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nouvelle remct la joie au cœur de tous; chacun s'aborde avec empressement; il semble qu'on ait retrouvé un frère; on se redit le courage héroïque qu'il a déployé, les talens dont il fit preuve en `sauvant sa troupe à travers les glaces, les ravins, et les ennemis. Il est vrai de dire, à l'immortelle gloire du maréchal Ney, que selon l'avis que j'ai entendu émettre à nos plus illustres guerriers, sa défense est un fait d'armes dont l'antiquité n'offre pas d'exemple. Le cœur de nos soldats palpita d'enthousiasme ; et ce jour on retrouva les émotions des plus beaux jours de victoire! Ney et sa division ont gagné l'immortalité à ce prodigieux effort de vaillance et d'énergie. Tant mieux pour le peu de survivans de cette poignée de braves qui peuvent lire les grandes choses qu'ils ont faites, dans ces annales dictées par eux. Sa Majesté avait dit plusieurs fois : « Je donnerais tout l'argent que j'ai dans les caves des Tuileries pour que mon brave Ney fût à mes côtés. »

Ce fut le prince Eugène qui eut l'honneur d'aller à la rencontre du maréchal Ney avec un corps de quatre mille braves; le maréchal Mortier lui avait disputé cette faveur, car entre ces hommes illustres il n'y eut jamais que d'aussi nobles rivalités. Le danger était immense; le canon du prince Eugène fut un signal compris du maréchal,

qui y fit répondre par des feux de peloton. Les deux corps se rencontrèrent, et ne s'étaient pas encore joints que le maréchal Ney et le prince Eugène étaient dans les bras l'un de l'autre; on dit que ce dernier pleurait de joie. De pareils traits font paraître cet horrible tableau un peu moins rembruni.

Jusqu'à la Bérésina, notre marche ne fut qu'une suite de petits combats et de grandes privations.

L'empereur passa une nuit à Caniwki, dans une cabane de bois où il n'y avait que deux chambres; celle du fond fut choisie pour lui, dans l'autre tout le service coucha pêle-mêle; j'étais plus heureux, puisque je couchais dans celle de Sa Majesté; mais plusieurs fois pendant la nuit je fus obligé, par mon service, de passer dans cette chambre, et alors il me fallut enjamber les dormeurs excédés de fatigue; quoique je prisse grande attention à ne pas les blesser, ils étaient tellement serrés qu'il m'était impossible de ne pas poser le pied sur des jambes ou sur

des bras.

Dans la retraite de Moscou, l'empereur marchait à pied, enveloppé de sa pelisse, et la tête couverte d'un bonnet russe qui nouait sous le menton; je marchais souvent auprès du brave maréchal Lefebvre qui avait beaucoup d'affection

pour moi; il me disait dans son français allemand, en me parlant de l'empereur : « Il est entouré d'un tas de b.... qui ne lui disent pas la vérité; il ne distingue pas assez ses bons de ses mauvais serviteurs. Comment sortira-t-il de là, ce pauvre empereur que j'aime? je suis toujours en crainte de ses jours; s'il ne fallait, pour le sauver, que mon sang, je le répandrais goutte à goutte; mais cela n'y changerait rien, et peut-être aurat-il encore besoin de moi. >>

CHAPITRE VII.

Passage de la Bérésina. La délibération.-Les aigles brûlées.

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tor.

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-Les Russes n'en ont la cendre. que -L'empereur prête ses chevaux pour les atteler aux pièces d'artillerie. Les officiers simples canonniers. — Les généraux Grouchy et Sébastiani. Grands cris près de Borizof. Le maréchal VicLes deux corps d'armée. La confusion. - Voracité des soldats de l'armée de retraite. L'officier se dépouillant de son uniforme pour le donner à un pauvre soldat. Inquiétude générale. Le pont. - Crédulité de l'armée.Conjectures sinistres. Courage des pontonniers.

çons.
fonde douleur.

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Les gla

Sa pro

L'empereur dans une mauvaise bicoque. Il verse de grosses larmes. On conseille à Sa Majesté de songer à sauver sa personne. L'ennemi abandonne ses positions. L'empereur transporté de joie. Les radeaux.-M. Jacqueminot. Le comte Predziecski. Le poitrail des chevaux entamé par les glaçons. L'empereur met la main aux attelages. ➡ Le général Partonneaux. Le pont se brise. Les canons passent sur des milliers de corps écrasés. Les chevaux tués à coups de baïonnettes. Horrible spectacle. leurs enfans au dessus de l'eau. ment. Le petit orphelin.

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Les femmes élevant Beaux traits de dévoueLes officiers s'attellent à des

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traîneaux.

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pereur. Les prisonniers russes.

La cabane où couche l'em

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Ils périssent tous de fatigue et de faim. Arrivée à Malodeczno.- Entretiens confidentiels entre l'empereur et M. de Caulaincourt. - Vingtneuvième bulletin. L'empereur et le maréchal Davoust.— Projet de départ de l'empereur connu de l'armée. - Son agitation au sortir du conseil. - L'empereur me parle de son projet. Il ne veut pas que je parte sur le siége de sa voiture. Impression que fait sur l'armée la nouvelle du départ de Sa Majesté. Les oiseaux raidis par la gelée. — Le sommeil qui donne la mort. — La poudre des cartouches Le jeune La pouriel. Arrivée à Wilna. Le prince d'Aremberg

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servant à saler les morceaux de cheval rôti.

demi-mort de froid. Les voitures brûlées.

La voiture du trésor est pillée.

L'alerte.

Ce fut un jour de solennité effrayante que celui qui précéda le passage de la Bérésina. L'empereur paraissait avoir pris son parti avec la résolution froide d'un homme qui tente un acte de désespoir; cependant on tint conseil. Il fut résolu que l'armée se dépouillerait de tous les fardeaux inutiles qui pouvaient entraver sa marche; jamais il n'y eut plus d'union dans les avis; jamais délibération ne fut plus calme; c'était le calme de gens qui s'en remettent une dernière fois à la

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