-deçà de la Vistule.

Le prince de Neufchâtel, ministre de la guerre, major-gé

néral;

Signé, maréchal ALEX. BERTHIer.

TRENTIÈME BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE.

Berlin, le 10 novembre 1806.

La place de Magdebourg (1) s'est rendue le 8. Le

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(1) Magdebourg est une grande, ancienne et très-belle ville d'Allemagne, capitale du cercle de Basse-Saxe et du duché de son nom, autrefois impériale et anséatique, sur la rive gauche de l'Elbe, à 28 1. de Berlin, 45 de Hambourg. On dérive son nom d'une déesse Magda (ce qui veut dire fille), que les anciens Saxons adoraient sous les mêmes formes àpeu-près que les Grecs donnaient à Vénus. Elle était représentée à demi nue, ayant la mamelle gauche percée d'une flèche, et entourée de trois grâces plus petites qu'elle. Des vestiges de ce culte se sont conservés long-temps dans des jeux, où le prix du vainqueur était une jeune fille. Les annales de Magdebourg témoignent que ces jeux se sont

célébrés encore dans le 14°. siècle.

Cette ville étant un passage important sur l'Elbe, a soutenu plusieurs siéges; mais tous ont été oubliés depuis l'effroyable catastrophe de 1651. L'archevêché protestant, dont Magdebourg était le siége, avait conclu une alliance avec Gustave-Adolphe, dès que ce prince eut débarqué en Allemagne. L'administrateur, Christian-Guillaume de Brandebourg, se hâta de chasser les troupes autrichiennes; mais le fameux général Tilly revint promptement mettre le blocus devant la place. Réduite à ses propres forces par l'inaction des électeurs de Saxe et de Brandebourg, elle opposait aux impériaux la plus belle résistance. Tout son espoir était dans Gustave-Adolphe, qui était alors occupé sur l'Oder. Quelques écrivains allemands n'ont point hésité à reprocher amèrement à ce grand Roi l'abandon où il laissa une ville qui avait tout bravé pour lui: d'autres historiens, à la tête desquels il faut placer Frédéric-le-Grand, affirment que Gustave voulut marcher au secours de ses alliés, mais il en fut empêché par le refus que fit l'électeur de Saxe, de livrer aux Suedois le passage du pont de l'Elbe à Wittemberg.

Quoi qu'il en soit, cette malheureuse ville, que Walstein ni Tilly n'avaient pu prendre par la force, succomba enfin à la ruse. Les habitans, endorinis par de feintes négociations, ne mirent plus la même vigilance dans leur service, Pappenheim, qui dirigeait le siége, s'en étant aperçu,

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