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il y a 4 cachots. Le cachot d'Alençon mesure dix pieds sur six, il reçoit cinq hommes; le cachot boisé, dix pieds sur sept, neuf hommes; celui d'en bas, treize pieds sur neuf, quatorze hommes; celui d'en haut, vingt et un pieds sur dix, vingt-quatre hommes.

Une autre pièce, appelée « misère de vingt-trois pieds sur vingt et un, où se rassemblent dans le jour les prisonniers, sert d'infirmerie; elle renferme en ce moment seize malades de la dyssenterie.

Les pièces nommées le Grand et le Petit civil sont peu sûres; on n'y peut mettre de gens prévenus de grands crimes. Les femmes sont logées dans quatre petites chambres, dites les Magdelonnettes. Ces prisons ne sont pas assez vastes; il faut en outre beaucoup de surveillance.

Quelques jours après la visite du maire, une tentative d'évasion eut lieu, un barreau de fer ayant été scié au moyen d'un couteau ébréché; elle n'aboutit pas et des mesures rigoureuses en empêchèrent le retour.

Les lettres de la poste étaient jusqu'alors portées par des factrices dans une boîte où chacun venait choisir ce qui était pour lui; on les fera dorénavant remettre jusqu'aux dernières maisons des faubourgs pour épargner du chemin aux habitants.

A partir du premier juin 1792, par suite du manque de blé dit de monée pour les habitants peu aisés de la campagne, il sera pris dans les greniers un mélange de blé, d'orge et de méteil; on en portera vingt setiers au marché ; si le besoin l'exige, on continuera à garnir le marché. Ce mélange sera vendu au cours et, s'il y a un bénefice, il sera réparti entre les malheureux.

Les balances des bouchers sont vérifiées; le prix de la viande de bœuf, veau, mouton, est fixé à huit sous six deniers la livre; celui de la vache, taureau et bique à sept sous six deniers.

Il est fait défense de rien acheter avant l'heure des marchés, aux revendeurs, revendresses, fruitiers, poulailliers, cuisiniers, rôtisseurs, etc. Les objets d'alimentation doi

vent être exposés dans les marchés, sous peine de confiscation; cela permettra aux habitants d'acheter les vivres nécessaires à la vie.

Le blé qui valait 16 1. le setier (98 kilog.) au commencement de l'année, obtient le cours de 20 1. 10 sols à la fin de décembre.

Religion, prêtres assermentés, émigrés. L'évêque et les vicaires de l'église Cathédrale sont invités à donner à M. Lacombe, citoyen directeur des affiches, communication. de leurs registres des baptêmes, mariages et sépultures.

L'église Saint-Barthélemy va être vendue; on conservera un peu de terrain pour élargir la route. Les cloches des églises des paroisses supprimées vont être descendues; la descente est donnée à l'adjudication.

Un médecin du nom d'Alexandre Lesage demande à enlever les corps déposés dans les caveaux de l'église SaintAndré. Ces corps sont dans un état parfait de sécheresse; on les connaît sous le nom de momies. Il veut disséquer ces corps curieux et rares, espérant trouver à cela quelque chose d'utile pour la science.

Les médecins, chirurgiens et apothicaires sont consultés à cet effet; suivant leur rapport la conservation des corps desséchés de Saint-André ne peut avoir pour but que la simple curiosité; elle ne peut être d'aucune utilité pour les sciences.

Ces corps seront donc transportés, avec tous ceux des caveaux des églises, dans le cimetière commun de la ville.

Un vieux médecin, le sieur Mahon, vient réclamer, dans une pétition faite en expressions peu décentes et peu mesurées, un prétendu abonnement de 24 1. par an, pour soins donnés aux religieux Jacobins de Chartres et cela depuis 45 années. Sa demande est repoussée.

« Le droit à vendre de la viande pendant le carème, appartenant à l'hôpital, était adjugé chaque année; mais le 27 janvier 1792, l'an quatrième de la Liberté, comme le portent depuis quelques jours les délibérations, il est dit

qu'il n'y a plus aucun privilège ni exception au droit commun de tous les Français; que tous les bouchers ou autres personnes vendant viande, ont le droit d'étaler pendant le carême comme dans les autres temps de l'année. »

Les filles de la maison de Sous-Terre, connues pour avoir des idées opposées à la Révolution, introduisent-elles dans l'église souterraine des prêtres pour dire leurs messes? MM. Brazon et Peluche sont nommés commissaires pour vérifier le fait; ils ne firent pas de rapport sur le résultat de leur mission.

Le sieur Maugin, chaudronnier, sergent de garde nationale, a fait baptiser clandestinement son enfant; la compagnie veut chasser Maugin; elle attend la décision de la municipalité.

Le corps municipal s'appuyant sur la liberté des opinions. religieuses consacrée par les décrets de l'Assemblée nationale, dit qu'il n'y a pas lieu à délibérer sur cette pétition.

