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Le prince de Neufchâtel et le duc de Vicence arrivèrent sur ces entrefaites.

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Eh bien, Messieurs, vous entendez ce que dit Belliard, Allons! Je veux aller à Paris? Partons; Caulaincourt, faites avancer ma voiture. >>

Pendant ce colloque, on avait fait quelques centaines de pas. Le général Belliard représenta à Napoléon qu'il ne pouvait pas aller plus loin, qu'il n'y avait plus de troupes à Paris.

((

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C'est égal, dit-il, j'y trouverai la garde nationale. L'armée me rejoindra demain ou après-demain, et je rétablirai les affaires.

«Mais je répète à Votre Majesté qu'elle ne peut aller à Paris. La garde nationale garde les barrières, et quoique les alliés ne doivent y entrer qu'à sept heures, il serait possible qu'ils eussent passé outre et que Votre Majesté rencontrât aux portes ou sur les boulevards des postes russes ou prussiens.

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N'importe, je veux y aller. Ma voiture. Suivez-moi avec votre cavalerie.

((- Mais, Sire, Votre Majesté s'expose à se faire prendre et à faire saccager Paris. Plus de 120.000 hommes occupent les hauteurs environnantes. D'ailleurs, j'en suis sorti en vertu d'une convention et ne peux y rentrer.

((- Quelle est cette convention? Qui l'a conclue?

((

« Je ne la connais pas, Sire; seulement le duc de Trévise m'a prévenu qu'elle existait et que je devais me rendre à Fontainebleau.

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Que fait Joseph? Où est le ministre de la Guerre ? Je l'ignore, Sire. Nous n'avons reçu aucun ordre ni de l'un ni de l'autre de toute la journée. Chaque maréchal agissait pour son compte. On ne les a pas vus à l'armée, du moins, au corps du duc de Trévise.

((

Allons, il faut partir pour Paris. Partons! Où je ne

suis pas, on ne fait que des sottises. »

Le prince de Neufchâtel et Caulaincourt se réunirent au comte Belliard pour dissuader l'Empereur. Il ne cessait de demander sa voiture. Le duc de Vicence l'annonçait, mais elle n'arrivait pas. Napoléon, dans son dépit, marchait à pas inégaux et précipités, questionnant de nouveau sur les points déjà éclaircis.

((

« Il fallait, Messieurs, tenir plus longtemps et tàcher d'attendre l'armée. Il fallait soulever Paris qui ne doit pas aimer les Russes, mettre en action la garde nationale qui est bonne et lui confier la défense des fortifications que le ministre a dû faire élever et hérisser d'artillerie. Elle les aurait sûrement bien gardées, tandis que les troupes de lignes auraient combattu en avant sur les hauteurs et dans la plaine.

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Je vous répète, Sire, qu'on a fait aujourd'hui plus qu'il n'était possible. L'armée entière, forte de 15 à 18.000 hommes, a résisté jusqu'à 4 heures et à plus de 100.000 hommes, espérant que Votre Majesté allait venir de moment en moment. Le bruit s'en était répandu dans Paris, et ayant percé jusqu'à l'armée, elle a redoublé d'ardeur et forcé les ennemis à tourner la ville par la plaine de Neuilly et le bois de Boulogne. La garde nationale s'est aussi bien montrée, soit en tirailleurs, soit en défendant les méchants tambours qui couvraient les barrières.

<< C'est étonnant! Combien aviez-vous de cavalerie de votre côté?

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Quinze cents chevaux, Sire, y compris la brigade

d'Autencourt.

(( Mais Montmartre fortifié et garni de gros canons devait faire une vigoureuse résistance?

((

Assurément, Sire. L'ennemi l'a cru comme Votre Majesté et s'en est approché avec beaucoup de circonspec

tion. Il n'en était cependant rien. Il n'y avait que 7 pièces de 6.

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Qu'a-t-on fait de mon artillerie? Je devais avoir plus de 200 pièces à Paris et des munitions pour les alimenter un mois.

((

-La vérité, Sire, est que nous n'avions à opposer à l'ennemi que des pièces de campagne, dont encore, à deux heures, il fallut ralentir l'action faute de munitions.

