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ment, un choix, qui sans satisfaire une oisive curiosité, ou le goût du scandale et de l'intrigue, ne laissât pourtant rien à désirer sur la situation réelle de l'armée françoise en Egypte, sur ses vues et ses succès, son état de misère et de mécontentement. On a donc supprimé ce qui ne rempliroit pas un de ces objets; `toutes les lettres particulières, à moins qu'elles n'eussent un rapport direct avec l'objet qu'on se proposoit, ont été écartées; et même celles de Buonaparte, si indécenment défigurées et commentées par les nobles champions du parti de l'opposition (*), sans être absolument particulières,

(*) Les paragraphes suivans sont extraits du Morning Chronicle. Nous aurions pu multiplier les citations; mais nous croyons celles qu'on va lire suffisantes pour convaincre le lecteur de la « délicatesse exquise» de ce journal. Après les avoir lues, il sera tenté de féliciter les dames françoises de ce que les lettres de leurs amans et de leurs fils ont eu le bonheur d'échapper à de si délicates, de si bonorables mains.

«La publication des lettres nfidentielles de Buonapart et de son armée à leurs amis en France, qui ont été i terceptées, n'honore pas beaucoup la générosité du mini tère. Un pareil commérage est au-dessous de la digni d'une nation. Une de ces lettres est de Buonaparte à so

ont été mises de côté, comme ne contenant rien d'essentiellement intéressant pour le public. Nous nous flattons de n'avoir rien admis qui puisse faire rougir nos lecteurs pour nous et pour euxmêmes.

Nous pourrions terminer ici cette Introduction; mais comme l'expédition d'Egypte a éveillé la curiosité, et est devenue l'objet de l'admiration, de l'ap

frère, et contient des plaintes sur la coquetterie de sa femme; une autre du jeune Beauharnois, exprime son espoir que sa chère maman n'est pas aussi coquette qu'on s'est plu à la peindre. Tels sont les précieux secrets qui, pour nourrir des divisions de familles, vont être publiés en françois et en anglois. « Nov. 24.

« Après que le public a été si long-temps agité d'anxiétés et de spéculations sur Buonaparte et son expédition, on va le satisfaire enfin en le gratifiant du scandale et des intrigues qui remplissent les lettres particulières du général et de ses officiers. >> Nov. 25.

«La correspondance privée des officiers de Buonaparte est un échantillon curieux de l'instruction donnée au public. Elle nous rappelle le foible et impolitique ministère qui persécuta Wilkes. Quand leur fonds de malice fut entièrement épuisé, ils objectèrent qu'il avoit écrit un poëme indécent qui ne touchoit pas plus la question du générai Warrants, que les moeurs de Madame Buonaparte ne concernent l'expédition de son mari en Egypte.» Nov. 25.

plaudissement, de l'erreur et de l'exagération, nous croyons rendre service à nos lecteurs en nous permettant quelques réflexions sur ce sujet.

Les François ont depuis longtemps tourné les yeux vers l'Egypte. La disposition d'esprit enthousiaste de leurs con-, suls au Levant a servi admirablement la crédulité, l'avarice et l'ambition de cette nation inquiète, en leur assurant que l'Egypte étoit le paradis de l'Orient, la clef des trésors de l'Inde, aisée à conquérir, et plus aisée encore à garder. Il n'y avoit pas un François sous l'ancien régime qui ne regardât ce rêve comme une vérité, et certainement ils n'ont rien perdu de leur ambition, de leur avarice et de leur crédulité, sous le nouveau.

Quels plans la monarchie eût-elle formés pour se mettre en possession de ce paradis? c'est ce que nous ignorons. Probablement elle ne se seroit pas flattée de réussir par la force; mais les meneurs actuels de la France, qui ont foulé aux pieds les puissances du continent, trop long-temps et avec trop d'impunité pour croire aujourd'hni nécessaire de les mé

nager, ne pouvoient craindre de résistance à leurs mesures, et n'étoient pas dans le cas d'être scrupuleux sur le choix des moyens, pour effectuer tous les projets qu'ils avoient en vue.

Cependant, quoiqu'on leur eût peint l'Egypte comme un pays riche, elle ne promettoit pas des ressources immédiates de pillage, et le projet de la conquérir seroit encore resté dans le portefeuille du citoyen Talleyrand, sans une circonstance qui fit de sa prompte adoption une mesure de nécessité.

Chacun sait que le Directoire s'est engagé depuis longtemps à faire don à l'armée d'un milliard, à la paix générale. Cet engagement sembloit oublié comme beaucoup d'autres, jusqu'à ce que la nécessité de rattacher les troupes à ses intérêts, et de les mettre ainsi en état de consommer la révolution du 18 fructidor, vint faire au triumvirat une loi de renouveler leur promesse, et de raviver les froides espérances de l'armée.

Aucune ne contribua plus au succès de cette fatale journée que l'armée d'Italie, qui, à la honte éternelle de Buona

parte, eut la faculté d'imposer silence aux conseils, et d'usurper tout le pouvoir de l'état.

Un tel service ne pouvoit être oublié. La prétention de ces soldats à une portion du milliard devint doublement valide; et, comme la guerre d'Italie étoit supposée tirer à sa fin, des milliers retournoient en France pour faire valoir leurs droits.

Là commencèrent les embarras du Directoire. Il n'avoit pas d'argent à donner; mais un tel aveu eût été trop imprudent, et l'expédition d'Egypte fut mise en avant comme un expédient admirable pour apaiser les clameurs du moment, et pourvoir au sort de quarante mille vétérans façonnés au pillage, impatiens de tout frein, trop éclairés sur leurs services pour être écartés sans bruit, et trop pressans dans leurs demandes pour être amusés par de vaines promesses.

Tel est le principe de l'expédition d'Egypte, Le pillage des chantiers et des arsenaux vénitiens avoit heureusement fourni aux- François une quantité prodigieuse de munitions navales, et

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