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DYNASTIE DES LÊ

Lê-thái tổ. 1428-1434

A son avénement, Lê-loi, que nous appellerons désormais Lê-thải-tổ, envoya en Chine une ambassade chargée d'annoncer à l'empereur l'extinction de la race des Trân, et de demander l'investiture pour le nouvel élu de la nation. Il était de bonne politique de la part de l'Annam de renouer des relations avec son puissant voisin et de consentir à une sorte de soumission dont les conséquences étaient compensées par le résultat des victoires obtenues. Pendant longtemps, soit désir de motiver l'invasion précédente, soit crainte de Lê-loi et espoir de lui créer des difficultés, l'empereur répondit de chercher un descendant des Trân; enfin, gagné par les présents de Lê-lgi, qui promettait de lui envoyer 50000 taëls d'or tous les trois ans, il consentit à lui donner le titre et les insignes de roi d'Annam (1431).

Cependant Lê-thai-tỗ n'avait pas attendu la reconnaissance de son pouvoir par la Chine pour se faire couronner solennellement à Dong-đô qui, à cette époque, fut appelée Đôngkinh. Il s'était occupé d'organiser son royaume dont il changea le nom en celui de Đại-viêt; il avait promulgué de nouvelles lois et nommé de nouveaux administrateurs dans les provinces; pour remédier à l'épuisement des finances, il fit exploiter les mines d'or et d'argent; ambitieux de toutes les gloires, il embellit sa capitale de nouveaux monuments et fit construire les palais de Van-thọ, de Cánh et plusieurs autres encore. En l'année 1432, il dût faire une expédition contre le Phus-le-châu et l'Ailao, dont la révolte fut rapidement comprimée.

Lê-thải-tỗ vit les derniers jours de son règne attristés par les déréglements de son fils aîné et dut choisir pour héritier son fils cadet Lê-nguyên-long. Le fondateur de la dynastie des Lê mourut en 1433, après avoir régné 6 ans. Ce prince est sans contredit une des plus grandes et des plus sympa

thiques figures que nous offre l'histoire d'Annam. Jeune encore et déjà patriote dévoué, il refuse les offres du gouvernement chinois, préférant vivre au milieu des forêts jusqu'au jour où il arbore le drapeau de l'indépendance. Dans la guerre d'embuscade, il déploie toute l'activité et l'audace d'un chef de partisans ; général en chef d'armées nombreuses, il montre le génie d'un véritable homme de guerre. Libérateur de sa patrie, il monte sur le trône où l'appelaient ses services, sa gloire et le vœu des populations, rétablit les services publics et est aussi bon organisateur qu'il avait été vaillant guerrier. Cet homme réunissait en lui seul le courage, le dévouement et l'habileté, et ces grandes qualités mises au service d'une noble cause avaient été couronnées par le succès. Aussi, quoique la race des Lê ait disparu depuis bientôt un siècle, son souvenir est resté vivant dans bien des cœurs, parce que son nom lié à une période de gloire est synonyme d'indépendance nationale.

Lê-thái-tông 1434-1443.

A son avénement au trône, Lê-thai-tông n'était encore qu'un enfant, mais au dire des annales, il avait des talents remarquables et les montra en dirigeant de bonne heure les affaires de son royaume. Sous son administration vigilante et ferme, l'Annam aurait pu être heureux si des sécheresses extraordinaires n'avaient engendré la misère. Pour apaiser le ciel, on reconstruisit la pagode de Báo-thiên, une des merveilles du royaume. Mais cette œuvre ne servit qu'à rendre plus malheureux le peuple, qui dût, pendant de longs mois, fournir de nombreuses corvées. Malgré sa sagesse, Lê-thải-tông se laissa entraîner à commettre une grave faute politique qui était en même temps un crime. Lê-sát, un des plus vieux compagnons de Lê-thai-tổ, s'arrogeait parfois une autorité que le roi supportait avec impatience. Un jour, sous prétexte que Lê-sát tramait une conspiration contre l'Etat, le roi lui envoya un cordon de soie rouge, un sabre et un

verre de poison. C'était un ordre de se tuer. Habitué à l'omnipotence des souverains d'Orient et à la soumission passive, Lê-sắt n'hésita pas à obéir. En la personne de Lê sát, le roi frappait tous les anciens compagnons d'armes de Lê lợi; ils auraient pu faire payer cher au jeune roi son ingratitude et sa cruauté, mais le souvenir de leur ancien chef encore tout puissant dans les cœurs les arrêta. A cette époque, l'Annam est en paix avec tous ses voisins; son autorité s'est affermie par sa victoire sur la Chine. Les tribus voisines, les Phù-man, les Bôn-man, les Qua-man, même les Ailaociens, ses implacables ennemis, reconnaissent sa suzeraineté, les rois du Ciampa s'excusent de quelques incursions faites par leurs sujets, pirates incorrigibles. Le roi de Siam envoie une ambassade offrir des présents à Thái-tông. D'ailleurs, quand par hasard une tribu vassale ose tenter une révolte, une répression énergique et prompte la ramène à l'obéissance. C'est ce qu'il fallut faire pour le Phục lê châu en 1439, en 1440 pour la tribu de Hà-tông-lai et en 1441 pour les habitants de Thuận mổ châu.

