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Rarement Sa Majesté rejetait mes sollicitations de ce genre, parce que je ne m'en chargeais qu'avec beaucoup de discrétion; aussi fus-je assez heureux pour obtenir en faveur de madame Dupont-Derval une pension qui était même considérable. Je ne me rappelle plus comment l'empereur vint à découvrir que le général Dupont-Derval était divorcé, et avait eu une fille d'un premier mariage, laquelle vivait encore ainsi que sa mère. Il sut, en outre, que la femme que le général Dupont-Derval avait épousé en seconde noce était veuve d'un officier-général dont elle avait deux filles. Aucune de ces circonstances, comme on peut le croire, n'avaient été énoncées dans la pétition, mais quand elles vinrent à la connaissance de l'empereur, il ne retira pas la pension dont le brevet n'était pas encore expédié, mais il en changea la destination. Il la donna à la première femme du général Dupont-Derval, et la rendit reversible sur la tête de sa fille, qui cependant était assez riche pour s'en passer, tandis que l'autre madame Dupont-Derval en avait réellement besoin. Cependant, comme on est toujours empressé de porter les bonnes nouvelles, je n'avais point perdu de temps pour faire connaître à ma solliciteuse la décision favorable de l'empereur. Je la vis revenir quand elle eut appris ce qui s'était passé, ce que moi-même

j'ignorais entièrement, et d'après ce qu'elle me dit je me figurai qu'elle était victime d'un mal entendu. Dans cette croyance, je me permis d'en parler de nouveau à Sa Majesté. Qu'on juge de mon étonnement, quand l'empereur daigna me raconter lui-même toute cette affaire. Puis il ajouta : << Mon pauvre enfant, vous vous êtes laissé prendre comme un nigaud. J'ai promis la pension et je la donne à la femme du général Derval, c'est-à-dire, à sa véritable femme, à la mère de sa fille. » L'empereur ne se fâcha pas du tout contre moi. J'ai su que les réclamations n'en demeurèrent pas là, sans, comme on peut le penser, que j'aie continué de m'en mêler; mais les événemens suivant leur cours jusqu'à l'abdication de Sa Majesté, les choses restèrent comme elles avaient été réglées.

CHAPITRE XX.

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Efforts des alliés pour séparer la France de l'empereur. — Vérité des paroles de Sa Majesté prouvée par les événemens. →→ Copies de la déclaration de Francfort circulant dans Paris. -Pièce de comparaison avec le discours de l'empereur. La mauvaise foi des étrangers reconnue par M. de Bourrienne. Réflexion sur un passage de ses Mémoires.· M. de Bourrienne en surveillance. - M. le duc de Rovigo son défenseur. But des ennemis atteint en partie. M. le comte Régnault de Saint-Jean d'Angély au corps législatif. -Commission du corps-législatif. Mot de l'empereur et les cinq avocats. Lettre de l'empereur au duc de Massa. Réunion de deux commissions chez le prince archi-chancelier. Conduite réservée du sénat. Visites fréquentes de M. le duc de Rovigo à l'empereur. — La vé– rité dite par ce ministre à Sa Majesté. - Crainte d'augmenter le nombre des personnes compromises. — Anecdote authentique et inconnue. Un employé du trésor enthousiaste de l'empereur. Visite forcée au ministre de la police générale. — Le ministre et l'employé. - Dialogue. - L'enthou siaste menacé de la prison. Sages explications du ministre. Travaux des deux commissions. · Adresse du sénat bien accueillie. Réponse remarquable de Sa Majesté.

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Promesse plus difficile à faire qu'à tenir. — Élévation du cours des rentes. Sage jugement sur la conduite du corps législatif. Le rapport de la commission. Vive interruption et réplique. L'empereur soucieux et se promenant à grands pas. - Décision prise et blâmée. Saisie du · Clôture violente de la salle des rapport et de l'adresse. séances. Les députés aux Tuileries. — Vif témoignage du mécontentement de l'empereur. L'adresse incendiaire. Correspondance avec l'Angleterre et l'avocat Desèze. L'archi-chancelier protecteur de M. Desèze.

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Calme de l'empereur. Mauvais effet. Tristes présages et fin de l'année 1813.

Ce n'était pas seulement avec des armes que les ennemis de la France s'efforçaient, à la fin de 1813, de renverser la puissance de l'empereur. Malgré nos défaites, le nom de Sa Majesté inspirait encore une salutaire terreur; et il paraît que tout nombreux qu'ils étaient, les étrangers désespéraient de la victoire tant qu'il existerait un accord commun entre les Français et l'empereur.On a vu tout à l'heure avec quel langage il s'exprima en présence des grands corps réunis de l'état, et les événemens ont prouyé si Sa Majesté avait tu la vérité aux représentans de la nation sur l'état de la France. A ce discours que l'histoire a recueilli, qu'il me soit permis d'opposer

ici une autre pièce de la même époque. C'est la fameuse déclaration de Francfort, dont les ennemis de l'empereur faisaient circuler des copies dans Paris ; et je n'oserais parier qu'aucune personne de sa cour ne vint faire son service auprès de lui en ayant une dans sa poche. S'il restait encore des doutes pour savoir où était alors la bonne foi, la lecture de ce qui suit suffirait pour les dissiper, car il ne s'agit pas ici de considérations politiques, mais seulement de comparer des promesses solennelles aux actions qui les ont suivies.

« Le gouvernement français vient d'arrêter une nouvelle levée de trois cent mille conscrits; les motifs du sénatus-consulte renferment une provocation aux puissances alliées. Elles se trouvent appelées de nouveau à promulguer à la face du monde les vues qui les guident dans la présente guerre, les principes qui sont la base de leur conduite, leurs vœux et leurs déterminations. Les puissances alliées ne font point la guerre à la France mais à cette prépondérance hautement annoncée, à cette prépondérance que, pour le malheur de l'Europe et de la France, l'empereur Napoléon a trop long-temps exercée hors des limites de son empire.

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