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LA COLLECTION DES EMPREINTES DE SCEAUX

DES ARCHIVES DE L'EMPIRE.

NOTES RECTIFICATIVES.

Nous avons reproduit textuellement dans la Revue universelle des Arts la brillante préface écrite par M. le comte de Laborde, directeur général des Archives de l'Empire de France, et placée en tête du premier volume de l'Inventaire des sceaux conservés dans ce grand établissement. Quelques énonciations préjudiciables à un intérêt particulier nous ayant été signalées dans l'intéressant travail du savant membre de l'Institut, nous nous faisons un devoir d'admettre les observations suivantes, qui établissent toute la vérité, et que nous avons des raisons de croire conformes aux intentions de M. le directeur général. Ces observations portent sur deux points principaux l'intervention de M. Lallemand dans la livraison des empreintes demandées par le public, et la nature du travail laissé par cet archiviste à ses successeurs.

Pour que le public pût se procurer des empreintes de sceaux, M. Lallemand dut consentir à faire recette à son compte, l'administration des Archives en 1842 n'ayant pas le droit de vendre des épreuves, comme elle a été régulièrement autorisée à le faire depuis lors. En neuf années (1842-1850), M. Lallemand a livré pour moins de mille francs d'épreuves; il en a donné gratuitement pour 300 francs, et ses dépenses pour la confection des 8,000 creux et des 6,000 épreuves qu'il a fournis pour la collection des Archives se sont montées à 150 francs. Voilà pour le premier point; le second demandera plus de développements.

L'état de la collection des creux ou moules au moment où M. Lallemand fut déchargé de ce travail, en 1850, fut constaté par M. Douët d'Arcq, qui, selon ses propres expressions, « frappé « du soin et de la conscience que cet habile mouleur avait apportés « à son travail, » crut devoir citer l'exemple de moules composés de deux ou même de trois parties. Ces moules avaient été faits

méthodiquement par séries, et il n'y a eu choix que dans le cas où, un acte étant revêtu de plusieurs sceaux, il a paru convenable, afin d'éviter les déplacements, toujours dangereux, de prendre simultanément tous les moules des sceaux appendus à cet acte. Dans cet ordre méthodique, le degré de conservation du sceau a été consulté uniquement lorsque, le même type se retrouvant dans divers cartons, il s'est agi de choisir le meilleur; mais jamais aucun type commencé n'a été abandonné. Loin de se soustraire aux difficultés, M. Lallemand, sûr de les vaincre, semble plutôt les avoir recherchées : il a reproduit le collet des sceaux, ce qu'on n'avait pas tenté avant lui; il a moulé les plus grands sceaux, ceux des rois d'Angleterre et des empereurs. d'Allemagne, qui ont jusqu'à 17 centimètres de diamètre; le magnifique débris du sceau du chapitre de Cantorbéry, qui présente de grandes difficultés; la bague dont l'évêque Leubace se servait pour sceller; une autre bague aux armes de Marin Pictien. magnifique chevalière du xme siècle, autour de laquelle sont gravées des paroles de l'Évangile (1); les débris d'un même type apposé sur différents actes, et rapprochant ces diverses parties, en a formé un seul creux; enfin, le premier il a eu l'idée de doubler les épreuves d'une couche de plâtre, ce qui donne plus de consistance au soufre, permet d'y sceller une attache pour suspendre les épreuves, et procure une surface lisse, sur laquelle on peut écrire (2). L'héritage laissé par cet archiviste au mouleur qui lui a succédé ne présentait donc pas la partie du travail la plus épineuse bien loin de là; cet héritage comprenait, et en grand nombre, les sceaux les plus faciles à mouler, notamment les bulles, petits sceaux en plomb, pour la détérioration desquels on n'avait aucune crainte à concevoir. Si les successeurs de M. Lallemand ont trouvé quelque chose à relever dans son œuvre, lui aussi a eu à rectifier des erreurs commises par ses prédécesseurs, et à se féliciter de découvertes qui avaient échappé aux Bénédictins et aux érudits: c'est ainsi qu'il a reconnu que le sceau de l'empereur Ferdinand III est en or, tandis qu'on avait généralement admis qu'il était en cuivre doré; qu'il a découvert un nombre relativement considérable de sceaux ou de contre

(1) L'original est au cabinet des Antiques.

