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potiquement en France, en se laissant entraîner par la passion des Français pour les triomphes militaires.

Depuis la paix de Tilsitt, l'empire français acquérait une étendue immense. Le cours de l'Elbe devenait sa limite vers le nord; il s'étendait, au sud-est, aux extrémités orientales de la Toscane et aux frontières de la Turquie. Ce colosse menaçait l'Europe d'un entier asservissement; cependant, l'Angleterre était la seule puissance qui osait le combattre; mais, au moment où la guerre d'Espagne sembla développer dans l'âme de Bor maparte un nouveau germe d'ambition, tous les monarques dont les états n'avaient pas été subjugués par l'empereur des Français sentirent l'aiguillon de la crainte et de la jalousie. Les circonstances ne leur permettaient pas de mettre obstacle à ses premiers succès; ils en attendirent les suites avec une joie inquiète. L'invasion d'un vaste royaume, dont les habitans étaient connus par la fermeté de leur caractère et par l'amour de leur indépendance, pouvait devenir le tombeau d'une partie de cette armée de héros dont les hauts faits fatiguaient les cent voix de la Renommée; ils se flatterent de trouver dans ce désastre les moyens -de rétablir l'ancienne balance de l'Europe.

II. Le meurtre de Louis XVI doit être considéré comme d'époque des troubles d'Espagne. Un prince faible gouvernait cette péninsule; mais un

ministre à grand caractère portait les rênes de l'état; occupé à des améliorations en faveur du commerce et de l'agriculture, il observait une heureuse neutralité, dans le temps où les Prussiens et les Autrichiens entraient sur le territoire français', et où d'autres puissances se préparaient à les imiter. Cette modération fortifiait la bonne harmonie subsistante, depuis plus d'un siècle, entre les Français et les Espagnols; elle pouvait rendre quelques services à l'infortuné Louis XVI. J'ai rapporté, dans le cours de cet ouvrage, les inutiles efforts d'un ministre castillan, pour arracher ce prince à l'horreur de son sort; il frappa d'une consternation profonde une nation distinguée par son extrême générosité. La guerre éclata bientôt sur le sommet -des Pyrénées. Trois lieutenans-généraux, Ventura Caro, le marquis de la Romana et Antonio Ricardos, obtinrent le commandement des troupes espagnoles. Les deux premiers étaient chargés de défendre les passages de la Bidassóa; le troisiène devait agir offensivement vers les Pyrénées orientales. Les Français leur opposaient deux armées : une dans les Pyrénées orientales, l'autre vers Bayonne. J'ai parlé, dans les livres précédens, des principales particularités de cette guerre, dans laquelle se signalèrent, parmi les Français, les généraux Flers, Doppet, Dugommier, Pérignon et Moncey. Des intrigues de cour ayant enlevé le : commandement aux généraux Caro et Ricardos, ils furent remplacés par le comte de l'Union et le

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marquis de las Amarillas; le premier fut tué en combattant, et eut pour successeur don Joseph Urrutia; le second, battu à plusieurs reprises par le général Moncey, se retirait dans le centre de l'Espagne. Les Français menaçaient Madrid, lorsque la paix fut conclue à Bâle, le 22 juillet 1795.

Depuis ce traité de Bâle, on pouvait regarder l'Espagne comme une province de France. Nous en retirions des hommes, de l'argent, des vaisseaux. Charles IV, faisant ces sacrifices, obéissait moins à son inclination qu'au désir d'éloigner les Français de ses frontières. Ces vues changèrent d'objet, lorsque Bonaparte eut placé sur sa tête la couronne impériale. Il resserra les liaisons de la France avec la cour de Madrid, en lui promettant de réunir à la Castille le royaume de Portugal. On ne saurait décider si Bonaparte voulait se venger des Anglais, maîtres du commerce de Lisbonne, ou si, dès-lors, se proposant la conquêté de l'Espagne, son projet était de lancer dans cette monarchie les brandons de discorde, à l'aide desquels il exécuta une invasion contraire à la saine politique, et qui offre dans l'histoire d'une nation civilisée l'exemple d'une ingratitude inconnue chez les peuples les plus barbares.

Le Portugal fut séparé de l'Espagne après l'expulsion des Maures. La mort du cardinal Henri l'y réunit en 1580. Une antipathie prononcée entre les Castillans et les Portugais nuisait à cette Tome VI.

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liaison politique, dont les suites auraient conduit la péninsule espagnole à une grande prospérité. Les Portugais conquirent leur indépendance en portant sur le trône don Juan de Bragance en 1640; ils embrassèrent le parti de la maison d'Autriche pendant la guerre de la succession,

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Depuis lors, le Portugal dut sa conservation à ses étroites liaisons avec les Anglais. Le principal commerce de la Lusitanie consiste dans ses vins, assez semblables à ceux de Bordeaux. Une compagnie de commerçans anglais, autorisée par le gouvernement, achetait la totalité de ces vins, y mettait le prix chaque année, et les payait avec les produits des manufactures britanniques. Ce monopole nuisait, dans les provinces portugaises, à l'industrie nationale, et y rendait les métaux précieux extrêmement rares; mais il mettait à la disposition du gouvernement toutes les forces des Anglais, intéressés à maintenir un ordre de chose si favorable à leur prospérité; ces forces rendirent inutiles toutes les tentatives d'une armée française, commandée par le général Leclerc, et fortifiée par une armée espagnole. Manuel de Godoi signa la paix entre l'Espagne et le Portugal, le 6 juin 1801. L'Espagne fut entièrement évacuée après la conclusion de la paix entre la France et le Portugal, le 29 septembre.

L'issue de ces hostilités, inutiles et coûteuses causait en Espagne un mécontentement général, On blámait le roi, on blamait surtout son premier

ministre, le prince de la Paix; on l'accusait hautement d'avoir trahi les intérêts de l'Espagne en faveur d'un géant qui voulait dévorer tous les monárques ét toutes les monarchies. Les suites du traité de Fontainebleau, du 18 octobre 1807, augmentaient la fermentation. On apprit avec une vive indignation que, sous un espoir chimérique, Charles IV avait cédé la Toscane à l'empereur des Français; bientôt l'arrivée de la reine d'Etrurie et: de son fils confirma cette triste vérité. Cependant le traité de Fontainebleau s'exécutait, malgré les réclamations d'une partie des grands d'Espagne. Un article de ce traité donnait le royaume des Algarves et la province d'Alentejo, en toute sou- › veraineté, au prince de la Paix. Vingt-cinq mille. Français, commandés par le général Junot, et vingt mille Espagnols marchaient de concert sur Lisbonne. Les Anglais n'avaient pas eu le temps d'envoyer des troupes suffisantes. La reine de Portugal, le prince régent et toute la famille royale: furent contraints de s'embarquer à la hâte pour San-Salvador. Le 19 novembre, les Français entrèrent dans Lisbonne, le lendemain du départ de la cour. Junot, décoré du titre de duc d'Abrantes, fut déclaré vice-roi. Les Français se rendirent maîtres, presque sans résistance, de toutes les places du royaume. Il ne fut pas question de remettre au prince de la Paix les provinces dont il devait être investi. Des mouvemens insurrectionnels se manifestaient aux environs de Madrid; ils

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