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avec un ou deux corps une pointe jusqu'à la Vistule, débloquer les places et puis attendre les événements.

La politique lui fit faire une faute énorme. La Prusse et l'Autriche en profitèrent, et l'histoire aura de la peine à croire qu'après deux batailles perdues, celle de Lützen et celle de Bautzen, nous fumes plus forts que nous ne l'avions jamais été.

Les négociations s'entamèrent. Un congrès devait avoir lieu à Prague et ne se réunit que pour la forme. En attendant, les marches et contre-marches furent sans fin. La Prusse se leva en masse. L'Autriche était sous les armes.

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L'entrevue de Trachenberg. Une entrevue eut lieu entre l'empereur de Russie, le roi de Prusse et Bernadotte, prince royal de Suède, à Trachenberg. Ce dernier eut le commandement d'une armée composée des corps de Winzingerode et de Woronzoff, de ceux de Bülow et de Tauenzien et d'un corps de 25.000 Suédois sous les ordres du maréchal Stedingk. Elle fut nommée l'armée du Nord de l'Allemagne.

Le prince de Schwarzenberg eut le commandement de la grande armée et eut sous ses ordres tous les corps autrichiens, les corps du général Barclay et du comte de Wittgenstein, les gardes russes et prussiennes et le corps de Kleist.

Le général Blücher commandait l'armée de Silésie, composée des corps de Sacken et de Langeron et de celui d'York.

Le grand quartier-général était à Reichenbach; le général Barclay commandait en chef toute l'armée russe.

Conséquences de l'armistice pour Napoléon. - L'armistice avait eu des résultats étonnants pour la coalition.

Napoléon avait dù croire l'accorder pour improviser une

paix comme celle qu'il avait accordée à Tilsitt et à Vienne et après la bataille de Marengo. Tous ses calculs se trouvèrent erronés.

L'Autriche avait offert sa médiation. C'est elle qui avait proposé et demandé un armistice. Elle avait bien calculé qu'il lui fallait ce laps de temps pour terminer ses armements et être en situation de déclarer la guerre à Napoléon, dans le cas qu'il n'accepterait pas la paix qui lui était offerte.

La Russie trouvait aussi son compte dans l'armistice parce qu'elle gagnait du temps pour faire arriver ses renforts, et la Prusse conservait d'abord son territoire qu'elle aurait été forcée d'abandonner, et par là elle restait maitresse de toutes ses ressources.

Les trois puissances étaient décidées à renforcer et à organiser leurs armées au-delà de ce qu'on avait fait et vu jusqu'à présent, connaissant par l'expérience que, dans les circonstances actuelles, il fallait nécessairement développer plus que des forces ordinaires.

Les armées russe et prussienne n'osaient pas se flatter que, telles qu'elles étaient avant l'armistice, elles pouvaient espérer être victorieuses. L'armée russe aurait apparemment passé sur la rive droite de l'Oder. Qu'aurait fait alors l'armée prussienne? Il est difficile de croire qu'elle se serait séparée de l'armée russe! Et une bataille perdue sur la Vistule aurait eu des suites incalculables.

Tel était l'état des choses avant l'armistice. Il fut heureusement conclu, et tout changea de face.

L'Autriche et la Suède se rangèrent de notre côté et nous eûmes dans la balance 225.000 hommes de plus.

Nos réserves et nos renforts, qui eurent le temps d'arriver, doublèrent nos forces, et la Prusse fit des efforts dont l'histoire n'offre presque pas d'exemples.

L'armistice fut done, sous tous les rapports, très avanta

geux aux alliés, un grand bonheur pour la Prusse et sauva l'Europe.

On pourrait se demander qu'est-ce qui a pu décider Napoléon à conclure un armistice aussi désavantageux pour lui et dans un moment où toutes les chances étaient en sa faveur. Napoléon avait passé par l'école du malheur. Il avait commencé la campagne avec un faible espoir de réussir. Cependant il avait espéré terminer la guerre par une victoire décisive. Il s'était trompé, quoique deux fois victorieux. Ses victoires n'avaient eu aucun ou presque pas de résultats, et cela parce qu'il manquait presque totalement de cavalerie.

Les Prussiens se rapprochèrent de leurs ressources de même que les Russes, et les levées en masse lui en imposèrent, et ce qui mit le comble à sa perplexité, ce fut la marche de flanc de Liegnitz à Schweidnitz. Il se rappela celle qui avait préparé sa perte, en 1812.

Il savait à n'en pas douter que l'Autriche armait, et, en combinant cette marche de Schweidnitz avec les armements de l'Autriche, il crut découvrir un plan concerté.

Il pensa alors devoir agir avec précaution et s'arrêta sur l'Elbe, d'abord pour couvrir ses conquêtes, ensuite pour aguerrir ses soldats et faire agir la diplomatie.

Les plénipotentiaires ou commissaires des armées belligérantes s'étaient réunis à Neumarkt. C'étaient pour la Prusse, le lieutenant général Kleist et le lieutenant-colonel Valentini. Pour la Russie, le lieutenant général et aide de camp général de l'empereur, comte Schouvaloff et le colonel Michel Orloff. Pour la France, le général de division comte Dumoustier et l'aide de camp de Napoléon, comte Flahault.

On crut un moment à la paix. Personne chez nous ne la désirait.

Toutes nos espérances en commençant la campagne de 1813

avaient été détruites par la perte des batailles de Lützen et de Bautzen.

Beaucoup de sang avait été répandu. Des lauriers avaient été cueillis; mais tous ces efforts avaient été infructueux et, quoique Napoléon n'eût pas remporté des victoires décisives, il avançait, et il parut un moment que son étoile recommençait à l'éclairer et à briller.

CINQUIÈME PARTIE

CAMPAGNE D'AUTOMNE DE 1813

Le plan de campagne. On se prépare à la reprise des hostilités. L'armistice déclinait vers sa fin. Les plénipotentiaires français n'étaient pas encore arrivés à Prague. Les mouvements de l'armée commençaient. Le corps du baron de Winzingerode, dans lequel je servais, eut ordre de marcher sur Berlin. C'est là que je rencontrai l'armée du Nord. C'était à Trachenberg que le plan de campagne avait été tracé par l'empereur de Russie, le roi de Prusse, Bernadotte et les envoyés d'Autriche et de l'Angleterre.

Il fut décidé que le prince royal de Suède détacherait un corps de 15 à 20.000 hommes contre le maréchal Davout et qu'il réunirait environ 70.000 hommes, Russes, Prussiens et Suédois, aux environs de Berlin; qu'il devrait, aussitôt après l'armistice, avancer sur l'Elbe et la passer entre Torgau et Magdebourg et se diriger droit sur Leipzig.

Bernadotte. Le fait était curieux de voir un ancien maréchal de France, camarade de guerre de Napoléon, se placer en ennemi vis-à-vis de lui.

C'étaient des motifs bien puissants qui engagèrent Bernadotte dans cette lutte formidable. Il avait une agression

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