(2) Rapport du 27 avril 1849, à M. le garde général des Archives nationales, par M. Lallemand.

sceaux de rois de France, notamment un sceau de Childebert III, deux de Pépin, roi d'Aquitaine, un de Charles le Chauve, trois de Charles le Gros, et un de Lothaire (1), le second sceau de Philippe I (2), un second sceau de Philippe-Auguste, des contre-sceaux de Louis VII (pierres antiques), un sceau de Marguerite, femme de saint Louis, etc. Les recherches que M. Lallemand a faites, tant aux Archives de l'Empire que dans d'autres dépôts et cabinets d'amateurs, ont augmenté des deux tiers la collection des sceaux royaux de France; et, des vingt-quatre types qui avaient été éliminés de cette collection, vingt, sur son observation, y sont rentrés. Parmi ses autres découvertes, on peut citer une pierre antique représentant une Léda ailée et qui servait de sceau à André, archidiacre de Soissons en 1189; une inscription en relief sur la tranche du sceau de la ville de Cantorbéry (3); enfin, cinquante pierres gravées servant de contre

sceaux.

Il serait trop long de vouloir citer les preuves du zèle, de l'habileté et du désintéressement de M. Lallemand, qui, à mesure qu'il rencontrait des types meilleurs, a recommencé ses creux sans jamais recevoir le prix que d'un seul creux pour un même type, sans jamais tenir compte des difficultés comme devant modifier ce prix, et sans employer dans la fabrication une seule matière qui ne fût à ses frais. Nous devons ajouter que le fonctionnaire placé à la tête des Archives avant le directeur général actuel n'était point animé de sentiments bienveillants envers M. Lallemand, et il ne serait pas impossible que cette disposition eût exercé quelque influence sur la rédaction des Rapports cités dans la préface. M. le comte de Laborde, plus équitable que son prédécesseur, a récompensé le zèle de M. Lallemand en lui faisant obtenir, en 1860, la décoration de la Légion d'honneur, et tout récemment, après 41 ans de bons services, le titre d'archiviste honoraire, qui a été créé pour lui.

(1) Pour ce dernier, voy. la Revue archéologique de 1858, p. 173. (2) Voy. la Revue archéologique de 1847, p. 736.

(3) Voy. la Revue archéologique de 1853, p. 251.

CORRESPONDANCE.

A. MM les directeurs de la REVUE UNIVERSELLE DES ARTS.

Jehan et Jacquemart Miette, maltres des œuvres de charpenterie de la ville de Lille, et leurs travaux, XIV., XV et XVI siècles. Carpentarii a lignis cedendis; lathomi a lapidibz. (Ms. no 217, Bibl. de Valenciennes, XIV siècle, fol. XXX v°.)

MESSIEURS LES DIRECTEURS,

Les admirables charpentes de nos cathédrales prouveraient seules, au besoin, que les maîtres charpentiers du Moyen-âge étaient de vrais artistes, et notre histoire militaire témoigne également de leur extrême habileté, soit pour la construction et la réparation des ponts, soit pour les affûtements des divers engins de l'artillerie. (Consult. l'hist. de la charpenterie, par M. Paul Lacroix.) A eux aussi on confiait la construction des vaisseaux (1).

Avant d'énumérer les œuvres diverses des deux charpentiers lillois auxquels nous allons consacrer cet article, transcrivons les documents qui nous font connaître les maîtres charpentiers des ducs de Bourgogne et de la ville de Lille chargés, durant les guerres des xive et xve siècles, de la construction des ponts.

En 1385, le duc envoyait au pont à Menin les charpentiers Pietre Hanot, Jehan Desquierchin, Jehan Noirmant, Henequin Six, Piere Cas tellain, Estenevart Cornille, Hanekien François et Jehan Maceclier, pour ledit pont reffaire en le nuit que le roy, nostre sire, jue à Lille, auquel il ouvrèrent par 1 jour et une nuit, moyennant xii gros chacun.

