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Mon frère Georges, qui m'avait accompagné pendant toute cette expédition, rit beaucoup de la manière dont je recevais les personnes qui venaient me voir; car, au lieu de les régaler et de les bien soigner, je les exposais aux boulets. Mon frère se décida à faire faux bond à son général et à rester quelque temps avec moi, ce qui me fit grand plaisir.

Ordres de Winzingerode. — J'eus, en attendant, l'ordre du général Winzingerode de prendre le commandement de toutes les troupes et de l'artillerie qui se trouvaient réunies le long de la Saale, et il me réitéra l'ordre de bien défendre Bernburg et Calbe contre la garnison de Magdebourg, qui paraissait toujours avoir envie de faire une diversion, en faveur de la grande armée de Napoléon, qui se concentrait à Leipzig, après avoir échoué dans la pointe qu'elle avait faite sur Berlin.

Le quartier-général de Winzingerode était à Radegast, le 7 octobre, nouveau style.

Le 11 octobre, le général Hirschfeld eut ordre de m'envoyer encore 2 bataillons, 2 escadrons et 2 pièces de canon, pour être encore mieux en état de défendre avec plus de vigueur le passage de la Saale1. Je pris toutes mes mesures et je pris mes dispositions en conséquence.

Plus tard, j'eus ordre du prince royal2 de ne plus m'oc

1. Ordre du jour du prince royal de Suède :

Au général de Bülow.

Quartier-général de Zörbig, 10 octobre 1813.

<< Son Altesse Royale vous ordonne d'envoyer au reçu du présent ordre 2 bataillons, 2 escadrons et 2 pièces de canon à Bernburg. Ils y seront sous les ordres du colonel de Löwenstern. >>

2. Ordre du jour du prince royal de Suède :

Au maréchal Stedingk.

Rothenburg, 12 octobre 1813.

<< Son Altesse Royale a reçu le rapport de Votre Excellence concer

cuper de ce qui se passerait du côté de Dessau et de Köthen, mais de porter toute mon attention du côté de Magdebourg. Cette mesure me déchargea d'une lourde besogne; car, jusqu'à présent, j'avais été forcé de faire face de tous côtés, et de m'éclairer en cercle.

Le quartier-général du prince royal fut établi, le 15 octobre, à Köthen. Il donna un ordre du jour pour se préparer à la bataille de Leipzig. Il finit par dire dans cet ordre « que le général Hirschfeld et le colonel de Löwenstern sont tenus à défendre leurs postes à outrance, le premier à Aken, le second à Rosslau, pour assurer le mouvement offensif de l'armée du Nord ».

Bataille de Leipzig.

Bal donné après la bataille à Bernburg. Les 16, 17, 18 et 19, on se battit à Leipzig. La garnison de Magdebourg fit une tentative pour me déloger. Mais je la reçus si bien qu'elle s'en retourna avec la perte de quelques prisonniers. Je la tins en respect pendant toute la durée de la bataille de Leipzig, ce qui me

nant la position de l'armée suédoise à Bernburg et dans les environs. «Le prince ordonne que vous ne dispersiez pas trop votre cavalerie, attendu que vous devez vous tenir prêt à marcher.

<< Vous engagerez le colonel de Löwenstern à faire seul la besogne. Les troupes que le général Puttlitz a laissées à Bernburg doivent y rester jusqu'à nouvel ordre, même après votre départ.

« Le colonel de Löwenstern, au lieu d'envoyer des partis sur Dessau, lés enverra du côté de Magdebourg. >>

Ordre du jour du prince royal de Suède :

Au maréchal Stedingk.

Sylbitz, 18 octobre 1813.

<< Le prince royal ordonne que la cavalerie suédoise se porte demain, à six heures et demie du matin, en avant de la position occupée par l'armée suédoise.

« Le prince royal ordonne que 2 pièces de canon, 1 bataillon de la brigade Boyé et le reste du bataillon d'Engelbrekton soient envoyés surle-champ à Bernburg pour, conjointement avec les troupes prussiennes et russes, y être mis sous les ordres du colonel de Löwenstern. >>

valut des éloges de la part du prince royal de Suède, qui voyant ses derrières bien assurés, put opérer avec d'autant plus de succès avec toutes ses forces disponibles et cueillir sa part des lauriers que les journées de Leipzig avaient réservées aux armées alliées.

Cette bataille est trop mémorable, ses relations trop connues pour que j'en donne les détails. Napoléon fut complètement défait et forcé à une prompte retraite.

Après la bataille, je donnai à la ville de Bernburg un bal qui me coûta 200 louis d'or et auquel j'avais invité les habitants de la ville et des environs.