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Allons, je vois que tout le monde a perdu la tète. Voilà pourtant ce que c'est que d'employer des hommes qui n'ont ni sens commun, ni énergie. Eh bien! Joseph s'imagine cependant être en état de conduire une armée, et le routinier Clarke a tout l'orgueil d'un bon ministre. Mais l'un n'est qu'un c.....on, et l'autre, un J... F..... ou un traitre, car je commence à croire ce que m'en disait Sa

vary. »

La conversation continua sur ce ton lorsqu'on rencontra non loin de la Cour de France une colonne d'infanterie. Quelles sont ces troupes, demanda l'Empereur? C'est le corps du duc de Trévise, répondit le général

་་

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Napoléon retourne à Fontainebleau et concentre son armée à Essonnes. Alors, sur les représentations réitérées et pressantes du prince de Neufchâtel, du duc de Vicence et du comte Belliard, Napoléon se décida à retourner à la Courde France, où il soupa, et il repartit ensuite pour Fontainebleau, après avoir ordonné que toutes les troupes prissent position aux environs d'Essonnes. En effet, à fur et à mesure qu'elles arrivaient de Paris, elles furent placées sur les hauteurs de Longjumeau, derrière la petite rivière d'Essonnes.

Ainsi le 19/31 mars, les débris de cette armée, dont les efforts n'avaient pu sauver la capitale, se pressèrent encore autour de lui. En un jour ou deux, tout pouvait être réuni. Paris pouvait être reconquis. Des ressources immenses restaient encore pour prolonger la guerre en se jetant à fortes journées sur les armées du Midi, tandis que les provinces de l'Est se seraient insurgées sur les derrières des alliés.

Un prince d'un caractère inflexible aurait pu, sinon sauver son trône, du moins sortir avec gloire de cette lutte. Napoléon, qui accusa son frère de manquer d'énergie, ne montra pas plus de fermeté que lui dans une circonstance si décisive. Il perdit en tentatives et en négociations un temps qu'il aurait dû employer à transporter le théâtre de la guerre dans de nouvelles contrées, loin de sa capitale.

Napoléon détacha le duc de Vicence auprès de l'empereur Alexandre avec des propositions qu'il croyait propres à le désarmer. Mais, ainsi que je l'ai dit déjà, les souverains. alliés s'étaient engagés à ne plus traiter avec lui.

Immédiatement après son retour à Fontainebleau, Napoléon donna ses premiers soins à la réorganisation de l'armée. La matinée du lendemain fut employée à la discussion d'un nouveau plan de campagne.

Napoléon ne se montra qu'à la parade de la garde montante. Il fut salué par des acclamations. Sa figure était impassible, comme dans ses jours de gloire et de prospérité.

Le duc de Vicence revint de Paris dans l'après-midi. Rien ne transpira de sa mission; mais le mystère même en décela le peu de succès.

Revue de la Garde impériale. Mouvement sur Essonnes. Le 3 avril, l'armée devait manoeuvrer sur Paris, d'après le plan adopté. Il y eut, ce jour, une revue de toutes les troupes de la Garde dans la cour du Cheval-Blanc; Napoléon, après

avoir parcouru tous les rangs, se plaça au milieu de la cour et donna l'ordre d'y réunir les plus anciens officiers, sousofficiers et soldats; on forma un cercle autour de lui, il fit commander: Attention! par un ban et leur parla en ces termes :

« Soldats! l'ennemi nous a dérobé sa marche et s'est rendu maître de Paris. Il faut l'en chasser. D'indignes Français, des émigrés auxquels nous avions pardonné, ont arboré la cocarde blanche et se sont joints à nos ennemis. Les lâches! Ils recevront la peine de ce nouvel attentat.

«Jurons de vaincre ou de mourir et de faire respecter cette cocarde tricolore qui, depuis vingt ans, nous trouva dans le chemin de la gloire et de l'honneur. >>

Les officiers et les troupes prononcèrent à l'envi ce serment.

Après cette courte harangue, l'infanterie défila au pas accéléré et fit place à la cavalerie, qui salua l'Empereur par les acclamations d'usage aux jours de péril, de cérémonie ou de bataille.

Vers six heures, toute la garde se mit en mouvement sur Essonnes. Obligée de filer par la route qui traverse la forêt de Fontainebleau, sa marche se prolongea fort avant dans la nuit, qu'éclairait un beau clair de lune. Un profond silence régnait dans les colonnes. On n'entendait qu'un cliquetis de sabres et de bayonnettes. D'autres réflexions préoccupaient ces soldats échappés à tant de batailles. L'esprit frappé du serment qu'ils avaient prêté le matin et des souvenirs de vingt ans de victoires, ils s'apprêtaient dans un recueillement héroïque à terminer leur carrière devant les murs ou sous les décombres de Paris.

Mesures prises par les alliés. Mouvements de leurs troupes. De notre côté, malgré la révolution qui s'était opérée à

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