On répara aussi le pont à Marcq, sur lequel le monarque devait passer.

Aux charpentiers envoyés pour reffaire le pont de Commines et oultre en l'ost par devers Ms. le duc, on remit un pingnon et pluseurs

(1) En 1438, Jehan Boyennes et Loys Heusson, charpentiers portugais, construisent un vaisseau de mer, en la ville de l'Ecluse, par ordre de Philippe le Bon. (Vaissel d'armes, appellé cornes.) Quatre ans auparavant (1434), Me Robert, le charpentier de Lille, et Jehan Pinchon (voy. Nos Artistes, p. 204), machon de Béthune, s'étaient rendus à Hesdin pour le fait d'une devise de certaine nouvelle chambre que Ms. veult estre faicte ou chastel dudict Hesdin pour madame la duchesse. En 1448, Pierart Chartroix, carpentiers de nef, est mentionné à Valenciennes.

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banièretes, lesquels coûtèrent vin s., alors que les neuf compagnons charpentiers qui, sous la conduite de Couvretoir (1), et à la requête du duc, se rendent en l'ost devant le Dam, reçoivent x gros par jour, puis xxxvi s. pour leur barnas faire mener de Bruges en l'ost devant le Dam, et delà al Escluse et ramener del Escluse à Lille. N'oublions pas les XXIII s. donnés à 1 vallet qui, par 1 jours, warda leur harnas ou devant dit ost.

Si nous compulsons maintenant le compte de 1411, le receveur de Jean Sans-Peur nous dira qu'il a remis xxvIII escus à Pierre de Werquin, garde des engins du duc, à St-Omer, sur ce qu'il povoit estre deut à lui et à xx autres compaignons charpentiers, pour mener partie desdis engins de la ville d'Arras devant la ville de Hem, en Vermandois, où ledit seigneur ala adont en armes (2).

Il est à croire que les charpentiers lillois, dans les actes qu'ils souscrivaient, prenaient le titre de francs charpentiers, ainsi que leurs confrères de Valenciennes, comme le constate cet acte de 1390: « Sachent « tout chil qui cest escript veront, ou oront ke, au commandement de « Wattier Creste, à ce jour lieutenant de Jaquemon Creste, adont préa vost, li francq carpentier et franc machon, sermentet à le ville chi apriès « nommet: c'est assavoir mestres Jehans de Foriest, à ce jour mestres a francs carpentiers et des ouvrages de le ville, Estienenez de le Mer, « Colars Hoston, Ernouls de Werchin, Noëls Campdavaine, Willaumez a de Pois, Sandrars dou Ponchiel et Jehans Quatreauwe, francq carpen« tier et francq machon (3). »

Avant de passer outre, permettez-moi, messieurs les directeurs, de transcrire ici quelques passages du curieux testament du francq carpentier Jehans de Foriest.

Après avoir choisi sa sépulture dans l'église de Nostre-Dame de le Cauchie, empries le petit huis par lequel on entre en le cappielle des confrères dou Puy Nostre-Dame, par devant 1 tabliel qu'à celle cause il y a fait mettre et assir, il ajoute Je laisse as manouvriers qui seront ouvrant à le journée de le ville, au jour de mon obsecque, pour boire ensamble et pryer pour mon âme, x s. t.;

As francs carpentiers et francs machons de le ditte ville de Valenchiennes, ses boins compaignons et amis, et pour boire ensamble, affin

(1) En 1388, Me Loeys était carpentier del hospital le Comtesse. Cette même année, Colart Leroy faisait ung palis derrière le maison madame de Ghistelle, à Lille.

(2) Voy la Picardie, 1857, pp. 241-247.

(3) En 1399, Willaume de Pois, francq-machon, était maître des œuvres de la ville de Valenciennes. Consultez M. L. Vitet, Monographie de Notre-Dame de Noyon, p. 123; Grandidier Sainclair, Barruel, Histoire du Jacobinisme, t. II, pp. 247-248.

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