De nouveaux règlements avaient été faits sur l'administration de la justice; sur les poids et mesures; la pièce de soie dût avoir 30 thước (le thước = 0m,636); la pièce de coton 22 ou 24, le cahier de papier dût contenir 100 feuilles ; sur la monnaie, la valeur du tiên (dixième de ligature) fut de 60 sapèques au lieu de 50 sous le règne précédent, et de 70 sous les Trân. Il rétablit les passe-ports afin d'empêcher la vente des jeunes gens et des jeunes filles dans les pays voisins. Ces années de paix et de prospérité avaient enrichi le royaume et attiré les navires étrangers dans ses ports. Les Malais, les Siamois, les Chinois venaient échanger les produits de leur pays contre ceux de l'Annam. Tout marchait donc à souhait et la jeunesse et les talents du roi faisaient présager un règne long et heureux, lorsque tout à coup, on annonça la nouvelle de sa mort (1443). Dans une de ses promenades, il était entré pour se reposer chez Nguyễn-trai, un de ses mandarins; il fut pris subitement

d'une fièvre violente et emporté en quelques heures. On cacha sa mort pendant six jours, afin de rapporter son cadavre à la capitale; ensuite on fit le procès de Nguyễntrai; sans doute le vieux serviteur de Lê-loi n'était pas coupable, mais le roi était mort dans sa maison, il fut rendu responsable de ce malheur et condamné à la peine capitale avec toute sa famille.

Lê-nhân-tông 1443-4460

Le-thai-tông avait exclu du trône son fils aîné et choisi pour successeur son troisième fils Bang-ki, qui lui succéda sous la tutelle de sa mère. Les premières années de ce règne furent illustrées par une guerre victorieuse contre les Ciampois, qui malgré leurs assurances réitérées de paix et d'amitié avec l'Annam avaient envahi la province de Hóachâu. Une armée envahit le Ciampa, s'empara de Chà-bàn, la capitale, fit prisonnier le roi Bi-cai et mit sur le trône (1544) Maha-qui-lai, le fils de l'ancien roi Che-de. Mais la Chine intervint et Bi-cai dût être remis en liberté et remonta sur le trône, d'où une révolte avait fait descendre le protégé de l'Annam.

Cette intervention de la Chine était due sans doute à quelques partisans de Bi-cai, qui avaient demandé à l'empereur de s'interposer dans cette affaire. Le gouvernement annamite accéda immédiatement à la demande impériale; d'ailleurs, il n'avait à soutenir, ni de son influence, ni de ses armes, son candidat assassiné par un général ambitieux qui l'avait détrôné. Quant à Bi-cai, il avait vu de trop près la puissance annamite pour oser recommencer la lutte. Lê-nhân-tông se contenta d'adresser aux Ciampois une lettre où il leur déclarait ne plus pouvoir s'occuper d'eux ni de leurs affaires, parce qu'ils s'en étaient rendus indignes en traitant avec tant de mépris leurs souverains. Peut-être essayait-il ainsi de leur donner le change en semblant obéir à des sentiments personnels et non aux réclamations

de la Chine. C'était une sorte de politique à laquelle personne ne se trompait, mais qui pouvait permettre au roi de croire aux illusions des autres et lui persuader que sa dignité était sauvegardée.

Pendant les années suivantes, de 1448 à 1452, il fallut de temps en temps guerroyer contre les tribus vassales; les tribus des Tham-da, des Bao-lac, etc., furent successivement obligées à la soumission. Mais la situation intérieure du royaume ne répondait point à sa gloire à l'extérieur. Des sécheresses, des tremblements de terre avaient réduit les populations à la misère; la famine s'annonçait avec son cortège inséparable de souffrances et de rébellion. Alors, à l'exemple des empereurs chinois, le roi eût recours au ciel, il s'accusa de ses fautes dans une proclamation publique, prescrivit la pratique des vertus domestiques, fit revoir les jugements et diminuer les peines; il ordonna ensuite des prières solennelles auxquelles il assista avec la reine. Il y a dans la vue de ce roi, s'humiliant ainsi à la face de son peuple, s'accusant de ses fautes, comme étant la cause des malheurs de son royaume, un spectacle touchant et un enseignement profond. Il est le père de son peuple et le mandataire du ciel; à ce double titre, il doit préserver son peuple de tout malheur, et invoquer le ciel dont il tient son pouvoir, et qui, en frappant le royaume, se montre irrité des crimes de son représentant. Ce ne fut pas tout, afin d'utiliser ces hommes que la grande sécheresse empêchait de travailler et qu'il fallait nourrir, la régente fit creuser entre la rivière de Bình- et celle de Bình-nan, un canal pour faciliter le commerce avec la province de Thủi-nguyên (1449).

Ainsi, sous ce gouvernement d'une femme et d'un enfant, le pays avait joui d'une tranquillité et d'une prospérité qu'une guerre de quelques mois avec le Ciampa et la famine étaient seules venues troubler. Lê-nhân-tông ne prit qu'en 1453 les rênes du pouvoir et ne signala son règne par aucun fait remarquable. Il ordonna au lettré Phan-phu

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