Plusieurs des dames invitées habitaient des châteaux qui étaient occupés par les Français. Elles trouvèrent moyen d'arriver, et le général français, qui avait appris le but de leur voyage, me fit dire par ces dames qu'il savait que je donnais un bal en réjouissance de la victoire que nous venions de remporter et qu'il se donnerait le plaisir d'être de mes convives.

Je compris parfaitement ce qu'il voulait me faire entendre; mais, ne voulant pas faire attention à ses menaces, j'allai toujours mon train. Comme la salle du bal était à l'extrémité de la ville et assez exposée, je doublai les gardes avancées. Je tins un bataillon sous les armes pendant la durée du bal, et je fis braquer deux pièces chargées à mitraille, à côté de la maison où le bal se donnait, pour être en état de bien recevoir mes convives, si en effet l'envie leur prenait d'être des nôtres.

Comme la musique pour le bal n'était pas complète et que celui qui en était chargé me dit que, dans un village occupé par l'ennemi, il y avait deux clarinettes et un hautbois, je détachai 200 chevaux pour déloger l'ennemi et je fis venir les trois musiciens qui, réunis à ceux que j'avais trouvés à Bernburg, me firent une musique tolérable.

Klitzing, que j'avais chargé de cette commission, s'en était acquitté à merveille, et cette farce n'eut heureusement rien de fâcheux, et nous en rimes tout à notre aise.

Ce bal devait avoir l'air, par les éléments qui le formaient, d'un plaisir bien forcé. Mais tout au contraire, on s'amusa parfaitement, et la joie de se voir délivré du joug des Français avait pénétré tout le monde d'un sentiment de bonheur, qui fit que les danses se prolongèrent jusqu'au lendemain matin.

Les officiers suédois, presque tous d'excellents danseurs, et les officiers prussiens contribuèrent beaucoup, à rendre ce bal très animé, et mon frère Georges, qui était un danseur déterminé sut par l'exemple qu'il donna les rendre tous infatigables.

Un bon souper et des vins à profusion rendirent cette fête agréable à tout le monde.

Rescrit du prince royal de Suède. C'est à ce bal que je reçus du prince royal de Suède la décoration de l'Ordre du Glaive avec la lettre ci-jointe :

« MONSIEUR LE COLONEL DE LÖWENSTERN,

«Le zèle et la bravoure que vous avez déployés en toute occasion m'ont porté à vous nommer, au nom et de la part du roi, Chevalier de son Ordre militaire de l'Épée, en me réservant de vous envoyer au plus tôt la décoration de ce grade.

«En vous conférant, Monsieur le colonel de Löwenstern, cette marque de ma bienveillance particulière, je prie Dieu qu'il vous ait dans sa sainte et digne garde.

« CHARLES-JEAN.

« Quartier-général de Dessau, 4 octobre 1813. »

A peine les officiers suédois eurent-ils connaissance de cette lettre qu'ils m'entourèrent pour me féliciter et portèrent ma santé avec du vin de Champagne et des hourrahs.

Le général français n'arriva point comme il avait promis; et il fit bien; car je l'aurais reçu selon ses désirs. Je m'y étais préparé.

C'est ainsi que je tâchais de rendre la vie du bivouac aussi agréable que possible et d'amalgamer les fatigues de la guerre avec les jouissances de la société !

Marche sur Eisleben. Quelques jours après, j'eus ordre de quitter Bernburg, point cessant d'être important après la bataille de Leipzig, et de me diriger sur Eisleben pour y attendre de nouveaux ordres. Le comte Woronzoff se dirigeait sur Cassel.

Après avoir réuni tout mon monde et donné des ordres aux Suédois de se réunir au corps du maréchal Stedingk et aux Prussiens à celui du général Hirschfeld, je fis mes adieux aux braves habitants de Bernburg et je me dirigeai par Alsleben et Gerbstaedt sur Eisleben.

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Klitzing. Lettre du roi de Prusse. A moitié chemin d'Eisleben, je m'arrêtai dans un château qui appartenait à un beau-frère du lieutenant de Klitzing, qui était attaché à mon état-major. Il avait prévenu son beau-frère de mon arrivée. Celui-ci avait fait des frais pour me recevoir, et nous nous restaurâmes avec d'excellent vin de Bourgogne.

Le lieutenant de Klitzing était un excellent officier, rempli de zèle et d'intelligence. Lorsque j'eus l'ordre de renvoyer les Prussiens au général Hirschfeld, il me redemanda aussi M. de Klitzing. Ne voulant pas le perdre et me priver de ses services qui, en Allemagne surtout, m'étaient essentiels par

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