Un peu plus tard, on observe qu'il se fait des rassemblements, sous prétexte d'aller aux messes des prêtres non assermentés, ce qui cause des inquiétudes dans le public. Cela est la source d'une infinité de discussions dans les familles et de divisions entre les citoyens; des plaintes répétées sont portées à ce sujet.

« La municipalité rappelle aux citoyens, prêtres et laïques, que ces rassemblements étant défendus par la loi, elle n'en souffrira aucun; tous prêtres non assermentés, aux termes de l'article 1er du décret du 7 mai 1791, ayant la liberté de dire la messe dans les églises paroissiales, succursales et oratoires nationaux.

Elle rappelle aussi que, pour fonder une société religieuse, il faut demander à la municipalité une inscription qui sera mise au-dessus de la principale porte extérieure du lieu consacré et en annoncera la publicité.

>> Seront regardés comme perturbateurs de la tranquillité publique, réfractaires à la loi, ceux qui n'observeront pas les formes ci-dessus prescrites.

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L'abbé Mitouflet, ci-devant chanoine, fort comme deux portefaix (il avait un jour monté sur son dos, ensemble, deux sacs de blé dans son grenier), très aimé dans la ville, demande à conserver sa maison jusqu'à son décès. Il a dépensé une somme de 5,156 l. en objets ne pouvant s'enlever; il offre un loyer de 355 1. Sa demande est agréée.

Conformément à la loi du 17 décembre 1791, tout créancier de l'État, pour toucher sa créance quelle qu'en soit la cause, doit représenter au payeur un certificat prouvant qu'il habite l'empire français, et y a demeuré sans interruption pendant les six mois précédents.

D'après la loi du 8 avril 1792 sur les biens des émigrés, la municipalité est tenue d'envoyer au Directoire du district l'état des biens appartenant à des personnes qu'elle ne connaîtra pas pour être domiciliées actuellement dans le département, ainsi que des rentes, prestations et autres redevances qui leur sont dues.

Sur un registre, on inscrira le domicile des disparus en 1789, ayant abandonné leur domicile depuis la Révolution. Un garde national de l'Aisne, de passage dans la ville, n'a pu être logé chez M. Reviers absent; le sieur Reviers n'a pas d'autre habitation dans le royaume; il est donc notoire qu'il est émigré et il est taxé à 3 1. pour sa contribution dans le logement de la garde nationale.

Le sieur Brouilhet, dit la Carrière, demande à être rayé de la liste des émigrés; il a produit à Metz un certificat d'un médecin de Mayence; il n'est sorti du royaume que pour cause de maladie.

La demande n'est pas admise; M. Brouilhet aurait, avant son départ, exhibé les ordonnances de médecins de Chartres lui prescrivant les eaux sulfureuses de Weilbach; d'ailleurs la loi ne porte pas d'exception en faveur des personnes malades. Il habitait Chartres; toute sa famille a comme lui quitté le royaume dans le même temps; il sera donc regardé comme émigré, et les oppositions faites par la municipalité entre les mains de ses fermiers doivent, subsister et ses biens être sequestrés.

L'état des biens des émigrés sur le territoire de la commune, des revenus, rentes, prestations, comprenait les noms suivants :

MM. Renouard et la de Midi, son épouse: mobilier, une maison de campagne, une ferme, une rente;

De Cambis, ex-chanoine, ex-grand-vicaire: mobilier, valeur de bénéfices;

Ferrand, ex-chanoine;

Lécuyer dit la Papotière le jeune mobilier, pas de

revenu;

Lubersac, ci-devant évêque: mobilier présumé à Bouglainval, revenu ;

Reviers, gendre de Bruet: rente constituée en dot à sa femme, autres revenus dans le Perche;

Brouilhet dit la Carrière l'aîné: mobilier, lots de terre ; Du Chaulnoy, ci-devant officier de cavalerie: maison meublée, rue Avedan, terres, ferme de Beauvais à Champrond;

Olivier fils, etc., etc.

« L'émigration n'avait pas été considérable dans le département; les nobles y ont joui d'une sécurité égale à celle des autres citoyens. »><

>> La majeure partie des ecclésiastiques préféra prêter les serments comme les fonctionnaires civils, plutôt que de s'expatrier; ils n'ont cessé d'exercer leurs fonctions que pendant les quelques mois où fut célébré le culte de la Raison.

» Dans presque toutes les paroisses de campagne, les habitants ont continué de faire l'office, quoique privés de prêtres.

» Le 14 juin 1792, la Société des Amis de la Constitution fait mettre le bonnet de la Liberté au haut du clocher neuf de la cathédrale. Cette entreprise hardie fut exécutée par un charpentier qui a montré autant d'adresse que de courage et de civisme. On l'a vu prendre toutes sortes d'attitudes à la pointe de cette superbe pyramide, élevée de 400 pieds, en criant: Vive la nation, Vive la liberté, Au

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